Aller au contenu principal

À quand une prise en compte du coût de production ?

Les divergences sont encore nombreuses et importantes entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs pour parvenir à un accord avant
le 1er mars. Le point de blocage : la détermination du coût de production.

Le consensus qui avait émergé lors des discussions de la Loi Egalim sont aujourd’hui un lointain souvenir. 
Le consensus qui avait émergé lors des discussions de la Loi Egalim sont aujourd’hui un lointain souvenir. 
© Pixabay

À la veille de la rencontre entre les différents acteurs pour un nouveau tour de table sur les négociations commerciales, les ministères de l’Agriculture et de l’Industrie n’étaient pas très confiants sur l’issue des pourparlers. La réunion qui s’est tenue le 29 janvier a confirmé leurs craintes. C’est sur un quasi-constat d’échec que les acteurs se sont quittés. Les deux ministères le reconnaissent : le comité de suivi des relations commerciales «a fait émerger d’importantes divergences entre l’analyse de la situation par les transformateurs d’une part et les distributeurs d’autre part». Mais également par les agriculteurs qui, par l’intermédiaire de la FNSEA, dénoncent «l’attitude irresponsable de la grande distribution». Toute la question tourne autour de la définition du coût de production. D’ailleurs, la loi Egalim votée en octobre 2018 prévoit “la construction du prix en marche avant”, c’est-à-dire à partir des coûts de production et des coûts de revient des fournisseurs. Or, la grande distribution qui constate une baisse du pouvoir d’achat des Français demande à l’amont (producteurs et transformateurs) de baisser leurs prix de 2 à 4 % selon les produits. «Inadmissible» pour la FNSEA qui constate que «les cours de certaines matières premières augmentent (+ 20 % pour les céréales, + 25 % sur le soja). Ces coûts renchérissent considérablement le coût de l’alimentation animale pour tous les éleveurs». Pour le syndicat agricole, «il est indispensable que ces hausses de coût de production soient répercutées dans les conditions générales de vent».

 

Risque sur la souveraineté alimentaire

Les deux ministres semblent être sur la même longueur d’ondes que les agriculteurs et les transformateurs notamment quand ils déclarent de manière très pudique à propos des distributeurs : «certains comportements interrogent quant à leur conformité à la loi», comportement que le gouvernement «ne comprend pas». Pour ce dernier, les distributeurs  «rompent  (…) le consensus qui avait su émerger des États généraux de l’alimentation et se heurtent aux principes de la loi tel que celui de la construction en avant du prix. En cela, cette attitude fait porter un risque sur la pérennité de notre souveraineté alimentaire». L’Association nationale des industries alimentaires (ANIA) déplore, elle aussi, les pressions exercées par les grandes enseignes sur leurs entreprises, en particulier par des «menaces de déréférencement». Les grandes surfaces recourent de plus en plus aux “pénalités logistiques” (pour livraisons en retard notamment). «Ça devient un centre de profit chez les distributeurs. Ça devient systématique et même choquant», confie-t-on dans l’entourage du ministre de l’Industrie.

 

La solidarité, un lointain souvenir ?

Afin de faire entendre raison aux grandes enseignes, les ministères de l’Agriculture et de l’Industrie ont décidé d’intensifier les contrôles de la loi Egalim menés par les services de la DGCCRF. Ils ont aussi lancé une adresse de signalement (signalement@agriculture.gouv.fr) pour des «prix constatés en magasin qui paraissent trop bas par rapport aux coûts de production ainsi que des problèmes d’étiquetage». Une initiative saluée par la FNSEA qui y voit une manière de limiter «les pratiques abusives et délictueuses constatées lors des négociations». Il reste un peu moins d’un mois pour trouver un accord et mieux répartir la valeur ajoutée tout au long de la chaîne alimentaire. La solidarité affichée lors du premier confinement, entre l’amont et l’aval pour “tenir bon” semble, à ce stade, un lointain souvenir.

 

Les distributeurs pointent l’absence d’indicateurs

«Il y a une faible minorité de projet de contrats [envoyés par les industriels aux distributeurs dans le cadre des négociations commerciales annuelles en cours] qui comportent des indicateurs», a regretté Jacques Creyssel, délégué général de la fédération du commerce et de la distribution (FCD le 2 février. «Très souvent, il n’y en a pas ou alors il y a une liste d’indicateurs mais aucune explication sur comment les utiliser (…) À tel point que certaines enseignes ont dû demander à leurs fournisseurs de compléter leur proposition», renchérit-il. Alors que la loi Egalim prévoit la construction des prix en marche avant en partant des coûts de production agricole, les distributeurs pointent le manque de transparence des industriels. «Il n’y a pas de négociations de premier niveau entre les agriculteurs et les industriels», déplore Jacques Creyssel. De ce fait, il assure que les distributeurs n’ont pas, en cas de hausse de tarif, la vision de ce qui redescend dans les cours de fermes.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Christophe Boizard a engagé sa réflexion autour du développement de son atelier laitier plusieurs années en amont  de sa réalisation.
Élevage laitier : sept ans de réflexion pour ne pas se tromper

Dans un secteur où les cultures entrent en concurrence directe avec l’élevage, Christophe et Caroline Boizard sont «…

Selon les auditeurs, financer la modernisation des équipements d’irrigation a pour conséquence une augmentation  des superficies irriguées.
L’irrigation dans le viseur de la Cour des comptes européenne

Dans un travail portant sur l’adaptation de l’UE aux phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, la Cour des…

Des Picards têtes d'affiche du All star game de la pêche à Amiens

Ces 2 et 3 novembre a lieu le Sipac (Salon international des pêches aux coups) à Mégacité à Amiens. Le All star game ouvre le…

Joël Wissart et Laurence Benoît veulent céder leur entreprise Le Prince Mulard à quelqu’un qui voudra perpétuer le savoir-faire d’exception. Ils sont prêts à l’épauler pour cela.
Le Prince Mulard cherche son repreneur

Le 14 novembre à Péronne aura lieu un Farm’dating, qui permet à des agriculteurs-cédants et à des candidats à la reprise ou à…

Saint-Hubert
Le jour de Saint Hubert, tout un symbole pour les chasseurs français

Le 3 novembre, les chasseurs de toute la France honorent la fête de la Saint-Hubert, une journée emblématique en l’honneur de…

Fécule : l’aide couplée revalorisée

Dans un communiqué de presse du 24 octobre, l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) se félicite de la…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde