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Quelle place pour le maïs grain dans les assolements 2022 ?

Telle était la question à laquelle ont répondu les intervenants à un webinaire organisé par le groupe Réussir. Après une année 2021 record, mais face à l’augmentation des charges de production, les producteurs
s’interrogent en effet sur l’avenir de cette production.

Le maïs profite bien de la conduite sans labour, il explore mieux le sol  et ses ressources hydriques ou minérales, capte plus de CO2 avec ses couverts  qui maintiennent une certaine fraîcheur dans le sol au moment du semis.
Le maïs profite bien de la conduite sans labour, il explore mieux le sol et ses ressources hydriques ou minérales, capte plus de CO2 avec ses couverts qui maintiennent une certaine fraîcheur dans le sol au moment du semis.
© Nicole Cornec

À l’issue de ce rendez-vous, on pouvait être optimiste et se dire que le maïs, pourtant décrié à bien des égards, présente encore des avantages auxquels les producteurs, et notamment ceux du Sud de la France, seront sensibles. En témoigne Daniel Peyraube, président de l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs), le premier à s’exprimer. Avec une moyenne de 110 q/ha en 2021 qui succède à des années bien moins favorables, le maïs, dont un quart de la surface est irrigué, a battu un record de rendement. «100 q/ha vont devenir la norme grâce au progrès génétique, à des performances techniques augmentées et une forte capacité à stocker le carbone», veut croire le responsable professionnel qui pointe néanmoins les difficultés à venir : hausse des prix des engrais et des carburants, enjeux de la Pac 2023 «qui ne doit priver aucun producteur actuel d’un accès aux aides» et la refonte du système assurantiel. 

En ce qui concerne les futures aides Pac, tout l’enjeu réside dans la rotation que l’introduction de couverts entre deux cultures de maïs doit permettre de valider. La culture du maïs est la seule à même de garder une agriculture, donc des hommes, dans certains territoires. Sinon, il faut s’attendre à perdre 15 % de surfaces de maïs, soit 500 000 ha. «Les couverts entre deux maïs ont un intérêt agronomique et en termes de biodiversité et des avantages doivent être pris en compte dans le plan stratégique national que le gouvernement doit valider», insiste Daniel Peyraube.

 

Un marché porteur

Côté économique, Benoît Fayaud, analyste grains du cabinet Tallage, rappelle que le marché du maïs a connu une baisse pendant le premier confinement suite aux restrictions de déplacement. Les USA ont alors fabriqué beaucoup d’éthanol à base de maïs et la hausse des prix a été forte en 2021, continue jusqu’à un léger affaissement récemment. «Mais on est revenu au niveau de 2010 et les stocks mondiaux sont en baisse après la récolte de 2020, alors que la demande, notamment en Chine, reste forte», détaille Benoît Fayaud. La consommation en éthanol étant toujours soutenue et la demande animale mondiale croissante peuvent laisser espérer des cours fermes qui se maintiennent. L’Europe est déficitaire mais, grâce à la très bonne récolte en France, les autres pays membres, Espagne, Pays-Bas, Belgique, Italie et Pologne, devraient trouver leur bonheur dans l’Hexagone. 

Malgré une décroissance du cheptel, les autres utilisations, notamment la production de bioéthanol et d’amidon, poussent la production de maïs. En 2022, l’analyste suivra bien entendu l’évolution de la crise sanitaire, mais également la demande chinoise, tout comme le courant Nina en Amérique latine qui influencera la météo de l’année, les prix du pétrole et des engrais. Les indicateurs sont pour l’instant encourageants.

 

Une plante vertueuse

Bien loin des perceptions habituelles, Frédéric Thomas, producteur en agriculture de conservation des sols, défend le maïs qu’il cultive sur son exploitation, «sans travail du sol qui perturbe le cycle de l’eau, la vie du sol et accélère la minéralisation des éléments». Cette plante pousse l’été et capte un maximum d’énergie solaire en même temps qu’elle refroidit la surface du sol, de l’ordre d’une vingtaine de degrés, ce qui impacte la circulation des nuages et donc les précipitations. De même, les couverts implantés entre deux cultures de maïs captent de l’azote, évacuent l’eau avant les semis et permettent de limiter la fertilisation minérale.

Le maïs profite bien de la conduite sans labour, il explore mieux le sol et ses ressources hydriques ou minérales, capte plus de CO2 avec ses couverts qui maintiennent une certaine fraîcheur dans le sol au moment du semis. «Cette plante est une véritable pompe à énergie solaire dont la culture recèle des marges de progrès à mettre en œuvre : semer tôt, resserrer les rangs, booster la levée, mettre des couverts d’interculture diversifiés pour la biodiversité. Elle nourrit les hommes, les animaux, contribue à la vie du sol, protège les écosystèmes, est utilisée par la chimie verte, produit du biocarburant et des biomatériaux», conclut Frédéric Thomas, véritable passionné du maïs.

Et c’est vrai qu’il existe de nombreuses variétés de maïs adaptées aux conduites et utilisations recherchées par les agriculteurs. Tel était le message de Flore Delsarte, responsable projets agronomiques chez Pioneer, qui rappelait les méthodes de sélection en maïs grain. Après une étape informatique avec des outils de prédiction qui permettent de garder les meilleurs hybrides issus de lignées parentales, ces derniers sont cultivés au champ et leurs critères sont mesurés jusqu’à trouver les variétés «qui s’adapteront aux aléas climatiques, c’est l’enjeu principal de la recherche variétale», exprime Flore Delsarte.

Le stress doit être limité tout au long du développement de la plante afin que le nombre de pieds, le nombre de grains par pied et leur poids soient optimaux. Pour cela, Pioneer conseille des semis précoces qui limiteront les frais de séchage à la récolte et toute la recherche vise à produire des semences qui sécuriseront la germination avec une levée homogène. «Nous produisons un conseil à la parcelle en fonction des objectifs de l’exploitant : choix variétal, itinéraire technique, récolte et utilisation», détaille la responsable. Ont ainsi été suivis des profils différents : un éleveur de canards gras qui n’a ni irrigation ni séchage et qui recherche une bonne valeur alimentaire du grain et une bonne digestibilité ; un polyculteur dont le maïs précédera un blé et qui recherche une rentabilité avec un rendement qui approchera les 200 q/ha sur certaines zones. «Le maïs est une plante extrêmement souple, multi-usages, multi-filières, qui nécessite peu d’intrants, capte du carbone et permet de lutter contre le réchauffement climatique», conclut Flore Delsarte.

Nul doute que chacun puisse trouver la variété de maïs grain adaptée à son contexte pédo-climatique et sa destination. Assurément, le maïs a encore de l’avenir.

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