Des opportunités pour diversifier son assolement
Impasses techniques, problèmes de désherbages, changement climatique ou encore nouveaux débouchés : diversifier son assolement peut être une bonne solution.
Impasses techniques, problèmes de désherbages, changement climatique ou encore nouveaux débouchés : diversifier son assolement peut être une bonne solution.
Tournesol, lentille, pois chiche ou encore soja, diversifier son assolement peut être une réponse aux différentes impasses techniques et agronomiques. Par exemple, l’introduction d’une nouvelle culture va permettre de lutter contre différents bioagresseurs. Cela peut également réduire les risques liés aux accidents climatiques et/ou sanitaires de l’année et donc consolider le revenu des exploitations.
L’introduction d’une nouvelle culture dans son assolement donne l’opportunité de développer des filières locales et peut aussi répondre à des objectifs stratégiques comme, par exemple, augmenter l’autonomie alimentaire de son troupeau.
En ce qui concerne la production de protéines, les débouchés concerne à la fois l’alimentation humaine et l’alimentation animale.
Conscient de l’enjeu, le gouvernement a lancé, au début de cette année, un plan de relance «protéines» afin de favoriser le développement de la production de protéines végétales, de réduire la dépendance de la France aux importations et de permettre aux éleveurs d’améliorer leur autonomie alimentaire.
Ce plan de relance intervient sur différents volets comme la recherche et développement. C’est dans ce cadre que la Chambre d’agriculture de la Somme participe au programme «Cap Protéines» en partenariat avec Terres Inovia.
L’objectif est de suivre des parcelles de soja du semis à la récolte, afin d’identifier les avantages, les freins et les leviers pour la réussite de cette culture. Trois parcelles dans la Somme et dix en région permettront d’observer le comportement de cette culture dans différents contextes pédoclimatiques.
L’acquisition de références techniques et de valeurs économiques est essentielle pour avancer dans la modification de son assolement. La chambre d’agriculture produit des références technico-économiques sur les nouvelles cultures depuis plusieurs années et accompagne des agriculteurs qui ont déjà fait le choix de diversifier leur assolement grâce à ces nouvelles cultures (tournesol, pois chiche, lentille...).
À chaque culture ses spécificités
Le choix d’une rotation diversifiée doit tenir compte de contraintes techniques (type de sol, région, possibilités d’irrigation…) et économiques (temps de travail, débouchés…). Voici quelques exemples de cultures :
Le tournesol : les surfaces de tournesol sont en nette progression depuis 2018 : soit en remplacement de certaines cultures ou alors du fait du contexte climatique. En effet, le tournesol de par sa physiologie est une plante moins gourmande en eau, capable de supporter un stress hydrique d’une centaine de millimètre qui, de ce fait, valorise bien les terres séchantes. L’itinéraire technique se rapproche de celui d’un maïs grain. Avec des variétés précoces, la période de semis optimale se situe pendant la première décade d’avril. Le tournesol est une culture moins exigeante en chaleur que d’autres espèces (son 0 de végétation est de 4,5°C contre 6°C pour le maïs et 8°C pour le sorgho). En général, pour une date de semis au 15 avril la récole aura lieu vers le 20 septembre. La maturité précoce et le climat automnal de ces dernières années permettent une récolte sans frais de séchage. Les charges oscillent, quant à elles, entre 250 € et 300 €/t et comprennent les semences, le désherbage et la fertilisation. Ce qui est le plus difficile à gérer, ce sont les attaques d’oiseaux à la levée. Les limaces sont aussi des ravageurs connus de cette culture. Pour la récolte, il est fortement conseillé d’adapter la barre de coupe avec des plateaux spéciaux.
Le pois chiche : le pois chiche s’adapte bien à notre région et valorise les terres superficielles ainsi que les sols argilo-calcaires. L’itinéraire technique se rapproche de celui d’un pois protéagineux de printemps. Le pois chiche se sème en mars et se récolte début août. Les rendements oscillent entre 15 et 25 q/ha. Il présente la particularité de posséder des glandes sur ses folioles et des gousses qui secrètent une grande quantité d’acide malique, repoussant ainsi la plupart des insectes (à l’exception de chenilles de noctuelles et de mineuses qui se nourrissent de leurs feuilles et jeunes graines). Autre avantage, le pois chiche étant une légumineuse, cela fait de cette culture une très bonne tête d’assolement et, contrairement au pois, il n’est pas sensible à l’aphanomyces.
Le soja : le réchauffement climatique et les progrès génétiques avec l’arrivée sur le marché de variétés 000 font que la culture du soja devient possible dans le sud de la Picardie. Le soja est une culture économe en intrant qui ne demande pas de matériel spécifique. C’est un bon précédent à céréales à paille. Sur les dernières années, les rendements vont de 10 à 20 q/ha.
Il est recommandé d’inoculer la semence de soja avec les bactéries permettant la fixation symbiotique qui sont absentes dans nos sols.
Témoignage
Gaëtan Dufrenoy, agriculteur sur le Plateau Picard Sud près de Conty
Ces deux cultures s’adaptent bien aux sols argilo-calcaire et résistent plutôt bien au stress hydrique. Je me suis aussi orienté vers ces deux cultures car les débouchés sont présents grâces à la coopérative de Milly sur Thérain pour le tournesol et Ternoveo pour le pois chiche. L’intérêt est également que les itinéraires techniques ressemblent respectivement au maïs grain au pois protéagineux, deux cultures déjà présentes dans mon assolement. Cette année, j’ai implanté 6 ha de tournesol et 2 ha de pois chiche».