Robot de traite et pâturage : motiver plutôt que contraindre
Robot de traite ne rime pas souvent avec vaches à l’herbe. Pourtant, certains éleveurs parviennent à maintenir leurs objectifs de pâturage sans pénaliser les indicateurs de production du robot. Parmi eux, la fréquentation de l’automate par les animaux est cruciale. Comme dans un élevage sans pâturage, il faut chercher à répartir de manière homogène les traites quotidiennes. Mais avec des animaux en pâture… mieux vaut avoir une stratégie !
Robot de traite ne rime pas souvent avec vaches à l’herbe. Pourtant, certains éleveurs parviennent à maintenir leurs objectifs de pâturage sans pénaliser les indicateurs de production du robot. Parmi eux, la fréquentation de l’automate par les animaux est cruciale. Comme dans un élevage sans pâturage, il faut chercher à répartir de manière homogène les traites quotidiennes. Mais avec des animaux en pâture… mieux vaut avoir une stratégie !
La première erreur serait d’aller chercher les animaux deux fois par jour. Cette stratégie engendrerait un attroupement devant le robot. Avec une capacité de traite moyenne de huit vaches par stalle et par heure, certaines attendront cinq à six heures. Il faut donc parvenir à réguler la circulation tout au long de la journée et de la nuit. Pour cela, chaque éleveur doit élaborer sa propre recette à base de beaucoup de motivation et d’une pointe de contrainte.
Les équipements nécessaires
La sortie sélective du bâtiment est un équipement indispensable pour tout éleveur qui souhaite conduire son troupeau au pâturage. Selon les données de traite, le robot sélectionne uniquement les animaux dont la fréquentation est suffisante. Les sorties en pâtures sont mieux réparties sur la journée ainsi que la fréquentation au robot. C’est aussi une partie de la réponse aux retours groupés des animaux évoqués précédemment.
La bonne circulation des animaux étant prépondérante, il est indispensable de concevoir un circuit extérieur simple, rapide (court) et en bon état. Face à un bourbier, les vaches risquent de réfléchir à deux fois avant de sortir du bâtiment ou y revenir. La distance des pâtures les plus éloignées ne devrait pas excéder 500 m (cinq à six minutes de marche pour une vache motivée).
Manger-bouger
Pour motiver une vache à bouger, rien ne marche mieux que le langage de l’estomac. En adoptant les bonnes pratiques, ce «moyen de pression» est la clé de la conduite du troupeau. En revanche, l’eau d’abreuvement ne rentre pas dans les aliments «moteurs». Supprimer les points d’eau des pâtures pour obliger les vaches à revenir est une fausse bonne idée. En effet, la vache va d’abord diminuer son niveau d’abreuvement, au détriment de la production, avant de revenir étancher sa soif au bâtiment.
La vache est un animal gourmand. Il faut profiter de cette qualité pour l’inciter à aller profiter d’une herbe fraîche tous les jours. Pour cela, le pâturage tournant dynamique est idéal, le changement de paddock quotidien (voire biquotidien) garantit une herbe appétente. Les essais en pâturage «classique» génère des variations de production et de fréquentation au robot. En effet, le premier jour de pâturage d’une nouvelle parcelle, les vaches ne reviennent pas naturellement. Les 2e et 3e jour sont plus conformes au fonctionnement recherché. Mais le 4e jour, les vaches vont refuser de sortir en pâture.
Pour terminer, la distribution de concentrés au robot reste une source de motivation de passage au robot. Mais en période de pâturage, ce levier perd un peu d’efficacité. Les qualités nutritionnelles de l’herbe ont tendance à réduire l’intérêt des vaches pour les concentrés. L’herbe est moins déséquilibrée et elle apporte un effet de satiété supérieur à une ration à base de maïs.
Adapter la complémentation à l’auge
La conduite au pâturage d’un troupeau robotisé est plus facile en conservant une complémentation à l’auge toute l’année. En effet, la ration distribuée est un des leviers à actionner pour fluidifier la circulation des animaux. La quantité de maïs à l’auge est à adapter selon la qualité du pâturage du jour précédent. L’objectif est de ne pas «gaver» le troupeau à l’auge.
Toutefois, il est possible de fermer le silo et de supprimer la ration de complémentation. Une solution consiste alors à mettre en place un double circuit quotidien. L’idée est de contraindre les vaches à passer par le robot pour accéder au paddock suivant.
Le maintien du pâturage dans un élevage qui s’équipe d’un robot de traite est donc tout à fait possible. Mais trop souvent les habitudes des éleveurs conjuguées à celles des animaux aboutissent au découragement des premiers. Pour y parvenir, il est essentiel de s’y préparer en prenant exemple sur des élevages où cela fonctionne et en s’entourant de spécialistes qui sauront bâtir et ajuster la stratégie. Au-delà de ces spécificités, le pâturage du troupeau laitier conserve ses avantages nutritionnels, économiques, sur le bien-être animal et peut même être une occasion supplémentaire pour l’observation des animaux, autre point important de la conduite d’un troupeau robotisé.
Gérer la mise à l’herbe
Cependant, la mise à l’herbe se prépare. Il est par exemple recommandé d’actionner la porte sélective en sortie de robot pour habituer les vaches à sortir après la traite. Pendant une à deux semaines, ces sorties ne seront qu’un bref passage extérieur puisque l’accès aux pâtures reste fermé. Une fois ce laps de temps passé, la quantité d’herbe offerte aux vaches peut augmenter progressivement.
Une journée type d’un élevage robotisé et pâturant
À partir de 3h, le robot envoie les vaches fraîchement traites en pâture. Cet horaire très matinal, voire nocturne, présente l’avantage de motiver les vaches à passer au robot à un horaire habituellement plus calme pour accéder à l’herbe fraîche avant les autres congénères. À 17h, le robot bloque l’accès au pâturage pendant que l’éleveur distribue la ration de complémentation à l’auge. Environ une heure après, l’éleveur peut aller chercher les éventuelles retardataires en pâture. À cette occasion, il juge la qualité du pâturage et adapte la complémentation pour le lendemain en déplaçant le fil par exemple.