«Portrait-robot» des villes moyennes des Hauts-de-France
L’Insee, au travers de son analyse sur les villes moyennes des Hauts-de-France, dresse leur portrait. Etat des lieux.
à l’industrie.
«Gilets jaunes» oblige, les villes moyennes sont revenues sous les feux de l’actualité et au cœur des préoccupations des politiques locales et nationales. Et pour cause. La crise des «gilets jaunes» a en effet rappelé les différences de niveau de vie entre les métropoles et ces villes, l’insuffisance des infrastructures de transports publics, l’isolement des populations, leur sentiment d’abandon, les difficultés d’emploi, la pauvreté, etc.
L’Insee Hauts-de-France, en partenariat avec le Sgar et la Banque des territoires, a donc décidé de se pencher sur ces villes moyennes pour étudier la répartition et le développement de l’activité de ces territoires, l’évolution de leurs centres-villes (habitat, vacance de logement, etc.). L’objectif ? Identifier les villes moyennes où l’action publique doit être prioritaire.
Mais qu’est-ce qu’une ville moyenne ? Selon la définition de l’Insee, celle-ci se caractérise par une population comprise entre 10 000 et 100 000 habitants, réunissant plus de 10 000 emplois sur son territoire, et pouvant rassembler une ou plusieurs communes. Dans les Hauts-de-France, près de deux millions d’habitants résident au sein de quarante villes moyennes, soit un tiers de la population régionale. Celles-ci sont principalement localisées sur le versant nord de la région, entre Saint-Omer et Valenciennes, sur le littoral et au sud de la Picardie.
Ces villes concentrent 40 % de l’emploi régional. L’industrie y représente 15 % des emplois contre 14 % en moyenne dans la région. «Néanmoins, le niveau d’emploi y a diminué de 4,2 % entre 2006 et 2015, soit près de deux fois plus qu’en moyenne dans la région (- 2,3 %). En parallèle, la population n’a pas progressé dans ces villes (- 0,4 %), car la croissance démographique a profité principalement aux métropoles et aux territoires moins denses situés sous leur influence», précise Grégoire Borey, chef de projet à l’Insee Hauts-de-France. Enfin, ces territoires se caractérisent par un niveau de pauvreté plus élevé que la moyenne régionale, soit 23 % contre 18 %. Autrement dit, les populations de ces territoires sont plus exposées à la pauvreté et rencontrent, en moyenne, plus de difficultés pour trouver un emploi.
Trois profils de villes moyennes
Structurantes, résidentielles ou industrielles ? C’est selon. Vingt villes moyennes structurent les territoires où elles se situent et sont attractives pour les territoires avoisinants en matière d’emploi. Celles-ci sont réparties un peu partout dans les Hauts-de-France, à savoir dans la plupart des préfectures (Laon, Beauvais et Arras) et sous-préfectures (Boulogne-sur-Mer, Creil, Valenciennes, Calais, Douai, Maubeuge, Dunkerque…). Il y a 1,3 fois plus d’actifs qui viennent y travailler que de résidents qui font le chemin inverse. Ainsi, une part importante des richesses produites sur place est de fait consommée en dehors. La population y est, en moyenne, plus défavorisée et les habitants y sont moins souvent propriétaires.
Le second profil est celui des villes résidentielles, qui s’est renforcé en dix ans. Ces villes moyennes sont au nombre de dix-sept dans la région. Elles se situent en périphérie des villes moyennes structurantes et, pour la grande majorité d’entre elles, dans l’ancien bassin minier à proximité de Béthune, Lens et Valenciennes. Toutes ces villes offrent peu d’emplois pour les actifs, imposant à ces derniers de travailler à l’extérieur. A noter, toutefois, que ceux qui font la navette entre leur domicile et leur travail sont plus souvent des ouvriers et des employés.
Une fois cela dit, les villes moyennes autour de Béthune sont moins défavorisées, abritent une population plus jeune et offrent un meilleur accès à la propriété. Celles autour de Lens et Valenciennes ont un profil plus ouvrier. Enfin, Berck et Chantilly, comprises dans les villes résidentielles, affichent un profil atypique, puisque les populations y sont bien plus favorisées que les autres, mais aussi plus âgées. Chantilly, par sa proximité avec l’Ile-de-France, attire un nombre de cadres élevé (4 500 y résident et travaillent principalement en Ile-de-France contre 800 dans le sens inverse) tandis que Berck attire une population de retraités.
Troisième et dernier profil : celui des villes moyennes à forte identité industrielle, situées en périphérie d’une grande ville moyenne (Saint-Omer, Dunkerque et Valenciennes). Elles sont au nombre de trois dans les Hauts-de-France : Onnaing, avec son site Toyota ; Arques, avec son industrie du verre ; et Grande-Synthe, avec la métallurgie. Les actifs entrants y sont deux fois plus nombreux que les sortants. «Ce constat se vérifie particulièrement parmi les cadres et favorise la sortie des salaires vers les territoires avoisinants», relève Grégoire Borey. Dernière caractéristique marquante : si l’emploi a fortement baissé depuis 2006 à Arques et Grande-Synthe, la population, elle, y a fortement augmenté depuis dix ans
(+ 8 % à Grande-Synthe et + 5,6 % à Arques).
Une fois cela dit, tous profils confondus, force est de constater que les villes moyennes continuent de perdre de l’emploi et de stagner en termes d’évolution démographique. Ce qui explique aussi le fait que les villes moyennes résidentielles renforcent leur présence dans la région. Enfin, la crise économique a impacté bien plus notre région que d’autres. «Si l’activité économique ne repart pas, ces tendances lourdes risquent de se développer», redoute Jean-Christophe Fanouillet, directeur régional de l’Insee Hauts-de-France.