Secure Colza : des leviers techniques pour redynamiser la culture
Donner des clés aux agriculteurs pour leur permettre de maintenir leurs surfaces de colza : c’est tout l’objectif de Secure colza, un projet doté d’une plate-forme d’essais que mènent Agrosolutions (InVivo), Noriap et RAGT Semences.
Donner des clés aux agriculteurs pour leur permettre de maintenir leurs surfaces de colza : c’est tout l’objectif de Secure colza, un projet doté d’une plate-forme d’essais que mènent Agrosolutions (InVivo), Noriap et RAGT Semences.
«Pour qu’une culture soit durable, il faut qu’elle soit rentable. Pour le colza, deux obstacles sont à franchir : l’implantation souvent mise à mal par les conditions sèches de la fin d’été et de l’automne, et la pression des insectes, en particulier des altises», résume Philippe Pluquet, responsable technique productions végétales chez Noriap. Voilà un an que la coopérative travaille en partenariat avec le cabinet Agrosolutions, filiale d’InVivo, et avec RAGT Semences, sur le projet Secure colza pour apporter des réponses à ces problèmes.
-1/3 de surfaces
Le constat est alarmant : «En trois ans, nous avons perdu un tiers des surfaces de colza en France, en passant de 1,5 million d’ha en 2017 à 1 million en 2020», alerte Philippe Pluquet. Le constat est le même en Hauts-de-France. Les agriculteurs manquent en réalité de leviers agronomiques pour sécuriser la culture, particulièrement à l’implantation. Pourtant, les experts en sont persuadés, le colza a toute sa place au sein d’une rotation. «C’est une bonne tête d’assolement, qui permet une alternance cultures d’hiver/cultures de printemps qui offre une répartition des risques intéressante et une alternance des produits phytosanitaires utilisés.»
"Travail du sol, date de semis et fertilisation : quelles stratégies gagnantes ?"
«Notre objectif est donc de proposer des itinéraires techniques en fonction de la date d’implantation qui permettent de dégager une marge suffisante», explique Alizée Loiseau, consultante chez Agrosolutions. Trois facteurs influents sur l’implantation du colza sont étudiés sur la plateforme d’essais Secure colza, à Quevauvillers, mise en place en août dernier. La date du travail du sol, tout d’abord. «Une bonne anticipation de l’implantation permet de limiter l’assèchement du sol juste avant le semis», précise Alizée Loiseau. La date de semis, ensuite. Quatre semis ont réalisés entre début août et mi-septembre, au semoir de précision, «qui plombe la graine et favorise le contact avec la terre». Ils permettront notamment d’étudier la dynamique de croissance du colza à l’automne et sa résilience vis-à-vis des bioagresseurs. La fertilisation au semis, enfin. «Diverses options ont été envisagées et croisées, allant de l’absence de fertilisation à une fertilisation en NP starter localisée en passant par l’utilisation de plantes compagnes.» Le croisement de ces trois facteurs permettra d’étudier les stratégies de lutte contre les altises et d’identifier les itinéraires techniques les plus adaptés pour une bonne implantation du colza en fonction de la date de semis.
Premier enseignement : semez le plus tôt possible !
En ce début de mois d’avril, quelques enseignements peuvent déjà être tirés. «Notre conseil est d’être opportuniste et d’implanter le plus tôt possible, soit dès que la pluie est annoncée», assure Alizée Loiseau. L’implantation précoce permet entre autres d’atteindre le stade 4 feuilles avant l’arrivée des altises. Sur Secure colza, les premiers semis ont été effectué le 7 août et ont bénéficié de 42 mm d’eau dans la nuit du 12 au 13 août. Il s’avère que la fertilisation starter a amélioré la croissance du colza en début de cycle, et les plantes compagnes (lentilles et trèfle d’Alexandrie) ont apporté de l’azote en sortie d’hiver.
Celles-ci ont aussi un effet répulsif sur les bioagresseurs. Elles peuvent notamment être semées avant le colza, qui sera semé en direct sur le couvert développé. «Les altises ont alors plus de mal à trouver le colza», note Philippe Pluquet. Mais Alizée Loiseau prévient : «plus le semis est tardif, moins il est intéressant d’avoir recours aux plantes compagnes, car le développement foliaire ne sera pas suffisant.» En contrepartie, une date de semis tardive permet d’éviter les vols d’altises adultes.
Objectif 45 qx/ha
Les partenaires de Secure colza misent sur un objectif de 45 qx/ha minimum, quelle que soit la date de semis, grâce à un des itinéraires gagnants mis en place. Résultats à la moisson.