Porc : la filière s’adapte aux marchés
Après la violente crise de 2015, la filière porcine française
a relevé la tête en 2016, grâce en partie à la demande chinoise.
La crise de 2015 étant derrière eux, les professionnels de la filière porcine ont pu se concentrer sur l’adaptation de leur production aux différents marchés, lors de l’assemblée générale de l’interprofession porcine, Inaporc, le 27 juin. Première préoccupation, le bien-être animal, souvent mis en question ces derniers temps par les associations anti-viande.
Si l’impact sur la consommation de porc n’est pas flagrant, cette mauvaise image ne contribue pas au dynamisme du secteur, dans un contexte de baisse généralisée de la consommation de viande. Notamment, «un certain nombre de nos concitoyens se sont rendus compte que pour manger de la viande, il faut abattre des animaux», commente Serge Clamagirand, représentant de l’abattage/découpe (abattoir de Rodez).
Et, face à ces préoccupations nouvelles des consommateurs, François Valy, éleveur de porc, insiste sur la nécessité de communiquer. «J’invite un maximum d’agriculteurs à aller sur les réseaux sociaux car, c’est nous, les éleveurs, qui avons la crédibilité», a-t-il dit. Il s’agit, simplement, de montrer la réalité des exploitations et les actions des éleveurs en faveur du bien-être animal. La filière lance ainsi un plan stratégique collectif en faveur du bien-être animal, qui comprend la mise en place d’un responsable Bien-être animal dans toutes les organisations de producteurs (avec un rôle de sentinelle), une charte «Porc respect et confiance», un programme de recherche et des formations.
Améliorer la segmentation ?
Cette démarche collective de progrès, qui devrait se traduire par des indicateurs de bien-être mesurables, concrets, pose aussi la question de l’identification, et donc de la segmentation, autre sujet débattu lors de l’assemblée générale. Face à des demandes de marché «qui demeurent diverses, nous souffrons d’un produit trop standardisé», a déploré Paul Auffray, président de la Fédération nationale porcine.
Il existe pourtant un certain nombre de segments, identifiés par une enquête d’Inaporc : le Porc français représente 30,5 % des références, les signes officiels de qualité et d’origine (Siqo),
11,2 %, les démarches collectives sur l’origine, 3,4 %. Dans la catégorie des Siqo, le bio arrive en tête, suivi par les IGP et par le label rouge. Les transformateurs ajoutent également leurs qualificatifs (artisanal, entreprise familiale, produits sans additifs, etc.).
Cependant, au sein de ces catégories, tous les segments ne bénéficient pas de la même dynamique. «On ne peut pas mesurer la croissance du bio dans nos rayons, car on est en rupture en permanence», témoigne Gérard Cladière, du groupe Carrefour. Dans les magasins de l’enseigne, le label rouge progresse lui aussi à grande vitesse, avec + 10 à + 15 % par an. «Les consommateurs aujourd’hui veulent connaître l’origine de la viande» et sont attachés à la qualité, remarque de son côté Joël Mauvigney (transformateur), qui indique que la charcuterie artisanale travaille essentiellement avec du porc fermier ou label rouge, et que le segment a progressé de + 0,7 % en 2016, une bonne performance au regard des autres secteurs. Si l’on ajoute les démarches individuelles des entreprises, qui mettent en avant le sans antibiotique, par exemple, l’offre semble donc diversifiée. La difficulté reste de se concentrer sur les attentes principales des consommateurs, dont les besoins ne sont pas toujours satisfaits. Le manque d’offre en viande porcine bio française pousse ainsi à l’importation.
Exportations vers la Chine
Enfin, ce qui a sauvé la filière en 2016, c’est bien l’export. Un tiers de la viande porcine française est exportée, dont 20 % vers la Chine, première destination du porc français. Le pays était mis à l’honneur lors de l’assemblée générale, avec l’accueil d’une délégation de l’Aqsiq, le service dédié à l’inspection des marchandises entrant et sortant. Une rencontre «pour mieux se comprendre», a introduit Guillaume Roué, président d’Inaporc. Il faut dire que l’enjeu est de taille. Dans le port de Tianjin, les importations de viande toutes catégories sont passées de 670 000 tonnes à 1,52 Mt entre 2014 et 2016, dont 70 % de viande porcine.
Et ces échanges pourraient encore s’améliorer. D’une part, en travaillant sur la compréhension des critères d’importation chinois, différents des critères français, explique Junbing Wang, directeur général du Ciqa (centre responsable de la quarantaine et des inspections sanitaires). Et, d’autre part, grâce au projet «Nouvelle route de la soie», lancé en 2013, et qui doit réduire de moitié les temps de transports terrestres entre la Chine et l’Europe soit, par exemple, une semaine de camion entre Rotterdam et Shanghaï.