Plan protéines : «Le compte n'y est pas», regrette la Fop
Les producteurs d'oléoprotéagineux, réunis le 30 janvier au congrès de la Fop, ont laissé poindre leur déception vis-à-vis du plan protéines, qu'ils attendent avec impatience depuis le volontarisme affiché l'an dernier par Emmanuel Macron.
«Nous voulons un plan protéines qui soit concret, réel et ambitieux, a déclaré le président Arnaud Rousseau. Pourtant, en dépit des déclarations du président de la République et de notre action, il ne s'est rien passé depuis bientôt un an.» Une pique adressée au ministère de l'Agriculture : la Fop lui reproche de se limiter à «un premier projet sur lequel on attend toujours de discuter». «Le compte n'y est pas», juge Arnaud Rousseau. Emmanuel Macron s'était, au Sia 2019, prononcé en faveur d'«un plan protéine ambitieux» dans l'Union européenne. Quelques mois plus tard, le chef de l'État avait, en marge du G7 à Biarritz, appelé à «recréer notre souveraineté protéinique». «Ça traîne en longueur», a réagi le 30 janvier Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. En aparté, la Fop semble défaitiste sur l'accompagnement financier du plan protéines par le gouvernement, vu ses faibles marges de manoeuvre budgétaires.
Dans l'attente du Grand plan d'investissement
Une autre attente concerne le plan de filière, présenté en décembre 2017 à l'issue des États généraux de l'alimentation. Il vise à favoriser le «produire et transformer en France», développer la «durabilité de nos productions et la bioéconomie», améliorer la compétitivité depuis la production jusqu'à la distribution, pour in fine accroître de 500 000 ha les surfaces oléoprotéagineuses et atteindre 3 Mha, a rappelé Arnaud Rousseau. Ce plan de filière, là encore, «suppose un accompagnement des pouvoirs publics dans le cadre du Grand plan d'investissement. Il serait temps que l'État se prononce», a estimé le président de la Fop.
Des surfaces en baisse
Certains, comme Laurent Rosso, directeur de Terres Univia (interprofession) et Terres Inovia (institut technique), parlent d'«urgence». Les producteurs sont confrontés à des «impasses techniques», a souligné ce dernier. Résultat, certaines surfaces stagnent, voire décrochent. Une solution réside dans l'utilisation des nouvelles techniques d'amélioration des plantes, les fameuses NBT, qui permettent de réduire les délais pour sortir de nouvelles variétés là où les méthodes classiques mettent dix ans, selon lui. «Depuis deux-trois ans, nos cultures de colza et tournesol enregistrent des baisses de surfaces et de production importantes», a aussi relevé Arnaud Rousseau. Plusieurs raisons sont avancées : des conditions climatiques difficiles, mais aussi des «choix politiques qui nous privent de facteurs de production pourtant essentiels en nous retirant tout moyen de lutter contre les attaques de ravageurs et les maladies». La Fop s'inquiète notamment pour les matières actives métalaxyl-M et phosmet, qui seraient «dans le viseur» et dont la non-ré-homologation provoquerait des impasses techniques.
Avril va rémunérer des pratiques de conservation des sols
À l'occasion des Controverses de l'agriculture (événement Réussir/Agra), le 11 février, le président de la Fop et d'Avril, Arnaud Rousseau, a annoncé que son groupe va lancer prochainement un service d'achat de colza et de tournesol valorisant des pratiques culturales de conservation des sols, visant la réduction d'émissions de gaz à effets de serre (GES). Intitulée Oleoze (pour «zéro émission»), cette démarche issue de la filière biocarburants du groupe (Saipol) sera présentée avant le Salon de l'agriculture, précise-t-on chez Avril. «Nous voulons valoriser les pratiques déjà mises en oeuvre par les agriculteurs, et leur montrer que l'atteinte des objectifs de réduction des émissions est compatible avec les impératifs économiques», a indiqué Arnaud Rousseau. Cette annonce fait écho à celle du groupe Axéréal, qui avait annoncé le 17 janvier, le lancement d'une nouvelle filière qui rémunère l'agriculteur pour du «colza bas GES», permettant d'améliorer le bilan environnemental du biodiesel. Il s'agissait d'«encourager ses agriculteurs adhérents à mieux valoriser leur production en adoptant des conduites culturales optimales».