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Politique : François de Rugy, un Macron compatible au ministère de la Transition écologique

Le 4 septembre, le président de l’Assemblée nationale a été nommé ministre de la Transition écologique en lieu et place du démissionnaire Nicolas Hulot.

Nicolas Hulot et François de Rugy lors de la passation de pouvoir au ministère de la Transition écologique et solidaire le 
4 septembre 2018.
Nicolas Hulot et François de Rugy lors de la passation de pouvoir au ministère de la Transition écologique et solidaire le
4 septembre 2018.
© Actuagri

Un écologiste en chasse-t-il un autre ? C’est le pari, en tout cas, fait par le président de la République, en nommant François de Rugy ministre de la Transition écologique. Bien que moins charismatique et connu que son prédécesseur, l’expérience politique de François de Rugy et sa connaissance des arcanes parlementaires ont constitué un gage de solidité aux yeux du président et d’Edouard Philippe, qui tranche avec l’image de fragilité de Nicolas Hulot. Il est aussi le seul écologiste de poids dans la majorité. Enfin, au-delà de son expertise sur des sujets très techniques, il est surtout Macron compatible.
En effet, député de Loire-Atlantique depuis 2007, François de Rugy a fait ses débuts en politique chez les Verts, puis Europe Ecologie Les Verts, dont il a claqué la porte en 2015, pour créer le Parti écologiste. Il intègre ensuite le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, puis le groupe La République en marche. Un virage à 180° pour celui qui déclarait, le 17 janvier 2017, durant la course aux primaires pour la présidentielle, que Macron «ne parle pas d’écologie» et que lorsqu’«il était ministre de l’Economie, non seulement il n’allait pas dans le sens de l’écologie», mais aussi «qu’il était plutôt dans l’ancien monde». Mais, comme dit l’adage, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Et bien qu’il affirmait n’être «candidat à rien» dans le cadre du remaniement ministériel, il écrivait cependant sur son compte Facebook, le 28 août dernier, qu’«il faut faire preuve de détermination, d’engagement, mais aussi de persévérance dans le temps» en matière d’écologie. Message reçu cinq sur cinq par l’Elysée, qui a décidé de le nommer à ce que d’aucuns appellent le «ministère de l’impossible».

Sa vision de l’écologie
Lors de la cérémonie de passation, le 4 septembre, entre Nicolas Hulot et François de Rugy, ce dernier a esquissé sa vision de l’écologie : «L’écologie, c’est une opportunité pour les conditions de vie, une opportunité de meilleure santé et une formidable opportunité pour l’économie. J’entends bien qu’on puisse faire marcher main dans la main écologie et économie. Je veux m’appuyer sur ce qui marche.» Il a affirmé aussi sa volonté de s’appuyer sur l’expertise des associations de protection de l’environnement, sur le savoir-faire d’entreprises engagées dans la transformation écologique et sur l’économie verte. Il estime «qu’on ne valorise pas assez l’économie verte», qui génère déjà «des centaines de milliers d’emplois et qui ne demandent qu’à se développer». François de Rugy s’est, pour finir, présenté comme un homme de décision. «Ma méthode sera fondée sur le dialogue et sur la décision. Négocier, c’est bien, mais il faut avancer, toujours», a-t-il conclu.
Propos confirmés par un de ses proches, l’éleveur et député LREM de la Creuse, Jean-Baptiste Moreau, qui décrit le nouveau ministre de l’Ecologie comme «un vrai pragmatique» : «Il est, bien sûr, favorable à l’agriculture biologique et à la transition écologique, mais il a une vision équilibrée, qui prend en compte la diversité de l’agriculture. Ce n’est pas un dogmatique.» Pour preuve, rappelle-t-il, la présidence de l’Assemblée nationale et le réseau Farre (Forum des agriculteurs responsables respectueux de l’environnement) avaient organisé, ensemble, en juin, un colloque, dont le thème était le suivant : «L’agriculture, une cause nationale ?». Pragmatique, c’est également ainsi que le qualifient la Fédération nationale des chasseurs et la FNSEA (cf. encadré).
Autre preuve de son pragmatisme : son tweet de mercredi dans lequel il évoque ses futures relations avec le ministère de l’Agriculture : «Nous ferons dans les prochaines semaines une proposition sur la façon d’organiser le travail de nos deux ministères sur le sujet de la Politique agricole commune. Je ne rentrerai pas dans un combat avec le ministère de l’Agriculture
En revanche, à gauche, plusieurs personnalités, comme Jean-Luc Mélenchon (LFI) ou Michèle Rivasi (EELV), ont vertement protesté à l’annonce de sa nomination. Ils soupçonnent publiquement l’ancien président de l’Assemblée nationale d’avoir entravé l’examen, ce printemps, d’un amendement de l’opposition proposant d’interdire d’ici trois ans le glyphosate, en le programmant à une heure tardive.

Les chantiers qui attendent le ministre
Le principal chantier qui l’attend  sera celui de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), censée mettre en œuvre les objectifs de transition énergétique sur les périodes 2018-2023 et 2024-2028. Si l’objectif reste de faire diminuer la part du nucléaire dans le mix énergétique de 50 %, comme l’exige la loi, l’incertitude plane sur le maintien de la part de l’électricité produite par les centrales nucléaires. Autre sujet : le prochain texte sur les mobilités et la place du vélo. Enfin, les arbitrages budgétaires de l’automne. Quels seront les moyens alloués à la politique écologique ?
Quid également de l’introduction de deux ourses slovènes dans les vallées des Pyrénées-Atlantiques ? Celle-ci devait avoir lieu dans les prochaines semaines. En matière d’énergies renouvelables, l’objectif est de les développer alors que les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse en France en 2017.  Après le solaire et l’éolien terrestre, l’avenir des énergies marines notamment est sur la table. Le résultat de l’appel d’offres du parc éolien marin de Dunkerque doit être annoncé en 2018, tandis qu’un appel d’offres pour l’île d’Oléron, annoncé lors du précédent quinquennat, est attendu.
La fin du mois de septembre verra se clôturer l’examen au Parlement de la loi Alimentation, pilotée par le ministère de l’Agriculture. Certains voudront-ils reparler du taux de bio dans les cantines ? Ou du glyphosate, alors que les députés avaient rejeté un amendement, soutenu par Hulot, inscrivant la fin du pesticide d’ici trois ans ?
Questions : parviendra-t-il à faire mieux que Nicolas Hulot ? Combien de couleuvres ce tenant de «l’écologie réformiste» est-il prêt à avaler ?

La FNSEA salue la nomination, la Conf’ prend acte

Dans un communiqué, le 4 septembre, la FNSEA «salue la nomination» de François de Rugy au ministère de l’Ecologie, appelle à «la poursuite d’un dialogue ministériel ouvert, pragmatique et apaisé avec l’ensemble des agriculteurs, des filières, des territoires et des productions». De son côté, la Confédération paysanne «prend acte» de la nomination, par communiqué, et interpelle le nouveau ministre sur les sujets «urgents» du moment (prédation, dégâts de gibiers). La Coordination rurale (CR) estime, par voie de communiqué, que «François de Rugy, en tant que député, connaît les problématiques agricoles et environnementales». La CR reconnaît, elle, dans l’ex-président de l’Assemblée nationale «un homme ouvert», qui, espère le syndicat, «saura lier l’écologie à une agriculture durable et productive». Dans le même esprit, les Jeunes agriculteurs appellent le nouveau ministre à construire «avec le monde agricole, et non contre lui !»

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