Aller au contenu principal

Seul le consommateur sort gagnant de la baisse des prix

Le 4ème rapport de l’Observatoire national de la formation des prix et des marges indique une baisse des prix sur l’ensemble de la chaîne, en particulier pour les prix à la production (- 5 %).

Relevé des prix. Avec des prix qui restent stables voire diminuent légèrement, seul le consommateur tire parti du contexte difficile, ce qui devrait peut-être pousser à s’interroger davantage sur le juste prix des produits.
Relevé des prix. Avec des prix qui restent stables voire diminuent légèrement, seul le consommateur tire parti du contexte difficile, ce qui devrait peut-être pousser à s’interroger davantage sur le juste prix des produits.
© Stéphane LEITENBERGER

Si la hausse globale des prix agricoles s’était poursuivie en 2013, l’année 2014 est marquée par une baisse de 5 % pour les prix à la production. Un repli qui s’observe également pour les prix des produits des industries alimentaires (- 2 %) et pour les prix à la consommation qui accusent une diminution de - 7 %, indique le 4ème rapport de l’Observatoire national de la formation des prix et des marges, présenté par le président de l’Observatoire Philippe Chalmin le 21 avril au ministère de l’Agriculture.
Au niveau de la production, toutes les filières sont concernées à l’exception du blé dur, avec des baisses encore plus marquées pour les bovins (- 6 %) et les porcins (- 8 %).

Pas de répercussion sur les prix à la consommation
Proportionnellement, le recul des prix à la production n’est pas répercuté sur les prix à la consommation. Si l’on prend l’exemple du jambon cuit, le prix payé par le consommateur n’a varié que de 10,82 € / kg à 11,05 €/kg entre 2011 et 2014, malgré les fluctuations du coût d’achat entrée abattoir, supportées par la première transformation et par la distribution qui ont réduit leur marge brute.
Cependant, pour des produits comme la longe de porc ou le poulet, le rapport note que le mouvement général de baisse des prix de détail est concomitant de celui des prix à la production, mais dans une proportion moindre. «Ces évolutions différentes et parfois divergentes des prix amont et des prix aval ont eu pour effet une amélioration des marges brutes dans l’industrie et / ou dans la grande distribution», souligne ainsi la synthèse des travaux, ce qui explique une partie des tensions au sein de la filière.

Le monde agricole sous pression
Le secteur de l’élevage est le plus impacté par les baisses de prix à la production, non compensées par la baisse des prix de l’alimentation animale. Ainsi, le prix du porc et le coût de production s’équilibrent à peine en 2014, tandis que le coût de production de la viande bovine est supérieur au prix de vente. Pour la filière laitière, les prix à la production ont été tirés vers le haut à l’été 2014, consécutivement à la sécheresse en Océanie, mais il faut s’attendre à une dégradation.
Face à ce constat, les organisations du monde agricole n’ont pas tardé à réagir. Le rapport «confirme que les coûts de production des agriculteurs, lorsqu’on y inclut la rémunération de la main d’œuvre familiale, ne sont pas couverts par les prix, ni même par les prix et les aides dans certaines filières», a regretté l’Apca, appelant à actionner «les leviers de politiques publiques qui pourraient contribuer à remédier aux déséquilibres préjudiciables aux exploitations et aux filières». «Les paysans ont la corde au cou !», a de son côté regretté la Fnsea, relevant les conséquences de «la guerre des prix que se livrent les enseignes», et qui «met en difficulté les fournisseurs, est destructrice d’emplois et de pouvoir d’achat». Pour 100 € payés par le consommateur, seuls 8 € reviennent à l’agriculteur, note encore le syndicat.

«Ni vainqueur, ni vaincu»
Et la distribution ne semble pas non plus sortir gagnante de ces baisses de prix. Certains rayons affichent d’ailleurs une marge nette négative, comme la boucherie (- 1,2 %), la marée (- 4,4 %) et la boulangerie-pâtisserie (- 1,4 %), des rayons fréquentés mais qui nécessitent une main d’œuvre importante en terme de service.
La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) a d’ailleurs elle aussi communiqué après la publication du rapport, rappelant que la moyenne des marges nettes des rayons étudiés par l’Observatoire était en baisse depuis trois ans, s’établissant en 2013 à 1,1 % contre 1,9 % en 2011.
Si la distribution ne répercute pas l’augmentation du prix des matières premières, c’est également pour continuer à attirer le consommateur et notamment supporter «le contrecoup de la croissance de la vente en ligne non alimentaire», fait remarquer Philippe Chalmin qui constate que dans ce combat, «il n’y a ni vainqueur, ni vaincu, il y a des blessés, des morts et des survivants».

Absence de confiance
L’exacerbation des tensions de ces derniers mois est essentiellement «basée sur l’absence de confiance entre les membres», poursuit-il en constatant que si les «grand-messes» comme celles de présentation du rapport sont jugées très utiles au dialogue par le ministre de l’Agriculture, elles sont aussi le signe «que les intéressés ne vont pas à la messe quotidienne». «Le drame, c’est qu’il y ait besoin de ces grand-messes pour relancer l’amour du prochain, or c’est bien ce qu’il manque le plus dans ces relations interprofessionnelles qui ont du mal à digérer le passage du stable à l’instable dans le monde agricole», conclut-il.
Un constat d’autant plus amer que le seul gagnant, le consommateur, n’est pas forcément conscient de sa chance puisqu’il achète de plus en plus de produits élaborés et transformés qui ne permettent pas de se rendre compte de la stabilité des prix.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Christophe Boizard a engagé sa réflexion autour du développement de son atelier laitier plusieurs années en amont  de sa réalisation.
Élevage laitier : sept ans de réflexion pour ne pas se tromper

Dans un secteur où les cultures entrent en concurrence directe avec l’élevage, Christophe et Caroline Boizard sont «…

Selon les auditeurs, financer la modernisation des équipements d’irrigation a pour conséquence une augmentation  des superficies irriguées.
L’irrigation dans le viseur de la Cour des comptes européenne

Dans un travail portant sur l’adaptation de l’UE aux phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, la Cour des…

Des Picards têtes d'affiche du All star game de la pêche à Amiens

Ces 2 et 3 novembre a lieu le Sipac (Salon international des pêches aux coups) à Mégacité à Amiens. Le All star game ouvre le…

Joël Wissart et Laurence Benoît veulent céder leur entreprise Le Prince Mulard à quelqu’un qui voudra perpétuer le savoir-faire d’exception. Ils sont prêts à l’épauler pour cela.
Le Prince Mulard cherche son repreneur

Le 14 novembre à Péronne aura lieu un Farm’dating, qui permet à des agriculteurs-cédants et à des candidats à la reprise ou à…

Saint-Hubert
Le jour de Saint Hubert, tout un symbole pour les chasseurs français

Le 3 novembre, les chasseurs de toute la France honorent la fête de la Saint-Hubert, une journée emblématique en l’honneur de…

Fécule : l’aide couplée revalorisée

Dans un communiqué de presse du 24 octobre, l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) se félicite de la…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde