«Privilégier des projets ancrés dans les territoires et pilotés par des agriculteurs»
interview
Olivier Dauger
Administrateur Fnsea, en charge des dossiers énergie et climat
Le salon Biogaz s'est tenu du 3 au 5 juin à Paris Porte de Versailles. La Fnsea y était présente. A cette occasion, Olivier Dauger, en charge des dossiers énergie et climat à la Fnsea, exprime la position du syndicat sur ce sujet.
Quels sont selon vous les enjeux de la méthanisation pour l'agriculture ?
La méthanisation agricole permet de répondre à des enjeux d’importance pour notre secteur. Elle permet de :
- renforcer la compétitivité de la ferme France ;
- contribuer à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ;
- participer à la diversification du bouquet énergétique français ;
- participer au développement des territoires et à la création d’emplois ;
- gagner en performance énergétique ;
- maîtriser et valoriser les effluents d’élevage.
Le développement des projets de méthanisation agricole permet de répondre à un triple défi : économique par le renforcement de la compétitivité des exploitations agricoles, environnemental par la valorisation des effluents d’élevage et des coproduits végétaux, et social par le développement de projets de territoires et la création d’emplois.
Quels sont les avantages qu’offre la méthanisation pour les agriculteurs ?
La méthanisation permet la vente d’électricité, de chaleur, de biogaz injecté dans le réseau de gaz naturel ou de biométhane carburant. Le digestat, qui est le résidu issu de la méthanisation, est aussi valorisé sous forme d’amendement organique qui peut se substituer à l’engrais chimique issu d’énergies fossiles. Le développement de la filière digestat offre des perspectives économiques et environnementales intéressantes pour les agriculteurs. Par exemple, les régions excédentaires en azote pourront exporter ce nouvel engrais minéral vers les régions «en demande».
La Fnsea soutient-elle plus particulièrement une taille de projet de méthanisation ?
La Fnsea souhaite voir encourager les projets de collectifs d’agriculteurs (jusqu’à près de 500kW) et les projets individuels que ce soit pour la cogénération (électricité et chaleur), pour l’injection du biogaz dans le réseau de gaz naturel ou pour la production de biométhane carburant.
La Fnsea ne souhaite pas de modèle unique. Il s’agit de privilégier des projets «sur mesure», ancrés dans les territoires, montés et pilotés par des agriculteurs (majoritaires au capital social) et adaptés aux ressources maîtrisées localement. Il convient d’encourager des projets pertinents à la fois du point de vue économique, agronomique, social et environnemental. La méthanisation donne la possibilité d’offrir des services pour les collectivités et entreprises locales (traitement des déchets, chauffage urbain, …) tout en limitant les distances de transport.
Qu’attendez vous de la future loi de transition énergétique ?
Lors du dialogue citoyen sur la transition énergétique, auquel la Fnsea a participé pendant près de huit mois et qui s’est clôturé en juillet 2013, le rôle de la biomasse dans le développement des énergies renouvelables en France a été reconnu comme majeur.
Afin de favoriser l’essor des projets de méthanisation agricole, et notamment l’objectif des mille méthaniseurs à la ferme comme cela a été inscrit dans le plan Emaa (énergie méthanisation autonomie azote), le gouvernement doit prendre des mesures incitatives, notamment sur les tarifs de rachat de l’électricité et de la chaleur, mais également sur le plan de la simplification des projets. La Fnsea souhaite que la future loi de transition énergétique soit à la hauteur des ambitions affichées.