Senagral : le bidon est à moitié vide
Echos de l'assemblée générale de l'association des livreurs du Vimeu.
L’assemblée générale de l’association des livreurs du Vimeu livrant à Senagral s’est tenue le 12 juin sous la présidence de Sébastien Théron, en présence de plus de deux-tiers des adhérents, soucieux du devenir de leur production.
Car l’actualité a été tendue entre Senagral et ses producteurs, suite au décrochage de l’entreprise lors du mois d’avril. Cette dernière, dans son contexte de marché déclinant, a annoncé aux représentants des producteurs qu’elle ne suivait pas les indicateurs économiques du Cniel, et décrocherait de 30 €/1000 l. Une décision unilatérale qui a suscité la colère et le désarroi des producteurs.
Collecte 2013 : le Vimeu est dynamique
Jérôme Ménival a présenté les chiffres de la collecte Senagral pour l’année civile 2013, et les a détaillés par bassin, usine et association de producteurs (voir tableau 1).
Il en ressort que dans un contexte de repli à l’échelle de Senagral (- 2,43 %), l’association des producteurs du Vimeu est le seul groupement dont la collecte progresse (+2,98%). D’ailleurs, même la référence de quota y progresse significativement (+ 4,88 %), ce qui traduit les efforts des installations et de la souscription aux dispositifs d’attribution de quota.
La «dépénalisation » du lait d’été a été mise en œuvre en 2013 (il s’agit de déduire du volume trop produit ce qui dépasse 39% de la référence annuelle sur les mois allant de juin à octobre). Ce mécanisme a réduit de 28 à 11 le nombre de producteurs concernés dans l’association avec des volumes résiduels pénalisés allant de 329 à 16 758 litres. Au final, le prix du lait moyen s’élève sur l’association des producteurs du Vimeu à 352,727 €/1000 l (voir la décomposition de ce prix dans le tableau 2).
Perspective 2014
Hervé Brasseur, trésorier de l’organisation de producteurs transversale fédérant toutes les associations de producteurs livrant à Senagral (Oplase), a présenté les indicateurs de marché sur les mois écoulés. Avec Sébastien Théron, ils ont redit l’opposition des associations au décrochage imposé par l’entreprise, et l’aboutissement des discussions à un réajustement des prix.
Dès lors, l'entreprise annonce + 20 entre 2014 et 2013, soit un objectif de base supérieur à 360 €/1000 l. A noter toutefois qu’avec le premier trimestre correctement indemnisé, c’est une perspective qui impliquerait un prix moyen sur le second trimestre à cet objectif annuel.
Philippe Mabille quitte le bureau
Sébastien Théron a tenu à mettre en valeur et remercier Philippe Mabille qui quitte le bureau de l’association. Ayant présidé pendant 15 ans le syndicat des Producteurs de Lait du Vimeu dont l’association est née, Philippe Mabille s’est dit touché des propos et confiant dans l’avenir. «Nous n’avons pas toujours été d’accord lors de nos discussions, à l’époque avec Senoble et son directeur des achats, Alain Godard, mais le dialogue n’a jamais été rompu et a permis de trouver des solutions". L’Action Agricole Picarde se joint aux remerciements et félicitations pour lui ainsi qu’à Alain Godard, lui-même présent dans cette assemblée, et qui, à la veille de sa retraite, a été promu chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole.
REACTION
Sébastien Théron
"Les producteurs attendent des résultats"
"+ 25 € en 2013, avec les + 20 qu’on entrevoit pour 2014, cela porte à 45 € la revalorisation du prix. Du rarement vu si on est optimiste, mais cela ne fait pas tout au regard des coûts de production et des investissements. Dans un contexte globalement porteur, l’annonce de Senagral de ne plus suivre les indicateurs a été inacceptable. L’entreprise a fait preuve de responsabilité en revenant aux discussions, mais à présent ce sont les résultats qui comptent. Si le secteur des produits frais connait une passe délicate, cela n’a pas toujours été le cas. Et avec le groupe Agrial, l’entité multiproduit doit porter ses fruits pour les producteurs, en prix et en perspectives. Il ne s’agit pas de voir les producteurs Senagral privés des perspectives du groupe qui se constitue. Nous sommes tous dans le même bateau, et il faut raisonner filière en donnant des perspectives à tous, qu’il s’agisse des futurs installés, des investisseurs ou de chacun d’entre nous".