Pommes de terre : l’année de tous les excès climatiques
La baisse des prix de contrats proposés par McCain n’entache pas la progression des volumes contractualisés en France par l’industriel qui promeut des variétés spécifiques.
Une année fiscale 2018 «moyenne» pour McCain en raison «de tubercules flottants, une matière sèche faible et des ventes en demi-teinte avec un marché des premières très déprimé» n’ont pas vraiment aidé les producteurs de pommes de terre pour McCain dans les négociations de contrats pour la campagne 2018-2019.
L’assemblée générale du Gappi (Groupement d’agriculteurs producteurs de pommes de terre pour l’industrie McCain), qui s’est tenue la semaine dernière à Bapaume (62), a confirmé ce que les producteurs redoutaient : une baisse de 6 % en moyenne des prix des contrats, hors primes.
Les responsables de McCain confirment, en revanche, la prime d’exclusivité de 5 e par tonne fixe pour les deux campagnes prochaines, quel que soit le type de contrat. Sujettes à de vifs échanges, les primes d’exclusivité et de fidélité sont une manière pour McCain de fidéliser des producteurs.
Pour Christian Vanderheyden, responsable approvisionnement, «c’est une manière de faire le tri dans les producteurs qui frappent à la porte. Nous préférons travailler avec des gens qui nous sont fidèles plutôt qu’avec des gens qui nous abandonnent dès que le vent tourne pour revenir ensuite».
La Bintje en perte de vitesse
Si les prix de contrats s’affichent en baisse pour la prochaine campagne - McCain promet quand même la stabilité des prix de contrats pluriannuels pour la récolte 2020 -, les surfaces contractualisées en France par l’industriel continuent de progresser. Depuis 2013, elles ont ainsi grimpé de 5 500 hectares, et devraient croître de 600 hectares rien que pour la campagne 2018-2019. La variété Bintje continue, quant à elle, de perdre du terrain pour être remplacée par des variétés spécifiques McCain.
En termes de qualité, incités par le versement d’une prime spécifique, les producteurs ont désormais l’obligation de déterrer leurs lots de pommes de terre, avant livraison à l’usine ou période de stockage. Une attention particulière est également demandée sur la propreté des bennes de transport et la présence de corps étrangers ou de fanes dans les livraisons.
Des opportunités en bio
Orientée vers l’usine de Béthune-Beaumarais, la production bio est en train de se développer chez McCain. «Dans les deux années qui viennent, nous allons faire face à une augmentation des volumes en bio, avance Christian Vanderheyden. Pour cela, nous avons besoin de nouveaux producteurs. Ceux qui sont intéressés peuvent le faire savoir auprès de leurs agents de plaine.» Des contrats spécifiques pourraient ainsi être proposés, incluant une plus-value comprise entre 180 et 200 e par tonne, pour des variétés spécifiques (Agria, Carolus).
Parmi les autres nouveautés au sein des usines McCain en France, l’installation de caméras de mesure électronique de la longueur des tubercules à Harnes (62), ainsi que la modernisation de la station de calibrage pour un million d’euros. De l’autre côté de la frontière, à Leuze, l’investissement de 101 millions d’euros dans la construction d’une nouvelle unité de production pourrait se concrétiser dans le courant du printemps 2018.
L’avenir de McCain sans Jean Bernou
«Même si McCain et le Gappi n’ont pas toujours été d’accord», dixit Gabriel Delory, le groupement de producteurs a tenu à rendre hommage à l’ex-PDG de McCain Europe Continentale, lors de son assemblée générale. Depuis septembre 2017, Erwin Pardon a succédé à Jean Bernou. Issu d’une famille de vignerons, dans les Corbières, Jean Bernou a passé vingt-deux ans de sa carrière professionnelle au sein du groupe McCain. Aujourd’hui retraité, il pourrait toutefois garder un pied dans l’entreprise en prenant en charge le développement de la politique RSE de McCain… et d’autres entreprises. Il a également à cœur de venir en aide aux plus démunis, à travers le monde, et envisage de créer une entreprise de conseil, dont les bénéfices devraient servir à l’accompagnement de jeunes entrepreneurs. Homme de réseaux, Jean Bernou a aussi annoncé vouloir aider «bénévolement» le monde agricole à prendre en main sa communication, «faire en sorte qu’il soit mieux perçu et que ses revendications soient mieux comprises» ; à la manière d’un généreux ambassadeur.