Alimentation animale
Quand le pâturage donne le «la» de l’exploitation laitière
Le 6 juin, Avenir conseil élevage organisait une réunion «Estivale» à l’EARL Belles des Prés à Camphin-en-Pévèle (59). L’occasion pour Denis Coquelet d’expliquer le travail réalisé depuis quelques années sur le système herbager de l’élevage afin de faire face aux aléas climatiques et… économiques.
Le 6 juin, Avenir conseil élevage organisait une réunion «Estivale» à l’EARL Belles des Prés à Camphin-en-Pévèle (59). L’occasion pour Denis Coquelet d’expliquer le travail réalisé depuis quelques années sur le système herbager de l’élevage afin de faire face aux aléas climatiques et… économiques.
Dans un contexte de tension sur le marché des matières premières et d’augmentation des charges liées à la production agricole - l’élevage ne fait pas exception -, Denis Coquelet, un éleveur curieux et très ouvert, a choisi de valoriser au mieux les surfaces en herbe de son exploitation et de calquer le potentiel de production de son troupeau sur celui de ses prairies.
Une stratégie payante
À l’EARL Belles des Prés, les prairies représentent plus de la moitié des fourrages proposés aux vaches laitières. Depuis 2020, Denis pratique le pâturage tournant dynamique avec la volonté d’utiliser une ressource de l’exploitation, de veiller au bien-être de ses animaux et de maîtriser au mieux les coûts alimentaires. Faire pâturer les animaux a eu un impact sur la quantité de lait produit par vache qui est passée de 10 123 litres en moyenne sur la campagne 2019-2020, à 9 514, 8 307 et 8 439 litres les années suivantes avec, en parallèle, un accroissement de l’effectif, qui est passé de 81 à 100 vaches, pour produire environ 60 000 litres de lait en plus (Source : Marges brutes ACE).
Il a fallu également s’ajuster en termes de chargement. Un peu trop sévère en 2020-2021, il a induit une baisse du lait/ha de 14 901 litres en 2019-2020 à 11 511 en 2020-2021 pour être réajusté les années suivantes. Pour 2022-2023, le chargement se situe à 2 UGB/ha (impacté par la sécheresse mais inchangé comparé à il y a cinq ans) pour 12 533 litres de lait produit par hectare. Il n’a donc pas besoin de plus de surfaces pour nourrir un même nombre d’UGB. C’est la baisse du lait/VL qui a engendré une légère baisse du lait/ha. Cependant, cette baisse de lait/ha a été plus que compensée par la hausse de sa MB/1 000 litres comme en témoigne l’évolution de sa MB/ha.
Économiquement, il n’y a pas photo, la stratégie est payante : malgré le fléchissement du lait par ha, la MB/ha de SFPc (surface fourragère corrigée avec les achats) est passée de 3 855 € en 2019-2020 à 4 765 € sur la campagne 2022-2023, avec une progression continue de la Marge brute aux 1 000 litres qui atteint cette année 380 €.
On peut déplorer un coût alimentaire plutôt à la hausse, mais néanmoins maîtrisé grâce au pâturage, ce qui représente déjà une énorme performance par rapport au contexte de hausse des coûts alimentaires des deux dernières années. Ainsi, en faisant évoluer sa pratique, Denis Coquelet obtient des performances économiques très satisfaisantes malgré les contextes économiques et climatiques actuels.
La gestion du pâturage
Le travail réalisé à l’EARL Belles des Près démontre qu’il y a moyen de trouver des solutions en gérant le pâturage de manière rigoureuse. Ici, les surfaces accessibles autour de la ferme représentent 14,2 hectares. Selon les conditions climatiques et l’état des prairies, Denis essaye de faire sortir les vaches du 15 février au
15 novembre, soit 275 jours de pâturage ; il prévoit 16 ares par VL.
Il travaille aujourd’hui avec 24 parcelles (objectif = 27) d’une surface de 75 ares. Le temps de présence des animaux sur chaque espace va de 12 à 36 heures en fonction de la pousse, ce qui induit un retour sur la première parcelle entre 21 et 30 jours. Les prairies reçoivent une fertilisation organique (digestat et lisier) et minérale.
Améliorer la valorisation des pâtures attenantes à la ferme via la gestion du parcellaire est finalement possible dans beaucoup d’élevages : avec un troupeau de 50 vaches, cela implique d’avoir
8 hectares autour de la ferme pour se retrouver à un niveau similaire à celui de Denis, mais avec moins de surface c’est aussi possible.
En fait, le gros du travail consiste à prendre le temps de dessiner le plan du parcellaire, puis poser les clôtures, créer les chemins et installer le système d’abreuvement. L’accès et la distribution des enclos doivent être particulièrement réfléchis pour faciliter le travail et éviter les piétinements. Il est conseillé de prévoir un abreuvoir pour deux parcelles et de le positionner au milieu de la prairie et pas à l’entrée : cela permet une répartition homogène des bouses et assure par conséquent une fertilisation directe par les vaches.
Combinée avec la reproduction
Dans cet élevage, la reproduction est parfaitement calée : un âge au vêlage de 24 mois, un IVV de 378 jours et un stade moyen de lactation de 5,6 mois. Cette maîtrise technique combinée au pâturage dynamique a fait ses preuves sur les résultats économiques.
En effet, le pâturage représente une partie de la ration et le choix d’un tempo judicieux permet aux animaux et à l’herbe de donner le meilleur. Denis fait plutôt vêler fin d’été/début d’automne, ce qui permet aux vaches de passer l’hiver avec des fourrages nouveaux et un stade jeune : c’est tout bénéfice car au moment où sa ration est la plus riche, les animaux ont le potentiel de produire le plus de lait.
Avec la jeune herbe, au printemps lorsqu’elle a une bonne valeur, les animaux sortent en ayant un stade de lactation de 5-6 mois : là encore, ils valorisent bien ce qu’ils pâturent. De juin à août, les stades de lactation sont les plus élevés alors qu’il y a moins d’herbe et de moins bonne qualité. C’est là que l’effectif à la traite est le plus faible.
Éleveur heureux et très bon économiquement et techniquement, Denis est tellement convaincu du lait à l’herbe qu’il va rajouter quelques vêlages au printemps… Il recherche également un salarié pour lui permettre de poursuivre son travail dans de bonnes conditions. Avis aux amateurs, vous pouvez lui adresser votre candidature.
L’EARL Belles des Prés en chiffres
845 000 litres de lait produits par 100 vaches
50 hectares : 40 ha de SFP dont 25 ha de prairies ; 10 ha de cultures de ventes
Location précaire de 5-6 ha maïs et de 9,5 ha pâtures