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Ruralité : « Où sont les femmes ? »

La publication du rapport de la délégation au droit des femmes le 14 octobre n’a rien d’anodin puisque le 15 octobre correspond à la journée internationale des femmes rurales. Pas moins de 11 millions d’entre elles vivent dans les campagnes françaises et c’est sur leur sort que les sénatrices et sénateurs se sont penchés cette année.

La délégation détaille soixante-dix propositions dont sept spécifiques aux agricultrices. Elle incite les collectivités locales à réduire l’éloignement et l’isolement des femmes rurales en développant des transports publics ponctuels.
© Pixabay

Dans ce volumineux rapport de près de 250 pages, les parlementaires ont étudié huit thèmes : la mobilité, la jeunesse, l’insertion professionnelle, l’entreprenariat, l’accès aux soins, les violences conjugales, l’engagement politique et naturellement le métier d’agricultrice.

soixante-dix propositions

D’une manière générale, les femmes sont, selon la délégation, le «parent pauvre» de la ruralité. «Où sont les femmes ?», s’interroge ainsi la présidente de la Délégation, Annick Billon (UDI Vendée), reprenant les propos de la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, surprise que dans les 181 mesures de l’Agenda rural de 2018, «deux sujets étaient totalement absents : l’égalité hommes-femmes et les problématiques LGBT en zone rurale».

Pour les membres de la délégation, il ne fait aucun doute que «le manque de mobilité, l’éloignement des services et l’insuffisance de la couverture numérique apparaissent comme les principales difficultés des territoires ruraux, et tout particulièrement des femmes qui y résident». La délégation qui détaille soixante-dix propositions dont sept spécifiques aux agricultrices (lire encadré) incite les collectivités locales à réduire l’éloignement et l’isolement des femmes rurales en développant des transports publics ponctuels.

Elle suggère aussi d’élargir le champ des possibles pour les jeunes filles «au sein et en dehors des territoires», en encourageant des dispositifs de mentorat et en leur permettant «de suivre a minima deux années d’études supérieures à proximité de leur domicile».

Médecine itinérante 

Le rapport souligne surtout le «manque criant de mixité», dans l’insertion professionnelle et l’emploi. En effet, 25 % des femmes travaillent dans les secteurs de la santé et du social, contre 11 % en ville. Ses secteurs féminisés à plus de 75 % sont «plus souvent précaires» avec, de surcroit, des horaires atypiques.

Pour y remédier, elle encourage, en particulier, le développement des filières numériques, des métiers environnementaux et de la «silver» économie dans lesquelles les femmes pourraient trouver leur place.

Faisant chorus au récent congrès de l’Association des maires ruraux de France, la délégation sénatoriale s’alarme des déserts médicaux en milieu rural ajoutant que la santé des femmes «n’est pas considérée comme une priorité. Pas moins de treize départements sont dépourvus de maternités dont le nombre en milieu rural a été divisé par trois en quarante ans !» Il faut «généraliser à tous les départements ruraux les solutions de médecine itinérante» mais aussi «déployer les téléconsultations notamment gynécologiques»,  plaident les parlementaires.

Sur le dossier des violences conjugales, ils font le constat que les femmes rurales vont victimes de la double peine dans la mesure où elles sont «plus isolées, moins informées» et par conséquent moins protégées. Bien que ce rapport se fasse l’écho de bonnes pratiques innovantes et de solutions originales constatées dans les territoires, il restera à mobiliser les moyens humains et financiers pour appliquer toutes ces propositions.

Le rapport est disponibles sur le site du Sénat 

Agricultrices : « des avancées sociales à parfaire » 

Parmi les sept recommandations spécifiques aux agricultrices, la délégation sénatoriale propose notamment de «limiter pour une durée maximale de cinq ans, le bénéfice du statut de conjoint-collaborateur, tout en veillant au respect strict des mesures visant à mettre fin à l’absence de statut de certaines femmes travaillant sur des exploitations agricoles». Elle souhaite aussi «soutenir et développer la création de réseaux de femmes dans le secteur professionnel agricole» ainsi qu’adapter l’offre du service de remplacement aux contraintes spécifiques du métier d’agricultrice. Elle prévoit en particulier, «une plus grande souplesse de ce service et une plus grande diversité des profils de remplaçants mobilisables». Elle propose enfin «d’instaurer des quotas au sein des instances de gouvernance agricole et réfléchir à l’application de quotas dans les conseils d’administration des coopératives et interprofessions agricoles». 
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