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Pleins feux sur la performance économique et l’innovation

Tout en défendant les valeurs coopératives désormais devenues modernes, Coop de France, qui a tenu son congrès à Paris, les 16 et 17 décembre, inscrit sa stratégie dans l’économie de marché, l’innovation et la performance.

© AAP

«Vous portez une utopie sans être des utopistes (…). Vous avez l’utopie de l’égalité, l’utopie de la liberté, de la solidarité. Vous avez contribué à la diffusion agricole et vous êtes des entreprises comme les autres avec un supplément d’âme. Vos valeurs ne sont pas de gauche ou de droite, urbaines ou rurales, d’hier ou d’aujourd’hui, vous êtes porteurs des valeurs de la France.» Devant les délégués de Coop de France réunis en assemblée générale, les 16 et 17 décembre, le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron n’a pas ménagé ses effets sur le modèle coopératif.
Comme Philippe Mangin, qui présidait son dernier congrès, le ministre de l’Economie est un fervent partisan de l’innovation. «Sans innovation on ne prépare pas le modèle d’agriculture de demain», observant qu’il est du rôle des pouvoirs publics de l’accompagner dans un secteur où seulement 18 % des entreprises consacrent des moyens à la recherche et développement.

Les coopératives entendues
Convaincu que le modèle coopératif est un atout pour la France, le ministre a donné son feu vert à un certain nombre de revendications de Coop de France. Ainsi, le gouvernement a donné son accord à l’extension de la mesure de suramortissement aux coopératives. La mesure a été adoptée le 17 décembre à l’Assemblée nationale dans le cadre de la discussion sur la loi de Finances.
Idem sur l’accumulation des règles contraintes et «le tombereau des paperasses» qui pèsent sur les entreprises. «Tout ce qui peut tarder à déclencher des investissements devra être fait», a promis le ministre, qui s’est engagé à prendre des ordonnances de simplification, dans le cadre de la réforme du droit environnemental qui devrait intervenir en 2016.
Quant au Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), dont les coopératives sont exclues, il se transformera en allègement des charges dont elles pourront bénéficier. Autre mesure annoncée, une réforme de la rémunération des parts sociales «pour mieux rémunérer les risques» pris par les associés coopérateurs. Invité également au congrès dans le cadre d’une table ronde sur la création de valeur dans la chaîne alimentaire, Jérôme Bédier, le directeur général délégué de Carrefour, s’est prononcé en faveur de la contractualisation.
Chez Carrefour, «on croit à la contractualisation, avec un bon cahier des charges, avec des produits agro-écologiques pour sortir des produits dont les consommateurs ont besoin». Un peu plus tard, il a clairement indiqué qu’il était contre la guerre des prix entre distributeurs. «Nous devons sortir de la névrose du prix le plus bas. Cela n’a plus de sens. Les prix sont déjà bas dans l’agroalimentaire.» En précisant que les produits identifiés coopératifs avaient leur place dans les rayons des grandes surfaces, à condition bien entendu qu’ils soient de qualité.

Leur projet pour 2020
Philippe Mangin et Pascal Viné ont présenté le projet stratégique pour les cinq prochaines années, Coop de France 2020, sur lequel l’organisation va se mobiliser. Un programme en quatre points. D’abord la performance économique en ce sens que Coop de France doit être «un syndicat d’entreprises tournées vers le marché et la compétitivité», a expliqué Pascal Viné.
Ensuite, l’agroalimentaire, un sujet d’autant plus prégnant pour les coopératives qu’elles réalisent
40 % du chiffre d’affaires de l’industrie alimentaire et possèdent une marque sur trois. Troisième levier : le lien entre le régional et le national de façon à distiller le même message en province et à Paris. Enfin, la stratégie d’influence et de communication qui a commencé par se concrétiser dans le cadre de la campagne de publicité à la télévision sur les valeurs coopératives.

Michel Prugue préside la Coop de France
Michel Prugue a été élu président de Coop de France en remplacement de Philippe Mangin, qui vient d’être élu conseiller régional dans le Grand Est. Agé de 57 ans, père de deux enfants, Michel Prugue est agriculteur dans les Landes, sur une exploitation de maïs grain et semences, de légumes de conserve et de poulets des Landes label rouge. Il est également président du groupe coopératif Maïsadour qui compte 8 000 adhérents, 6 000 salariés et possède des marques reconnues telles que Delpeyrat, Comtesse du Barry, Saint Sever ou Marie Hot. En quittant Coop de France, Philippe Mangin a reçu un hommage appuyé pour son engagement au service des coopératives.
Elu au conseil d’administration de la Confédération française de la coopération agricole en 1993, il en a pris la présidence quelques années plus tard pendant quinze ans. Arrivé dans ce qu’il a appelé «une dame endormie», il a été l’artisan de sa modernisation et de la restauration de l’image des coopératives chez les agriculteurs et dans l’opinion. C’est lui qui fut à l’origine de Coop de France, la fédération qui a remplacé la Confédération, et de la campagne de communication sur les coopératives.
Ce qui caractérise le mieux Philippe Mangin, c’est le titre d’une émission de télévision, «Des racines et des ailes». Tout en étant enraciné sur le terrain, l’homme est en mesure de dresser de vraies perspectives pour l’agriculture et les coopératives en particulier. Homme de conviction et doué aussi d’une réelle force de conviction, Philippe Mangin ne quitte pas le secteur coopératif. On aura toujours le plaisir de le rencontrer à la présidence de sa coopérative, EMC2, et à celle d’In Vivo.

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