Produire des graines «bas carbone» pour mieux les rémunérer
Développée par Saipol, une filiale du groupe Avril, la solution OleoZE permet aux agriculteurs et organismes collecteurs de vendre en ligne leurs graines de colza (et de tournesol) au-dessus des prix du marché grâce à un bonus GES additionnel qui récompense les pratiques agricoles durables.
Développée par Saipol, une filiale du groupe Avril, la solution OleoZE permet aux agriculteurs et organismes collecteurs de vendre en ligne leurs graines de colza (et de tournesol) au-dessus des prix du marché grâce à un bonus GES additionnel qui récompense les pratiques agricoles durables.
La baisse des rendements de colza liée d’abord à des accidents climatiques ou la pression des ravageurs face à laquelle les solutions se réduisent n’incite pas vraiment les agriculteurs à en produire. La plante oléagineuse garde pourtant de précieux atouts que rappelait Sébastien Méry, agriculteur dans le Loiret, il y a quelques jours, lors d’un webinaire (Réussir) sur la manière de gagner jusqu’à 25 € par tonne en plus grâce à l’effet d’un «bonus Gaz à effet de serre». Cette solution, de quoi s’agit-il ?
Tout simplement d’adopter OleoZE, un outil numérique développé par Saipol, une filiale du groupe Avril. Lancée en 2018, il s’agit d’un service d’achat des graines oléagineuses françaises durables auprès des agriculteurs et organismes collecteurs. Accessible depuis la place de marché digitale oleomarket.fr, OleoZE permet de valoriser les efforts entrepris par les producteurs de colza (et de tournesol) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et développer le stockage de carbone sur leur exploitation. Comment ça marche ? En renseignant les itinéraires techniques de l’exploitation, on peut alors estimer un bonus de prix en fonction de l’impact réel de l’exploitation sur le stockage du carbone et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Sébastien Méry, qui utilise ce service, estime «entre trente minutes et une heure» le temps qu’il lui a fallu pour remplir le questionnaire dédié, et connaître sa plus-value.
Des pratiques culturales auditées
Sur son exploitation, et en dépit des difficultés à le cultiver, Sébastien Méry n’abandonnerait pour rien au monde le colza… par nécessité : «Le colza est une tête d’assolement sur ma ferme étant donné que j’ai des terres à cailloux, qui ne peuvent pas être irriguées. Si je n’y mets pas de colza, je ne sais pas quoi mettre d’autre.» Le bonus GES qu’il perçoit est alors «nécessaire dans le contexte actuel où les rendements ne sont pas au rendez-vous».
Pour estimer le bonus auquel un agriculteur peut prétendre, la solution OleoZE s’appuie sur un simulateur dans lequel sont intégrées les pratiques de l’agriculteur : manière de travailler le sol, présence ou non de couverts végétaux, apport de matière organique et même rendement. À la clé, l’agriculteur qui s’engage dans une démarche de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, peut espérer un bonus de «24 €/t», selon Émélie Halle, responsable d’OleoZE pour Saipol. Tout changement dans les pratiques culturales destinés à diminuer les émissions de GES est établi à partir d’une année de référence.
Du matériel spécifique
Pour bénéficier d’une plus-value la plus intéressante possible, le type de méthode culturale entre bien évidemment en jeu, et à ce titre, c’est l’agriculture de conservation des sols avec le semis direct (SD) qui tire son épingle, même si le labour reste possible. Dans le Gâtinais où Sébastien Méry est installé, l’agriculteur sème 100 % de ses surfaces de colza avec un semoir direct : «Cela permet de m’affranchir des conditions limitantes de la sécheresse», explique-t-il, tandis qu’un travail du sol en profondeur aurait tendance à assécher le sol. L’outil qu’il utilise est le semoir à disques Gigante du constructeur Maschio-Gaspardo. D’une largeur de six mètres, il est équipé d’une double tête de distribution permettant de semer deux espèces en même temps, sur deux lignes distinctes ; en l’occurrence, du colza dans une première trémie et des couverts dans la seconde. Si Sébastien Méry a opté pour un modèle à disques, «c’est parce qu’il est plus universel qu’un outil à dents». Car le choix du matériel doit en effet aussi tenir des utilisations autres : «Le semoir de semis direct doit être polyvalent. On doit pouvoir l’acheter pour faire des semis de couverts d’été, du sursemis de prairies, des protéagineux en sortie d’hiver, du maïs ou du tournesol. Si on l’achète seulement pour faire du colza, ce n’est pas rentable», détaille Victor Masselin, spécialiste SD pour le constructeur Maschio-Gaspardo.
Réussir son implantation de colza en SD
Pour réussir l’implantation de colza en semis direct, Victor Masselin rappelle ensuite quelques règles. La première, assure-t-il, «c’est de semer sans bouleverser la terre», d’où une préconisation pour des outils à disques plutôt qu’à dents. Il convient ensuite de semer «dans de la matière, de créer un bon contact terre-graine, d’utiliser des plantes compagnes et de fertiliser dès le semis». «50 % de réussite de la future récolte se définit lors du semis», constate ainsi le technicien, qui égrène les autres conditions de réussite, plus classiques : «semer dans la fraîcheur, plus tôt que pour un semis traditionnel, plus dense, avec une bonne répartition de la paille ou encore avoir une structure de sol adaptée».
Saipol vise plus haut
Si certains agriculteurs sont tentés d’adopter la solution OleoZE seuls, «la plupart des engagements passe par des coopératives ou négociants, en fonction des habitudes de commercialisation», constate Émélie Halle. Sur le marché des crédits carbone, «l’offre et la demande s’ajustent au fur et à mesures», ajoute-t-elle. Et d’expliquer que l’objectif de Saipol est aujourd’hui «de capter des niveaux de réduction de gaz à effet de serre de plus en plus élevés», dans une logique de démarche plus qualitative.