Pommes de terre : de l’arrachage au stockage chez le producteur
Chez Éric Delorme, producteur de pommes de terre à Chaussy (Loiret), un arrachage et un tri de qualité sont gage d’une bonne conservation des pommes de terre. Visite.
Chez Éric Delorme, producteur de pommes de terre à Chaussy (Loiret), un arrachage et un tri de qualité sont gage d’une bonne conservation des pommes de terre. Visite.
Éric Delorme est polyculteur sur 200 hectares à Chaussy (Loiret) et producteur de pommes de terre depuis les années 2000. Il plante 30 hectares de tubercules sur ses terres argilo-limoneuses chaque année : un tiers d’Amandine et deux tiers de pommes de terre de consommation type Agata. Après une longue réflexion, il installe en 2007 un bâtiment de stockage d’une capacité de 2 000 tonnes. «Par respect envers le produit, j’avais la volonté de le récolter et de le stocker. C’est une culture que j’apprécie, mais qui est lourde sur le plan logistique et contraignante», souligne l’exploitant. Il travaille avec son salarié à temps plein, Tristan. Ils assurent les livraisons aux acheteurs à 10 km de l’exploitation. Son épouse leur prête main-forte huit heures par semaine et particulièrement en période d’arrachage.
L’arrachage et le tri, étapes clés
Le chantier d’arrachage se déroule du 10 août au 15 septembre. Douze saisonniers viennent leur prêter main-forte. Éric Delorme constitue deux équipes qui alternent le matin et l’après-midi. «Le chauffeur de l’arracheuse a un poste déterminant. J’ai toujours le même chauffeur depuis quinze ans. Il roule à 2 km/h, il faut six à sept heures pour récolter un hectare. Je sais que tout se passe bien au champ et je peux ainsi réaliser le stockage des palox», explique-t-il.
Son arracheuse Grimme permet, avec ses secoueurs et ses différents tapis à tétines, de faire un premier travail de tri et de déterrage. Les pommes de terre cheminent de tapis en tapis pour arriver à un séparateur à doigts, qui permet de trier juste avant la table de visite.
Sur la table de visite, le tri est réalisé par cinq saisonniers qui retirent les mottes, les pierres. Les tubercules finissent leur chemin et tombent dans la trémie. Un tri de qualité est un gage de bonne conservation des tubercules. «Le tri est une tâche fastidieuse, il faut bien considérer les gens qui le font. Cela passe par le respect des pauses, et par tout ce qui est lié à la pénibilité du travail», insiste l’exploitant, qui applique des règles strictes d’hygiène et de sécurité sur la machine. Le chauffeur contrôle ce qu’il se passe sur le tapis avec l’aide d’une caméra et adapte la vitesse des tapis en fonction de l’avancement du travail et s’il y a beaucoup de mottes à trier.
Stockage en palox
L’exploitant a choisi le stockage en palox d’une capacité de 2 t pour ne pas avoir à rentrer les remorques dans les champs. Une fois la trémie vidée dans les palox, les pommes de terre sont rentrées dans le noir dans son bâtiment réfrigéré. «Le frigo est réglé sur une température de 12-13 °C. Lorsqu’il est plein, je baisse la température de 2 °C tous les cinq jours pour arriver à une température de 5 °C. Au bout de quatre semaines, la température est stabilisée. On laisse sécher et on coupe le frigo pour appliquer un traitement antigerminatif en fonction de l’état des pommes de terre. Après le traitement, les frigos sont remis en route», précise Éric Delorme. Les pommes de terre sont traitées à l’huile de menthe depuis l’arrêt du CIPC. «Les charges liées au stockage ont augmenté : coût de l’électricité, huile de menthe», assure l’exploitant.
Côté aération, le frigo est équipé d’une installation à circulation d’air, avec des évaporateurs. «L’étanchéité et l’épaisseur du bâtiment sont des critères importants pour la consommation d’énergie», souligne-t-il. D’habitude, chez Éric Delorme, les frigos sont vides en décembre. Mais avec la Covid-19 et l’arrêt de la restauration et des événements, la consommation du tubercule a baissé. Le 25 février, il restait encore 100 palox dans le bâtiment.