Fertilisation
Quels gains apportés par les techniques d’incorporation et de localisation ?
La flambée des prix des fertilisants oblige les agriculteurs à mener une réflexion sur les techniques de réduction et d’optimisation des quantités utilisées. Il ne suffit pas de réduire les doses et d’amener le fertilisant au plus près de la plante, son positionnement doit être rigoureux pour en tirer tous les bénéfices. Tour d’horizon des techniques et leurs bénéfices avec les conseillers de la Chambre d’agriculture de la Somme.
La flambée des prix des fertilisants oblige les agriculteurs à mener une réflexion sur les techniques de réduction et d’optimisation des quantités utilisées. Il ne suffit pas de réduire les doses et d’amener le fertilisant au plus près de la plante, son positionnement doit être rigoureux pour en tirer tous les bénéfices. Tour d’horizon des techniques et leurs bénéfices avec les conseillers de la Chambre d’agriculture de la Somme.
Les bénéfices de l’incorporation des engrais minéraux et organiques
Les degrés de volatilisation diffèrent selon la forme d’azote minérale utilisée passant de 1,9 %
pour l’ammonitrate 27 à 7,9 % pour la solution azotée et 13 % pour l’urée.
Connaitre les techniques qui permettent de limiter ces pertes est primordial. C’est ce que présente le programme
Épand'Air.
Les engrais minéraux
Le fait d’enfouir, d’épandre avant une pluie ou de localiser les engrais minéraux va permettre de diminuer la perte par volatilisation de 65 à 85%. Au niveau des engrais organiques, nous distinguons la forme liquide de la forme solide. En effet, les lisiers pourront avoir des pertes par volatilisation de l’ordre de 25% contre 6% pour les fumiers et composts.
Les engrais organiques
Il est conseillé, dans la mesure du possible, d’enfouir immédiatement les produits organiques liquides à une profondeur d’environ 10 à 15 cm pour réduire la volatilisation d’environ 80%. En cas d’épandage sur sol sec comme en cette période, il est fortement recommandé de travailler préalablement le sol pour permettre une meilleure infiltration et faciliter l’incorporation de l’effluent liquide.
Le fractionnement de la dose minérale à apporter, peut quant à lui, permettre de réduire la dose en optimisant les besoins de la plante par rapport à son développement et sa faculté à se nourrir. A chaque culture, sa stratégie ! S’agissant de la pomme de terre, il est possible d’apporter 2/3 de la dose à l’implantation de la culture et le reste en cours de végétation (avec l’appui d’un outil de pilotage pour apporter la dose nécessaire à la plante).
Les conseils de la Chambre d’agriculture sur leurs techniques d’incorporation
1. Tenir compte de la salinité avant de localiser l’engrais minéral
L’indice de salinité est une mesure de l’effet d’un engrais sur la concentration en sel de la solution du sol. L’application d’engrais à fort indice de salinité (notamment l’azote, le potassium et le soufre) peut déplacer l’équilibre ionique du sol et entraîner des pertes en eau par osmose. Ces transferts d’eau peuvent aller jusqu’à provoquer des dégâts pour les cultures en place par déshydratation du germe.
Lorsque l’indice de salinité est inférieur à 30 (comme le DAP 18.46), il est possible d’incorporer l’engrais dans la ligne de semis. En revanche, s’il est supérieur à 30
(Ammonitrate, urée,..), il est impératif de le décaler de la ligne de semis.
2. Matériel & localisation
S’agissant de la betterave sucrière, le développement foliaire au printemps est plus rapide et plus important lorsque la fertilisation est localisée. Cette couverture plus rapide permet un gain de rendement du fait d’une limitation de la concurrence adventice.
Le positionnement optimal de l’engrais doit être décalé de 7 cm de la ligne de semis et enfoui 2 cm
en dessous du niveau de la semence. Pour les autres cultures comme la pomme de terre ou le maïs, il est conseillé en cas de doute de brûlure des germes, de décaler de 5 cm de la ligne de semis en enfouissant de 5 cm par rapport au niveau de la semence.
En application localisée sur betterave, l’ITB conseille de ne jamais dépasser la dose de 140 kg/ha. Le fait de localiser l’azote va permettre d’optimiser son efficience et ainsi permettre une réduction de la dose (cf tableau ci-dessous © Sources : Institut Technique de la Betterave).
La diminution des doses apportées est à réfléchir en fonction du précédent et du type de sol et peut varier de 75 à 90 % de la dose conseillée en plein. Pour les autres cultures, le fait de localiser de l’azote va permettre généralement une réduction de 20 % de la dose localisée.
Pour les cultures sarclées, l’investissement matériel d’une régulation peut rester abordable (entre 2 000 et 3 000 € sans le montage de la localisation sur le semoir ni la cuve avant).
Pour les pommes de terre, il existe des systèmes qui permettent de localiser l’engrais juste devant la butte (type Cadart, pour un investissement complet compris entre 15 et 20 000 €).
3. Quelques pistes pour le phosphore
Divers essais démontrent le réel intérêt de localiser le phosphore notamment en colza et en maïs.
Nous observons une vraie différence entre la modalité en plein et en localisé.
Cependant, à travers les différents essais, l’apport de 30 U de phosphore est bien suffisant.
Pour le maïs, la localisation du phosphore est plutôt intéressante dans des conditions difficiles (sol froid, excès d’eau, forte acidité…).
Plusieurs pistes d’association de formes azotées liquides à du phosphore sont à tester en raison d’un éventuel risque de déphasage des engrais et donc, une mauvaise répartition de la dose d’azote dans la parcelle. Dans le doute, il faudra utiliser une cuve à deux compartiments.
Vous vous interrogez sur la réduction des doses de fertilisant et souhaitez optimiser votre stratégie ? Prenez conseil auprès de la Chambre d’agriculture !