Sécheresse : la Région à la pêche aux idées
Président de la commission agriculture du Conseil régional
des Hauts-de-France, Jean-Michel Serres était fin de semaine dernière dans l’ouest de la Somme pour rappeler les outils d’accompagnement des agriculteurs et lancer quelques pistes de réflexion pour poursuivre cet engagement.
«Quand on voit toutes les contraintes qui nous tombent dessus, on se demande si on veut encore de nous...» Agriculteur à Arry, Thibaut Bourgois témoignait en milieu de semaine dernière des difficultés qu’il rencontre depuis plusieurs mois, voire depuis plusieurs années. Si l’irrigation lui permet encore de sécuriser ses productions de pommes de terre et de légumes, l’année 2020 est toute particulière en raison de la sécheresse qui a touché le département. À cela, il faut ajouter un contexte toujours particulier pour l’élevage - Thibaut Bourgois est également éleveur laitier pour un volume de 450 000 litres -, qui conduisent l’agriculteur à se poser pas mal de questions. Pour faire face à cette situation, la Région Hauts-de-France peut-elle apporter son soutien ? Et comment ?
C’est de cela que le président de la commission agriculture du Conseil régional, Jean-Michel Serres est venu discuter avec une délégation de la FDSEA 80 et de la Chambre départementale d’agriculture. Quelques jours plus tôt, la même démarche était programmée dans les départements voisins de l’Aisne, puis de l’Oise.
Des aides pour des projets de toutes tailles
«La Région Hauts-de-France est aux côtés de ses agriculteurs», a ainsi rappelé Jean-Michel Serres, en préambule. Et de rappeler «qu’en juin dernier, nous avons décidé d’intervenir de manière conjoncturelle», ainsi que sur les dispositifs existants, dont le «Pass’Agri filières» qui permet de soutenir des investissements. Les projets déjà soutenus sont ainsi divers, «de petite taille, mais aussi de taille plus importante», rapporte M. Serres. Pour traduire cette volonté, le Conseil régional cherche désormais d’autres moyens à déployer dans les prochains mois. Pour ce qui est des grandes cultures, pommes de terre et légumes en particulier, une réflexion est engagée pour la mise en place d’un dispositif d’aide à l’investissement dans des matériels d’irrigation innovants (rampes, systèmes de micro-irrigation), et économes en eau. Mais, par ailleurs, s’il se montre favorable à la création de retenues d’eau, le conseiller régional n’en oublie pas le volet réglementaire strict qui l’encadre...
Le volet social de l’élevage
En ce qui concerne l’élevage, Jean-Michel Serres reconnaît sans difficultés que «le manque d’herbe est un vrai problème». En novembre prochain, une délibération portant sur une aide à la régénération des prairies devrait ainsi être votée. Des aides pour faciliter le stockage de pailles et de fourrages pourraient également faire partie des pistes à explorer. Du côté de la FDSEA comme de la Chambre d’agriculture, on s’accorde à considérer qu’un accompagnement des éleveurs à réaliser des bilans fourragers serait bienvenu. Enfin, difficile de ne pas parler élevage sans évoquer le volet «social» de l’activité : «La Région pourrait-elle envisager une politique sociale d’aide aux éleveurs ?, interroge le président de la FDSEA80, Denis Bully. Aujourd’hui, si certaines fermes laitières s’en sortent, c’est parce qu’elles ont la chance d’avoir de la main-d’œuvre familiale. Dès qu’il faut embaucher à l’extérieur, on plombe les comptes et la rentabilité...» Dans une région où l’emploi est le cheval de bataille, le monde agricole entend ainsi rappeler qu’il en est un pourvoyeur qui compte dans le paysage.