PPA : des mesures sanitaires en France et chez les voisins
Après l'annonce la veille des premières mesures sanitaires pour empêcher la peste porcine africaine (PPA) de franchir la frontière franco-belge, les syndicats minoritaires estiment, par voie de communiqué, que le ministère de l'Agriculture ne va pas assez loin. Pour la Coordination rurale, «ce plan ne propose pas suffisamment de mesures sur la faune sauvage». Pour la CR, «il faut agir en amont sur la faune sauvage en réduisant immédiatement et drastiquement la population de sangliers dans la zone frontalière, notamment par des tirs à l’affût pour limiter les déplacements d’animaux qui interviennent lors des chasses en battue.» Pour la Confédération paysanne, «la propagation de la maladie n'est pas due aux pratiques d'élevage mais en premier lieu à la multiplication incontrôlée des populations de sangliers et aux transports routiers». Elle regrette de son côté que le plan du ministère « ne semble contenir aucune mesure concernant le contrôle des transports routiers» et demande à la fédération des chasseurs «de mettre en place des prélèvements beaucoup plus importants !»
La Belgique s'apprête à interdire la chasse sur 63 000 ha autour des foyers
Suite à la confirmation de deux cas de peste porcine africaine (PPA) en Belgique, les autorités sanitaires fédérales et l'administration wallonne annoncent, à la suite d'une réunion d'urgence le 14 septembre, qu'il sera «proposé au Gouvernement wallon d'interdire toute forme de chasse jusqu'au 15 octobre pour la zone de 63 000 ha infectés afin d'éviter la dispersion du gibier». Ce communiqué rappelle qu'en Belgique, une «task force» a été mise en place fin mars 2018 pour «implanter des mesures de lutte» contre la PPA au sein de la faune sauvage et des «mesures de prévention» dans les élevages porcins. Selon le communiqué, «ce sont ces mesures de veille de terrain qui ont permis la mise en évidence dernièrement de cas suspects pour quelques sangliers morts.»
La Pologne, un « véritable réservoir viral »
La lutte contre la peste porcine africaine (PPA) en Pologne est un « échec », a déclaré Jean-Louis Büer, conseiller agricole à l’ambassade de France à Varsovie, le 14 septembre au Space. La maladie, « apparue en 2014, s’est emballée à l’été 2017, surtout dans les petits élevages de l’est du pays ». La sensibilisation des éleveurs n’a vraiment démarré que « fin 2016-début 2017 ». A ce jour, 207 cas de PPA ont été recensés en élevages et plus de 2 000 dans le milieu sauvage. Le foyer situé le plus à l’ouest se trouve à 380 km de la frontière avec l’Allemagne, laquelle « coopère étroitement avec la Pologne » et conduit des « battues cynégétiques intenses ». En Pologne, « les mesures de biosécurité sont bien appliquées uniquement dans les grands élevages » alors que les « petits élevages » et les « sangliers » constituent un « véritable réservoir viral ». « La Pologne aura du mal à contenir la propagation du virus même si celle-ci ralentit », estime Jean-Louis Büer ; elle « n’a pas les moyens de contrôler tous les élevages ». Le ministre polonais de l’agriculture nommé en juillet 2018, Jan Krzysztof Ardanowski, éleveur de porcs de profession, semble « plus sensible » à l’épizootie que son prédécesseur, Krzysztof Jurgiel. Les chasseurs polonais peuvent bénéficier de cinq jours de congés payés pour traquer le sanglier, payé 50 € pièce – une somme conséquente au regard du salaire moyen : 1 000 €.