Betteraves
Quelques leviers à utiliser pour réussir ses betteraves bio
Fertilisation, désherbage, conditions de semis ou encore choix variétal ont été dernièrement abordés par l’Institut technique de la betterave (ITB) lors d’un webinaire dédié à la conduite en agriculture biologique.
Fertilisation, désherbage, conditions de semis ou encore choix variétal ont été dernièrement abordés par l’Institut technique de la betterave (ITB) lors d’un webinaire dédié à la conduite en agriculture biologique.
Malgré un contexte compliqué pour un certain nombre de productions bio, la culture de la betterave sans produits de synthèse intéresse, et la preuve en a été donnée mercredi 14 décembre avec l’organisation d’un comité technique dédié par l’ITB qui a réuni environ 80 participants. Au programme de cette rencontre, on a pu suivre des interventions sur la fertilisation, le désherbage, le semis, le choix variétal ou encore le développement de la robotique pour réussir dans les meilleures conditions sa culture de betteraves sans interventions chimiques de synthèse.
Vigilance sur l’azote et le bore
Premier thème abordé, celui de l’azote. Dans un contexte de prix élevé pour les solutions azotées, «la réalisation d’un reliquat azoté à la sortie de l’hiver est essentielle», rappelle Ghislain Malatesta. Le calcul du reliquat va en effet permettre d’ajuster les apports futurs pour couvrir les besoins de la betterave (220 unités), et de réaliser une économie potentielle en apportant seulement la dose manquante. «L’enjeu peut être de 30 à 40 unités», constate M. Malatesta. Pour être efficace, le reliquat devra être réalisé dans chaque parcelle de betteraves. L’apport d’azote complémentaire conseillé par l’outil d’aide à la décision (OAD) Azofert sera, quant à lui, à effectuer au printemps pour permettre une libération rapide, et son utilisation par la plante au moment où elle en a le plus besoin.
Craquelures sur feuilles, cœur noir et pétioles craqués ou encore racine liégeuse sont les signes d’une carence de la betterave en bore. Oligo-élément essentiel à la betterave, le bore est naturellement présent dans le sol mais sa disponibilité dépend de sa nature et du climat. Or, constate Ghislain Malatesta, «il est trop tard quand les symptômes sont là…» L’apport de bore peut s’effectuer de deux manières : dans le sol et/ou en végétation. Toutefois, note le directeur du département Expérimentation et expertises régionales de l’ITB, «quel que soit le produit utilisé, c’est la quantité de bore élément apportée qui détermine la quantité d’engrais à appliquer».
Faux-semis et désherbage manuel
Après la fertilisation, l’autre étape à ne pas négliger pour la réussite de sa culture de betteraves bis est celle de l’implantation. Réalisés avant le semis, les faux-semis sont une manière de limiter la concurrence des betteraves avec les adventices, sans avoir recours à des solutions de désherbage chimique. La première intervention consiste à un outil de préparation du sol «classique» plutôt qu’un outil de type «herse étrille» qui assèche le sol. Selon des essais réalisés par l’ITB dans l’Aisne en 2021, la réalisation de trois faux-semis permettrait de réduire de 73 % la présence de mauvaises herbes dans une parcelle. «Avec le faux-semis, constate Ghislain Malatesta, on retarde la date de semis, mais cela vaut la peine parce qu’on limite considérablement la présence d’adventices.» Le «bon» moment pour pratiquer un faux-semis est lié à la présence visible d’adventices. «Il faut leur laisser le temps de lever…, conseille M. Malatesta. Une fois que l’on en a terminé avec les faux-semis, on peut semer dans les 24 à 48 h qui suivent.» Pour lui, «l’objectif à viser est le zéro désherbage manuel». S’il ne permet pas d’éliminer 100 % des adventices d’une parcelle de betteraves, le faux-semis va permettre d’économiser entre «50 et 60 h de main-d’œuvre à l’hectare pour le désherbage», selon l’ITB ; soit la moitié du temps requis. «Finalement, on remarque que le coût du faux-semis est négligeable par rapport à celui de la main-d’œuvre», souligne-t-on également du côté de l’ITB. Quant à l’incidence d’un décalage de la date de semis pour permettre la réalisation des faux-semis, il est encore jugé faible par rapport aux pertes que pourraient engendrer un loupé dans la stratégie de désherbage : «Il y a plus à perdre d’une parcelle sale que d’un semis tardif», estime le directeur du département Expérimentation et expertises régionales de l’ITB.
Bâchage et repiquage
En ce qui concerne l’implantation, deux années d’essais (2021, 2022) menés à Bazancourt (51) par la délégation régionale Champagne-Yonne de l’ITB donnent un avantage à la technique du bâchage des betteraves bio. Le principe est de semer des betteraves sous une bâche biodégradable de couleur noire. Le résultat ? Un développement plus rapide des betteraves semées sous bâche, un gain de productivité en faveur de la modalité sous bâché (+16 % en 2021, + 12 % en 2022), un indice de propreté plus important avec bâche, ou encore une pression parasitaire moindre, «sans doute par l’effet de perturbation visuelle», constate Maxime Allart. Le montant des charges à l’hectare apparaît plus élevé sur la modalité classique que pour la modalité avec bâche (2 822 €/ha
contre 2525 €/ha). Le gain de rendement obtenu par le bâchage permet, quant à lui, une plus-value de 680 €/ha, calculée sur la base d’un rendement supérieur de 8,5 t/ha et un prix de 80 €/t.
Également testée par la délégation Champagne-Yonne de l’ITB, la technique du repiquage n’a, quant à elle, pas vraiment donné les résultats escomptés, mais donne seulement lieu à une énumération d’avantage et d’inconvénients. Si le repiquage permet une protection plus importante contre les ravageurs qu’un semis «classique» grâce à un semis réalisé à partir du stade «4 feuilles», on constate d’autre part une proportion forte de betteraves fourchues et un coût du plant… élevé, même pour une production bio.