Prairies : pas de précipitation pour les premiers apports d’azote
L’azote joue un rôle essentiel dans la croissance des plantes puisque c’est un des constituants principaux de la chlorophylle, principal acteur de la photosynthèse.
La nature et le niveau de fertilisation azotée apportée en sortie d’hiver auront un effet sur la vitesse de croissance à la reprise de végétation et sur la productivité de la prairie. Il y aura également un impact sur la flore : en effet, les espèces comme le ray-grass, le dactyle ou la fétuque, entre autres, qui valorisent très bien l’azote à disposition, seront favorisées dans leur développement et resteront dominantes. En revanche elles concurrenceront d’autant plus les légumineuses.
Quand effectuer les apports ? Dès que la portance le permet !
En théorie, lorsque le seuil des 200 °C (somme des températures moyennes journalières positives cumulées depuis le 1er janvier) est atteint : il correspond au «réveil» des graminées précoces ; pour les prairies permanentes à flore très diversifiée, le seuil à atteindre se situe entre 250 et 300 °C.
Cette année, ce seuil a été atteint début février pour la région Hauts-de-France (voir le site DAT’N prairie). Cependant, les conditions météorologiques ne sont actuellement pas favorables puisque la portance n’est pas là. En ce qui concerne les prairies destinées au pâturage, il faut respecter en règle générale un délai de trois semaines avant la mise à l’herbe. C’est donc la date de mise à l’herbe la plus probable (pour l’exploitation) qui déterminera la date du premier apport : il n’est pas logique d’épandre de l’engrais sur prairie au 25 février et de sortir les vaches au 20 avril après les semis de maïs.
Pour éviter d’être débordés au printemps sur ces parcelles, certains éleveurs ont intérêt à créer un décalage de pousse. Il suffit de faire un premier apport sur les premières parcelles qui seront pâturées puis un deuxième apport dix jours plus tard sur les autres. Si la mise à l’herbe est en générale tardive, fin avril début mai, il est parfois judicieux d’envisager une fauche précoce (ensilage ou enrubannage) sur tout ou partie des parcelles destinées au pâturage des laitières et de patienter jusqu’au 20 mai pour bénéficier de la dynamique de la pousse à cette période.
Valoriser les engrais de ferme
Les effluents d’élevage ont souvent déjà été épandus début février afin de profiter des sols portants.
Le premier apport d’azote minéral peut-être remplacé, pour tout ou partie, par un épandage de lisier (exemple : 30 m3 x 2 U N/m3 = 60 U N/ha). Dans tous les cas, il est encore possible d’épandre du fumier sur prairies à condition qu’il soit bien fait, ou, encore mieux, composté. Toutefois, l’effet de l’azote sera plus lent qu’avec des engrais minéraux ou du lisier. Il est fortement recommandé d’effectuer des analyses de ces différents produits pour gérer plus finement la fertilisation.
D’une manière générale, il vaut mieux réserver les épandages de fumier et lisier aux prairies destinées à la fauche. À noter que les déjections de volailles sont à exclure sur prairies à cause des risques sanitaires liés à ces produits. Enfin, les épandages d’effluents d’élevages ne peuvent se réaliser que dans le respect de la réglementation en vigueur (périodes d’interdiction d’épandage, distances vis à vis des tiers, des cours d’eau, etc…).
Et la fumure de fond ?
Depuis plusieurs années, les analyses d’herbe confirment que les parcelles uniquement pâturées nécessitent rarement un apport de P et K car les restitutions des animaux au pâturage suffisent. Pour les parcelles à plus forte exportation (fauche exclusive ou au moins deux fauches/an), des apports organiques réguliers peuvent couvrir les besoins ; exemple : 20 tonnes de fumier par hectare apportent 40 u P et 160 u K. Sans utilisation d’effluents d’élevage (distance, règlementation…), on peut préconiser des apports minéraux maxi de 60 u P et 160 u K. Cet apport doit se faire en fin d’hiver dès que le sol est portant.
En cas de doute sur les besoins en P et K d’une prairie, il est plus judicieux et économique de faire une analyse foliaire (35 à 40 €) début mai que d’enrichir le sol.