Quelles cultures dans un précédent betteraves traitées aux NNI ?
Un arrêté de début février 2021 a donné le retour provisoire de traitement de semence à base de néonicotinoïdes (NNI) en respectant des conditions pour la culture de la betterave sucrière.
Un arrêté de début février 2021 a donné le retour provisoire de traitement de semence à base de néonicotinoïdes (NNI) en respectant des conditions pour la culture de la betterave sucrière.
La betterave bénéficie d’un traitement de semences particulièrement efficace dans la lutte contre le puceron vert Myzus persicae vecteur du virus de la jaunisse : les NNI. Seulement, cette dérogation se terminera en 2024.
Les planteurs bénéficient donc d’un sursis de trois ans, sous conditions : n’utiliser des semences traitées néonicotinoïdes qu’une seule fois dans chaque parcelle lors des trois prochaines années, réduire la dose de 25 % de néonicotinoïdes appliquée en enrobage de semences, favoriser la biodiversité à l’échelle des exploitations en développant des surfaces de plantes mellifères, mettre en place des parcelles de betteraves «pilotes» sans néonicotinoïdes. Se passer de ce traitement, c’est prendre le risque d’une année propice à la présence de pucerons virilifères comme en 2020 où de nombreux ronds de jaunisse étaient présents en plaine. Dans des essais de la Chambre d’agriculture de la Somme en 2020, la présence de jaunisse dans les ronds a montré une perte de richesse importante (de 2 à 2,5 points).
D’ici 2024, la filière devra trouver des solutions pour continuer à produire correctement des betteraves. Au printemps 2021, l’Anses a identifié vingt-deux solutions alternatives dans la lutte contre ces pucerons. Quatre solutions à court terme sont citées : deux produits phytosanitaires conventionnels à usage insecticide ainsi que deux pratiques à mettre en œuvre sur les parcelles, à savoir le recours au paillage et la fertilisation organique. Les dix-huit autres solutions devraient être disponibles d’ici deux ou trois ans. Malheureusement, dans le rapport de l’Anses, la plupart des solutions alternatives aux neonicotinoïdes montrent des efficacités insuffisantes pour obtenir une production à la hauteur de ses espérances tant en termes de rendement et de qualité. La filière betteravière se mobilise à travers un vaste plan : le plan national de recherche et d’innovation (PNRI) conduit par l’Inrae et l’ITB. Mais cette recherche nécessite du temps…
Penser rotation
Dès la campagne 2021, les agriculteurs ont dû réfléchir au traitement de semence à choisir pour leur rotation, puisque le traitement de semence NNI n’est possible qu’en fonction du choix de la rotation. Si vous avez implanté en 2021 une betterave avec des semences «néonicotinoïdes», à partir de la campagne 2022, vous pourrez semer dans cette parcelle de l’avoine, du blé, une culture fourragère non attractive, des cultures légumières non attractives, telles que les endives, le moha, les oignons, l’orge, le ray-grass ou le seigle. À partir de 2023, il sera possible d’implanter du chanvre, du maïs, du pavot et des pommes de terre. À partir de 2024, seront enfin possibles le colza, les cultures fourragères mélifères, les cultures légumières mélifères, le lin, la luzerne, la phacélie, les pois, les radis, le tournesol, le trèfle, la vesce…
Quelques mesures d’atténuation existent. Il sera par exemple possible de semer du colza en N+2, uniquement s’il y a sur au moins 10 % de la sole de colza de l’exploitation : l’implantation d’un mélange composé de 50 % d’une variété précoce à floraison (de type ES Alicia ou équivalent), et sur laquelle n’ont pas été cultivées des betteraves traitées NNI au cours des trois années précédentes. Il sera aussi possible de semer du maïs en N+1 s’il y a au moins 18 rangs de betteraves (au moins 8 m) sans NNI, sur le pourtour des parcelles traitées avec ces traitements de semences ; ou si en 2021 et 2022 l’implantation de surfaces mellifères représente 2 % des surfaces implantées en semences betteravières traitées NNI.