Sana Terra entretient ses fondamentaux
Retours sur la campagne 2018-2019 et perspectives liées à la récolte 2019 ont été au coeur des discussions de la dernière assemblée générale de la coopérative Sana Terra ; sans oublier d'évoquer les investissements qu'elle envisager pour continuer à maîtriser ses charges.
«Les comptes sont bons et les indicateurs sont au vert», se sont réjouis les responsables de Sana Terra, lors de son assemblée générale, courant décembre. À la clé, ce sont donc quelque
439 000 euros qui ont été redistribués aux adhérents de la coopérative en 2019, soit 62 % d'un résultat net de l'exercice 2018-2019 qui s'est élevé à 730 316 euros pour un chiffre d'affaires global de 77 millions d'euros. Ce chiffre d'affaires est le résultat de l'addition des différentes activités de Sana Terra (céréales, approvisionnements, semences et pommes de terre), même si la principale reste la collecte de céréales et de protéagineux.
Le poids de la collecte
Établie à un peu plus de 180 000 tonnes, la collecte des céréales de la récolte 2018-2019 représente pour Sana Terra 49 % de son chiffre d'affaires et 29 % de sa marge brute. Le blé tendre reste de loin la première culture des adhérents de Sana Terra puisqu'il totalise 83,4 % de la collecte. La récolte 2018 se caractérise par un taux d'humidité de 12,35 %, d'un PS de 79,85 kg/hl et d'un taux de protéines de 12,26 %. La meunerie reste pour Sana Terra le premier débouché (38 %) suivi par le débouché fourrager (28 %),
l'amidonnerie (23 %), la biscuiterie (6 %) et l'export (5 %). Son prix moyen s'élève à 175 euros par tonne, toutes qualités confondues, avant redistribution du résultat de la coopérative décidée par l'assemblée générale.
Si l'activité approvisionnements continue de peser lourd dans le chiffre d'affaires et le résultat de la coopérative - le chiffre d'affaires de cette seule activité représente 25,285 millions - les responsables de Sana Terra ont fait part de leur discernement sur le futur de cette activité : «Si la vente d'engrais et des produits de protection des plantes sont des activités importantes, nous devons nous attendre à une baisse dans les années à venir, compte tenu de l'évolution de la réglementation et de la disparition de molécules», a prévenu Jean-François Florin, son directeur.
Espoirs sur la campagne 2019-2020
Une fois le flash-back de la campagne 2018-2019 effectué, la suite des présentations s'est portée sur la campagne 2019-2020. Celle-ci, qui a débuté avec la moisson 2019, devrait sans aucun doute être synonyme d'année «record». La collecte de Sana Terra pourrait en effet atteindre un peu plus de 210 000 tonnes en céréales avec un rendement moyen de 95 quintaux, et oléoprotéagineux. S'ajouteront également quelque 90 000 tonnes de pommes de terre, confirmant la dynamique de cette activité pour Sana Terra. «Ce sera l'une des meilleures campagnes jamais réalisée par la coopérative, proche de celle de 2014, dans un contexte qui n'a pas vraiment favorisé l'augmentation des surfaces», explique Pierre Delignières, président de la coopérative. Six stockages temporaires avaient du être mis en place pour répondre à l'afflux de marchandise. Ces belles perspectives vont permettre à la coopérative de poursuivre un certain nombre de chantiers : «Nous allons continuer à entretenir notre parc immobilier et matériel», indique en premier lieu Jean-François Florin.
Courant 2019, la création d'une plateforme de collecte à Vaire-sur-Corbie, au nord-est d'Amiens en est l'illustration : «Une plateforme comme celle-là, c'est relativement simple puisqu'il s'agit d'une aire bétonnée équipée d'un pont-bascule, mais cela a répondu à un besoin local et permet de collecter jusqu'à 4 000 tonnes», poursuit M. Florin. Une autre plateforme pour le stockage d'engrais devrait, quant à elle, être inaugurée à Toutencourt. Certains silos pourraient également être équipés d'un système de ventilation réfrigérée pour faciliter la lutte contre les insectes... «Ce sont des investissements non productifs, mais nous les faisons petit à petit pour répondre à de nouvelles normes ou améliorer le confort de travail», estime Pierre Delignières.
