Pommes de terre féculières : c’est plus facile qu’on ne pense !
La coopérative féculière de Vecquemont a organisé
à Grandvilliers, une seconde rencontre d’agriculteurs en quête de diversification en pomme de terre féculière.
Le 2 septembre, dans les locaux de la chambre d’agriculture de l’Oise à Grandvilliers, douze agriculteurs sont venus se renseigner sur la pomme de terre féculière. Intéressés mais néophytes, ils avaient besoin d’explications avant de décider d’introduire cette culture dans leurs exploitations. En présence d’Hervé Hemeryck, conseiller cultures au Cernodo, et d’Antoine Depta, inspecteur de culture pour Roquette, Bruno Poutrain, directeur de la coopérative féculière de Vecquemont, a rappelé, en préambule, que la commercialisation de la fécule vers des utilisations à plus forte valeur ajoutée a permis une revalorisation des prix aux producteurs depuis trois ans.
Le producteur a intérêt à livrer ses pommes de terre féculières avec le minimum de tare, terre, cailloux ou parfois tubercules en décomposition, et un maximum de richesse en fécule pour limiter le coût du transport et bénéficier du bonus prévu au barème pour un taux moyen de tare inférieur à 15 %. Entre 15 et 30 % de tare, un malus est appliqué. Les camions réceptionnés avec une tare comprise entre 30 et 35 % ou avec une tare cailloux supérieure à 10 % sont pénalisés selon le montant forfaitaire de la tare la plus élevée.
Les producteurs devront donc être attentifs à implanter leurs pommes de terre féculières dans des sols légers avec peu de cailloux. Néanmoins, Bruno Poutrain et Antoine Depta ont témoigné de la diversité des sols au sein des adhérents de la coopérative : de la cranette, des sols argileux à 24 % et aussi des terres à cailloux…
Si se lancer dans cette culture demande un matériel spécifique pour la plantation et la récolte, des possibilités existent de réaliser les travaux soit par l’entreprise, soit en co-propriété ou la prestation de service. L’investissement est bien moins important qu’en production de pomme de terre de consommation. Il a été également rappelé que la pomme de terre constitue une tête d’assolement pour les céréales et permet de maîtriser des adventices résistantes.
Un prix garanti
Par ailleurs, le prix est garanti par l’industriel avec aucun risque d’impayé, et toutes les tonnes réceptionnées sont payées. La rémunération des pommes de terre féculières est calculée sur un tonnage net à 17 % de richesse. A noter que la richesse en fécule est un facteur d’amélioration de la recette grâce à l’application d’un coefficient en fonction de la densité. Il a été précisé que les pommes de terre sont payées à la quinzaine suivant la réception.
Du côté des charges, le transport bénéficie d’une aide de l’industriel, variable selon la distance. Antoine Depta a relaté la situation d’un nouveau producteur en 2015 dans la région de Rouen (76) qui a réussi à réduire sa tare terre à 4 % environ et pour qui le coût du transport «n’est plus le premier problème», selon son expression.
D’autres éléments complètent la rémunération, notamment le stockage sous-abri en longue conservation. Selon Bruno Poutrain, c’est un bon moyen de valoriser à moindre coût les bâtiments existants. Nul besoin d’un frigo isotherme. Une isolation avec de la paille et une ventilation avec des gaines sont suffisantes. Enfin, une aide couplée à l’hectare et la prime de fin de campagne complète la recette finale.
Sur la base du prix global perçu en 2015 et les 53 tonnes par hectare de rendement moyen des cinq dernières années, le produit brut, hors complément de prix final, pourrait être de l’ordre de 3 650 euros par hectare, dont on peut déduire
1 590 euros de charges environ. Ce qui laisse une marge brute proche des 2 000 euros. La rentabilité de la culture passe évidemment par le rendement en tonnes brutes et par la densité. Celle-ci dépend de la variété, du climat et de la fertilisation azotée. En terre vierge, le potentiel est meilleur et reste très bon pour des rotations de quatre à cinq ans.