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Point céréales après réunion

Techniciens, agriculteurs et ingénieurs agronomes étaient conviés, mardi 13 novembre, à Bapaume, pour la réunion annuelle technique céréales d’Arvalis d’Estrées-Mons.

© Arvalis



Actualités réglementaires, désherbage, lutte contre les maladies, gestion de l’effet fertilisant, présentation de différents projets comme le projet européen Renu2Farm, mais aussi des différents essais et études menés sont abordés et discutés au cours de cette journée. Avant cela, il va de soi dans ce type de réunion de revenir sur la campagne précédente, d’en faire une lecture afin d’appréhender la future campagne, tout en ayant conscience que, d’une campagne à l’autre, les risques maladies, la réglementation, les problématiques de désherbages, etc. ne seront plus les mêmes.
L’automne 2018 en est d’ailleurs la preuve. «Cet automne est, jusqu’à présent, d’une extrême douceur, ce qui favorise la présence des ravageurs comme les pucerons, mais aussi les cicadelles, Psammotrex alienus», explique Elodie Gagliardi, ingénieur régional chez Arvalis. Au 15 octobre 2018, par exemple, l’observation de pucerons a été constatée dans plus de 60 % des parcelles suivies, contre 45 % des parcelles en 2017 et 0 en 2016. Or, n’oublions pas que ces derniers peuvent apporter la jaunisse nanisante de l’orge, JNO, pour les céréales. Une maladie non sans conséquence, car cette dernière entraîne systématiquement une perte de rendement, pouvant aller jusqu’à moins 40 qx/ha.

Pucerons : comment y remédier ?
Avec l’arrêt de l’utilisation du gaucho, les producteurs se doivent de revoir leur stratégie de lutte (choix variétal, date de semis, protection de la culture, etc.). Pour la lutte indirecte qui consiste à réduire au maximum les risques, Arvalis rappelle qu’il n’existe pas de variété tolérante à la JNO, mais des variétés plus ou moins sensibles à la maladie. Pour la date de semis, les différents travaux menés par Arvalis mettent en évidence qu’en situation de faible infestation de la maladie, on retrouve principalement les parcelles semées tardivement, soit en novembre.
A contrario, en cas de forte infestation de la maladie dans la parcelle, on y retrouve les parcelles semées tôt, début octobre, mais aussi quelques parcelles de semis tardif. «Il n’y a donc pas de solution miracle», conclut Elodie Gagliardi.
Pour la stratégie de lutte directe, qui vise à remédier à la maladie, un traitement des parties aériennes reste une solution efficace. Aujourd’hui, chimiquement, seule la famille des pyréthrénoïdes est encore autorisée. Pour rappel, ces produits qui agissent par contact feuille-puceron doivent être appliqués en volume suffisant, au minimum 120 l/ha et de préférence dans la matinée, mais pas trop tôt, car les pucerons se cachent au pied au feuillage le matin et sont plus accessibles en début d’un bel après-midi. L’Institut technique attire tout de même l’attention quant à l’utilisation des produits de cette famille : «attention à ne pas développer les phénomènes de résistances, comme cela a pu être observé au Royaume-Uni ou encore en Allemagne. Il est fortement conseillé de diversifier les familles chimiques avec des pyréthrinoïdes de sous-familles différentes (valinates, benzyl-carboxylates)», explique l’ingénieur régional.
En parallèle, Arvalis indique travailler sur d’autres leviers de lutte. Ainsi, l’application de produits de biocontrôle (produits sous numéro) est testée en lutte directe. Les premiers résultats sur les orges montrent une efficacité limitée. Le gain de rendement, en cas de parcelles infestées, est de 20 à 50 % par rapport au témoin, contre le double avec un passage chimique (Karate Zéon). En lutte indirecte, les essais menés consistent à évaluer et à favoriser le contrôle biologique des auxiliaires, l’implantation de plantes compagnes, les sensibilités variétales, etc.

Des cicadelles dans les parcelles
Autre phénomène, très peu observé jusqu’à présent, est l’augmentation du nombre de  cicadelles, type Psammotrex alienus, seule espèce nuisible aux céréales. En effet, le nombre de cicadelles capturé sur les plaques jaunes et en nette augmentation : dans plus de 65 % des parcelles suivies, il a été observé des cicadelles, et dans 25 % d’entre elles, on a compté entre trente et cent cicadelles par parcelle. En dessous de trente cicadelles observées, le risque pour les céréales est faible, mais au-delà de cent, le risque est fort. Là-aussi, la solution la plus efficace proposée par Arvalis et la solution chimique : traitement sur végétation. Les produits à appliquer sont les mêmes que pour les pucerons, mais restent moins efficaces contre les cicadelles. Avant toute intervention, Arvalis rappelle qu’une surveillance accrue doit être effectuée et que les traitements doivent être déclenchés lorsque trente cicadelles sont capturées hebdomadairement sur piège jaune englué ou en cas de forte activité observé à l’œil.

Désherbage : allier chimie et mécanique
Autre préoccupation des agriculteurs : le désherbage. Il devient de plus en plus compliqué de garder une parcelle propre, et le nombre de solutions chimiques diminue chaque année. «Là non plus, pas de solution miracle, si ce n’est qu’il est indispensable de combiner les différents leviers agronomiques : rotations, travail du sol, date de semis, etc», explique Anne-Sophie Colart, ingénieur régional.
Différents essais sont menés chaque d’année. La dernière étude comparative de différentes stratégies de désherbage (dycotylédones et graminées) conclue que la stratégie de désherbage mécanique seule, avec un passage l’automne et un passage en sortie d’hiver affiche un taux d’efficacité de plus de 60 %, contre 80 % par voie chimique. Il a également été testé un seul passage mécanique à l’automne qui ne donne qu’un taux d’efficacité de 58 % et 39 % pour un passage seul en sortie d’hiver. Des stratégies mixtes alliant chimie et mécanique ont également été testées. Un premier passage mécanique puis l’application d’un herbicide par la suite donne 80 % d’efficacité. A l’inverse, le passage d’un herbicide en premier puis mécanique en complément affiche 70 % efficacité.
En parallèle, il a été calculé la faisabilité d’un passage mécanique, en nombre de jours disponibles, calculé à partir des cinq dernières années. A Abbeville, le nombre de jours disponibles, pour un premier passage entre le semis et la levée, varie entre quatre et sept, mais sortie d’hiver, au stade 3 feuilles à tallage, presqu’aucune journée n’a été propice durant les cinq dernières années pour un désherbage mécanique.
De nouveaux essais alliant chimie et mécanique sont reconduits cette année avec, côté désherbage mécanique, l’utilisation de herse étrille Treffler ou la bineuse Garford autoguidée par caméra. Des essais désherbage robotique avec Naïo technologies sont également en cours, ou encore le désherbage électrique avec l’Electroherb de chez Zasso. Plus de résultats devraient être abordés l’année prochaine.

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