Poulehouse se grille avec ses partenaires
Partageant largement sur les réseaux sociaux son différend avec le groupe coopératif Noriap, sa filiale Cocorette et Œufs Nord Europe (ONE), et laissant les internautes s’en donner à cœur joie, Poulehouse est en revanche fermée à tout échange pour tenter de comprendre la situation.
Partageant largement sur les réseaux sociaux son différend avec le groupe coopératif Noriap, sa filiale Cocorette et Œufs Nord Europe (ONE), et laissant les internautes s’en donner à cœur joie, Poulehouse est en revanche fermée à tout échange pour tenter de comprendre la situation.
Poulehouse, la start-up française qui commercialise depuis 2017 des œufs dont les poules ne sont pas envoyées à l’abattoir, s’est déclarée en «grand péril», après une décision «unilatérale et illégale» du groupe Œufs Nord Europe (ONE, marque Cocorette) affilié à la coopérative Noriap, de «mettre fin à ses prestations» (production, logistique), fin octobre sur la plateforme de financement participatif Leetchi. Poulehouse y a lancé une collecte de fonds (30 000 €) intitulée «Je soutiens Poulehouse contre ceux qui veulent sa perte». Cette cagnotte est destinée à «faire face aux frais futurs de procédure que ce contentieux va engendrer», et à «financer les surcoûts opérationnels que la société va rencontrer (augmentation des coûts de transport, dépenses dans les bâtiments...)». La start-up précise qu’elle se trouve par ailleurs incapable de «réussir sa levée de fonds participative» entamée depuis plusieurs semaines.
Poulehouse se pose en victime
«Depuis 2019, Poulehouse n’avait pourtant qu’à se féliciter de ce partenariat. Le management visionnaire de la direction de Cocorette lui avait permis d’accéder à des outils de production et logistiques adaptés. Mais un récent changement à la tête de l’entreprise est venu compliquer les choses et depuis plusieurs semaines Poulehouse n’a tout simplement plus accès aux prestations, en contradiction totale avec les contrats signés», détaille Poulehouse.
Sûre d’elle, l’entreprise n’hésite pas à se poser en victime, en affirmant dans ses publications en ligne que «le concept novateur et audacieux même de Poulehouse – arrêt du broyage des poussins mâles et de l’abattage précoce des poules pondeuses à dix-huit mois – dérange la filière depuis le premier jour». Elle rappelle en outre que «plus de 10 millions d’œufs ont été vendus par Poulehouse depuis quatre ans, ce qui prouve l’adhésion du consommateur à la démarche de Poulehouse, malgré un prix de vente au détail plus élevé que la moyenne».
Des défaillances ?
Œufs Nord Europe et ses actionnaires ont réagi au travers d’un courrier envoyé à la presse le 28 octobre, en annonçant qu’ils se réservent le droit de porter plainte pour «diffamation publique» envers Poulehouse. Le groupe rapporte qu’il «a joué le rôle de vecteur de celui-ci auprès des éleveurs qui ont sa confiance, et a mis à disposition ses capacités de production et de logistique». Et qu’il «s’est régulièrement trouvé confronté à des défauts de paiement de la part de Poulehouse, l’amenant à devoir rediscuter des modalités de poursuite du partenariat, sans rester fermé à aucune solution de sortie, pourvu que Poulehouse soit en mesure de remédier à ses défaillances.» À aucun moment, ni aucun aucun endroit, Poulehouse ne fait mention de ces difficultés. Sollicitée par Agra Presse comme par L’Action agricole picarde, Poulehouse n’a pas répondu.
Pour le groupe ONE basé à Doullens, les accusations de la start-up «portent incontestablement atteinte à l’honneur et à la considération des intéressés, alors que les contrats n’ont pas été rompus». Et elles «contribuent par ailleurs à décrédibiliser le travail réalisé depuis des décennies par le groupe ONE au bénéfice des éleveurs, à l’égard desquels Poulehouse est en défaut, et au-delà d’eux de toute la filière avicole». Le 3 novembre, à cinquante-sept jours de la fin de la collecte lancée par Poulehouse, celle-ci avait récolté 4 261 € sur les 30 000 € attendus.