Produits agricoles européens : exports en hausse vers les Etats-Unis et la Chine
La Direction générale Agriculture et développement rural de la Commission européenne a publié les chiffres du commerce des produits agricoles de l’Union européenne (UE) sur la période de mars 2015 à février 2016.
Sur les douze mois de la période allant de mars 2015 à février 2016, les exportations européennes ont atteint le montant de 129 milliards d’euros, révèle une récente publication de la Direction Agriculture de la Commission européenne (CE). Une augmentation de + 6 % en comparaison de la même période un an auparavant. Ces exports se dirigent, en priorité, vers les Etats-Unis et la Chine, dont les marchés ont progressé pour chacun de plus de 3 milliards d’euros. Notons que les ventes vers la Russie ont chuté de 8,1 milliards d’euros à 5,5 milliards d’euros, soit un recul net de 32 %.
Ce sont les céréales et les spiritueux, qui tirent principalement la demande. Les céréales marquent ainsi la plus forte progression avec + 40 %, soit plus 824 millions d’euros d’une année sur l’autre. Le vin se rehausse de + 9 %, soit plus 850 millions d’euros. Le secteur des animaux vivants s’apprécie également avec + 26 %, soit plus 503 millions d’euros.
En revanche, les exports de poudre de lait et de fruits frais chutent respectivement de - 15 %, soit moins 725 millions d’euros, et de - 9 %, soit moins 232 millions d’euros. Ces deux filières sont concernées par l’embargo russe. Le marché de la poudre de lait souffre également de l’affaissement de la demande chinoise pour les produits laitiers. Par ailleurs, les marchés de l’éthanol et du sucre se déprécient avec des baisses enregistrées respectivement à - 21,5 % et - 17 %.
Les importations de l’Union européenne
Concernant cette fois les importations de l’Union européenne, leur valeur a été calculée à 114 milliards d’euros sur la période de mars 2015 à février 2016 soit une hausse de + 8,4 % comparée à l’année précédente. Le solde total (exports - imports) est donc positif à plus 16 milliards d’euros. Les Etats-Unis représentent la plus forte augmentation (+15 %) à 1,6 milliard d’euros. S’ensuivent les importations en provenance d’Argentine (+15 %), qui s’établissent à 790 millions d’euros, dont 212 millions d’euros pour le seul mois de février. Les décisions politiques du président libéral argentin, Mauricio Macri, nouvellement élu en décembre 2015, semblent donner leurs premiers résultats.
Les produits turcs (+ 17 %), chinois (+ 10 %) et ukrainiens (+ 9 %) figurent ensuite. Le Brésil, qui traverse une profonde crise économique et socio-politique, en pâtit sur la scène internationale avec des pertes de parts de marché de - 2,4 %, soit 327 millions d’euros. Parmi les produits importés, le café et le thé s’apprécient de + 5 % soit plus 366 millions d’euros, tout comme les huiles (hors soja) le blé et le riz. A contrario, les graines de soja et l’huile de palme perdent de la vitesse à - 7 % et - 5 %.
La Chine change de politique agricole
Ce boost en exports de céréales européennes est principalement dû à la Chine et à son programme de prix minimum pour le maïs. «Ce prix minimum garanti est largement plus élevé que les cours mondiaux», explique Sébastien Poncelet, analyste chez Agritel, poursuivant «l’Etat chinois achète, aux alentours de 270-280 euros la tonne (€/t) le maïs aux producteurs et le revend 300€/t aux fabricants d’aliments». Ce qui a naturellement poussé les fabricants d’aliments chinois à importer des céréales fourragères de substitution. L’orge européenne et française en premier lieu.
Mais ce nouvel eldorado de l’orge européenne depuis 2013 va être stoppé à en croire l’expert. «Depuis septembre dernier, l’Etat chinois a déclaré vouloir contrôler chaque bateau à l’arrivée. Le pays a également annoncé vouloir changer sa politique agricole en supprimant les prix minimum pour le maïs», informe Sébastien Poncelet. Ces décisions vont donc avoir un impact direct sur la prochaine campagne.
Chine : un marché plus que porteur
La Chine représente la seconde plus importante destination des produits agricoles européens, soit 8 % du marché de l’Union européenne à l’export (10,3 milliards d’euros en 2015). Le pays constitue le quatrième fournisseur pour l’Union européenne, soit 4,5 % des importations de l’Union européenne (5,1 milliards d’euros). L’Union européenne, rappelle la Commission, demeure un exportateur net de produits agricoles avec une balance commerciale de plus 5,2 milliards d’euros en 2015. Les exports vers la Chine ont ainsi augmenté de + 2,9 % en 2015, principalement composés de produits destinés à l’alimentation infantile (13 % du marché), suivis des cuirs et peaux bruts (11 %). Les exports d’abats de viande (10 %) et de porcs (9 %) viennent ensuite. En 2015, les ventes de porcs ont plus que doublé (de 432 millions d’euros à 934 millions d’euros).