La station de semences de Sana Terra fait, elle aussi, l'objet de nombreuses attentions, permettant à une quarantaine d'adhérents agriculteurs-multiplicateurs de produire environ 38 000 quintaux de semences de céréales à paille. Si 40 % de cette production sont destinés aux adhérents de Sana Terre, le reste est commercialisé en «circuit long», grâce à un partenariat entre la coopérative samarienne et Semences de France : «Notre adhésion à Semences de France nous a ouvert de nombreuses portes, rappelle M. Delignières. La première chose, c'est que cela nous a permis de profiter de nouvelles génétiques et d'optimiser nos plans de production. Nous pouvons également continuer à investir dans notre outil de production afin de rester performant et cela nous permet enfin de proposer des mélanges de variétés prêts à l'emploi qui répondent aux attentes de nos producteurs.» Comme elle le fait avec la pomme de terre, la semence apparaît plus que jamais pour Sana Terra comme une manière comme une autre pour la coopérative de se diversifier, dans un contexte mouvant, mais sans pour autant s'éloigner des préoccupations et attentes de ses adhérents.
Entre vente et conseil, le choix n'est pas fait
Confrontée comme d'autres organismes de collecte de céréales et d'approvisionnement à devoir choisir entre les activités de conseil ou de vente des intrants, Sana Terra n'a, pour l'heure, pas encore pris sa décision. La raison ? «Nous attendons encore les contours plus précis de cette réglementation, a déclaré Pierre Delignières, lors de l'assemblée générale de Sana Terra. Le gouvernement et les citoyens veulent moins de produits phytosanitaires dans les champs, c'est un fait, et cela va passer par de nouveaux retraits de solutions chimiques pour la protection de nos cultures. Il nous faudra donc trouver de nouveaux leviers. 50 % de la marge brute de notre coopérative vient de l'activité approvisionnements, ce qui signifie que nous allons devoir nous adapter. Mais il faut aussi tenir compte du fait que les marges que nous faisions sur les approvisionnements a toujours été relativement faible. La chose qui est sûre, c'est que nous allons continuer à entretenir nos outils et les moderniser.» Quelques jours plus tard, au siège de Sana Terra, à Rosières-en-Santerre, son directeur rappelait que «la maîtrise des charges a toujours été notre cheval de bataille». Quant au rôle que président et directeur confient à leurs technico-commerciaux, il reste inchangé : «Nous savons que nous pouvons compter sur eux pour répondre à la demande de nos adhérents. Ils sont une courroie de transmission entre les agriculteurs et la coopérative avant d'être des relais de croissance.»
Une activité «pommes de terre» en croissance
Si Sana Terra est reconnue pour être une société coopérative de collecte de céréales et oléoprotéagineux ainsi que d'approvisionnement en agrofournitures, elle est également présente sur le marché de la pomme de terre pour l'industrie. Agissant comme un catalyseur d'offre pour ses clients, la coopérative voit régulièrement ses volumes augmenter : «On est passé de 40 000 tonnes commercialisées en 2011-2012 à 82 000 tonnes en 2018-2019 malgré une campagne qui n'a pas été simple, se réjouit Jean-François Florin. Nous faisons environ 90 000 tonnes en 2019-2020, mais nous devrions approcher les 100 000 tonnes en 2020-2021». Concrètement, comment ça marche ? Sana Terra dispose de contrats avec des entreprises de transformation de pommes de terre en frites et chips dont elle fait profiter ses adhérents en leur fournissant les plants, le suivi technique de la culture, l'analyse des matières sèches, le suivi de conservation des lots, les tests de cuisson ou encore en assurant la gestion du transport. La particularité de Sana Terra est de s'être spécialisée dans des variétés plutôt destinées à la fabrication de chips (70 %) ; le reste du volume étant destiné à la fabrication de frites. La grande majorité des volumes contractualisés par Sana Terra prend la direction de la Belgique (78 %) ; laquelle est suivie par l'Espagne (14 %), la France (5 %) et l'Italie (3 %).