Pommes de terre : la traque du CIPC est bien lancée
Le groupement des producteurs de pommes de terre pour l'industrie McCain (Gappi) voit clairement apparaître les effets
de l'interdiction de l'antigerminatif à base de Chlorprophame dans les contrats 2020.
Il s'agit d'un des effets de la loi Egalim autant que de la relation partenariale et de confiance établie de longue date entre le Gappi et McCain, mais aussi de l'interdiction dès cette campagne de la matière active Chlorprophame comme antigerminatif. Quelles que soient les variétés - hormis les variétés hâtives qui accusent une baisse - la plupart des contrats proposés par l'industriel voient s'afficher une revalorisation de prix pour la récolte 2020 (cf. L'Action agricole picarde du 31 janvier). Toutes variétés confondues, elle est de 4,2 %, même si elle exclut les volumes livrés dans les premières semaines suivant les arrachages.
L'après CIPC pose toujours question
L'interdiction de l'utilisation de la matière active Chlorprophame (CIPC) comme antigerminatif fait désormais partie intégrante des contrats proposés par McCain à ses producteurs : «Toutes les pommes de terre fournies dans le cadre de ce contrat ainsi que toutes les livraisons sur le marché libre doivent être conformes aux règles européennes et locales les plus récentes. Cela signifie, entre autres, que ces pommes de terre ne peuvent plus être traitées avec du Chlorprophame (...) En cas de non-respect de ces obligations et de la législation, le vendeur de pommes de terre indemnisera McCain et ses clients pour tous les dommages directs qui en découlent.» Si l'interdiction d'emploi du CIPC est désormais inscrite dans le marbre, «à compter de la récolte 2020, les pommes de terre devront provenir d'entrepôts appropriés, ayant été nettoyés pour éviter toute contamination croisée avec des produits à base de Chlorprophame appliqués dans le passé».
Une aide régionale espérée
Pour permettre au plus grand nombre de producteurs adhérents du Gappi de continuer à être «dans les clous», le groupement est actuellement en discussion avec la Région Hauts-de-France. L'enjeu de ces échanges ? Pouvoir décrocher une enveloppe financière qui permettrait aux producteurs de pommes de terre de réaliser des diagnostics de leurs bâtiments, puis d'envisager leur transformation. Pour Bertrand Achte, «la Région semble favorable à nous aider, mais il ne s'agira que d'une aide pour aménager les bâtiments existants. Il n'est pas question, toutefois, d'aider à la construction de nouveaux bâtiments». Le montant débloqué par McCain pour accompagner les producteurs dans l'après-CIPC atteindrait, quant à lui, 2,8 millions d'euros, versé sous forme de revalorisation des prix de contrats, pour la plus grande satisfaction des producteurs. «Tous les concurrents de McCain n'ont pas forcément la même écoute», a rappelé Bertrand Achte. Face à lui, Philippe Théry, directeur des achats de McCain Foods Europe, approuve la comparaison avant d'expliquer que sa mission - et celle de ses équipes commerciales - est désormais de répercuter ces hausses de prix à ses clients dans le cadre des négociations commerciales qui se poursuivent.