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Elevage laitier
Robot de traite et pâturage sont compatibles sous conditions

En 2019, Vincent et Christophe Parmentier ont fait le choix d’installer un robot de traite dans leur élevage de Saint-Léger-les-Domart. Pour eux, pas question d’abandonner le pâturage. Avenir conseil élevage (ACE) y consacrait une rencontre technique estivale ce 21 juin. 

Vincent et Christophe Parmentier sont équipés d’un robot de traite depuis 2019 pour leurs 71 vaches. Ils n’ont pas abandonné l’aire paillée ni le pâturage du troupeau.
Vincent et Christophe Parmentier sont équipés d’un robot de traite depuis 2019 pour leurs 71 vaches. Ils n’ont pas abandonné l’aire paillée ni le pâturage du troupeau.
© A. P.

L’utilisation de robots de traite est souvent liée à la distribution d’aliments stockés et de concentrés pour nourrir les vaches. Pourtant, Vincent et Christophe Parmentier, installés en Gaec à Saint-Léger-les-Domart, prouvent que concilier robot et pâturage est possible. Avenir conseil élevage (ACE) invitait ses adhérents à le constater lors d’une rencontre technique estivale ce 21 juin.

Au Gaec Parmentier, le passage de la salle de traite au robot s’est fait en 2019, sur aire paillée intégrale. «Nous voulions répondre à un besoin de main-d’œuvre. Nous ne sommes que deux, pour 71 VL (vaches laitières), leurs élèves, et 160 ha de SAU», explique Vincent. Pour autant, l’abandon du pâturage n’était pas envisageable. «On a toujours mis nos vaches à l’herbe. Et puis nous sommes engagés dans une filière lait non OGM chez Sodiaal, avec un cahier des charges qui impose le pâturage.» 

La surface fourragère de l’exploitation comprend 27 ha de prairie, dont 18 disponibles pour les VL. Une surface suffisante. «Il faut compter 10 à 15 ares par vache au minimum», précise Franck Petit, conseiller ACE. L’expert liste les critères de réussite : «une bonne circulation des VL, les motiver à sortir avec de l’herbe appétante, et les motiver à revenir avec une ration à l’auge, maintenir l’eau dans les prairies, et surtout, bien gérer les sorties.» Faute de porte de sortie automatique, Christophe et Vincent gèrent l’accès aux pâtures eux-mêmes. «De toute façon, il faut bien aller aux vaches», commente Vincent. 

 

Gérer la pousse

Le plus gros boulot est au printemps, alors que la pousse de l’herbe est forte. «À cette période de l’année, on découpe le parcellaire et on fait des rotations fréquentes.» Pour Sophie Gruener, spécialiste du pâturage chez ACE, «faire pâturer au bon stade est impératif». Celui-ci correspond à 14 cm, pour un meilleur ratio UF (unité fourragère)/MAT (taux de matière azotée), soit une herbe qui arrive à mi-botte. Il convient de ne pas laisser brouter en-dessous de 5 cm. Quant à l’apport d’azote, accélérateur de la pousse de l’herbe ? «Il faut le raisonner par rapport à la date de fauche ou de mise à l’herbe.» Franck Petit ajoute que le pâturage implique d’accepter de réduire le nombre de traites quotidiennes. «Ici, on passe de 2,6 traites/VL l’hiver à 2,3 traites/VL l’été, mais la quantité de lait ne bouge pas, car les traites sont plus grosses.»

Pour ce qui est de l’apport à l’auge, les éleveurs misent sur une ration assez diversifiée. La base reste le maïs ensilage (35 kg), auquel s’ajoutent 15 kg de fourrage vert, 4 kg d’ensilage de méteil, 0,3 kg de paille de colza ou miscanthus, 2 kg de farine de maïs, 1,5 % de tourteau de colza, 0,1 kg d’urée, et un peu de minéraux. Une complémentation est apportée au Dac. «Les éleveurs ont fait le choix du méteil il y a cinq ans, pour valoriser les terres blanches. Avec un climat de plus en plus sec, il s’agit de sécuriser l’apport de fibres et de MAT pour limiter le risque d’acidose», commente Julien Lamy, conseiller ACE. Ce méteil est constitué de 25 % de céréales et de 75 % de légumineuses : vesce, triticale, pois, féveroles et trèfle incarnat. «On en sème 16 ha l’automne, au semoir de semis direct à dents, à 180 kg/ha. On fait un apport de fumer avant», note Vincent. Ce méteil a été ensilé il y a trois semaines, au stade laiteux-pâteux de la céréale. «On vise un objectif de 35 % de matière sèche pour optimiser la conservation.» Un méteil d’été a été semé après la récolte. «Pour ce genre de mélange, la reprise en végétation est longue, mais il ne faut pas s’affoler, car elle part d’un coup.»

Dans leur système, les éleveurs flèchent quelques leviers d’amélioration : réduire l’apport de paille «morte» de colza ou miscanthus dans la ration qui nécessitent plus de concentré, et surtout, l’aménagement des chemins qui sont soit trop boueux, soit trop secs, pour réduire les problèmes de pattes. 

 

Bons pieds, bonne vache

La santé des vaches démarre par celle de ses pieds. Voilà un an que Christophe et Vincent Parmentier font appel aux services de Damien Régnier, pédicure bovin chez ACE, pour du préventif comme du curatif. «Ici, les vaches souffrent assez peu de boiterie. Mais on constate tout de même des problèmes de lésions traumatiques, type concavité (des pieds longs et larges) et des ouvertures de lignes blanches.» Il faut dire que les vaches, croisées Montbéliardes, sont lourdes. «L’aire paillée a un effet matelas et réduit la douleur lorsqu’elles se déplacent.» L’œil expert du pareur ne suffit pas toujours à mettre le doigt que la cause d’un problème. «Pour un même syndrome, il peut y avoir des causes différentes.» Le pied réagit en plus après un traumatisme. «Un dérèglement alimentaire ou un stress thermique se traduit sur le pied deux mois après.» La parage est une dépense rentabilisée. «La boiterie est la deuxième cause de réforme après la mammite. Un ulcère ou une cerise peuvent coûter 400 à 600 € par lactation.»

 

Notions utiles 

Les résultats économiques ? C’est le nerf de la guerre dans chaque exploitation. Pour pouvoir s’y retrouver, Dominique Manneville, conseiller ACE, donnait quelques points de repères. La marge sur coût alimentaire, tout d’abord, est liée au coût du fourrage et du concentré et de la quantité distribuée. «Elle aide l’éleveur à raisonner ses choix techniques en préservant la cohérence de son système de production.» Comptez 6 à 10 €/VL/jour en ce moment. L’EBE (excédent brut d’exploitation), ou bénéfice brut d'exploitation, ensuite, «correspond à la ressource d'exploitation dégagée par une entreprise. Il ne prend pas en compte les produits et charges exceptionnels, ni les amortissements ni la politique de financement de l'entreprise.» Comptez en moyenne en 2020 115 à 120 €/1 000 l. «Cet EBE devrait augmenter de 20 €/1 000 l cette année.»
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