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S’il n’y avait que la jaunisse dans les champs…

Pression jaunisse en 2021 mais aussi dates de semis, fertilisation azotée, désherbage des graminées et protection fongicide étaient au menu du comité technique de l’ITB Somme-Oise qui s’est tenu milieu de semaine en visio. 

Moins de jaunisse dans les champs en 2021 ne veut pas dire que tout est réglé.
Moins de jaunisse dans les champs en 2021 ne veut pas dire que tout est réglé.
© J.-C. Gütner

Les années se suivent et se ressemblent pour la délégation Somme-Oise de l’Institut technique de la betterave (ITB) contrainte d’organiser son comité technique en visioconférence pour tenir compte des restrictions liées au contexte Covid. Dans les champs en revanche, force est de constater que les situations sont bien différentes d’une année sur l’autre, à commencer par la pression jaunisse. Pour le responsable de la délégation, Yohan Debeauvais, la présence de pucerons vecteurs de la jaunisse en 2021 est restée relativement limitée, avec seulement 9 % des parcelles touchées dans le réseau d’observation. Ce constat, le responsable du département Expérimentation et Expertises régionales de l’ITB, Ghislain Malatesta, le confirme : «Il y a eu de la jaunisse en 2021. Moins qu’en 2020, mais plus qu’en 2019. Les traitements de semences aux néonicotinoïdes (NNI) ont bien permis de juguler la jaunisse, même avec une dose réduite à 75 %.» Les foyers les plus virulents et les plus nombreux ont été principalement repérés dans des départements au sud de Paris, et quelques-uns au nord-ouest de l’Oise et dans le sud de l’Aisne. 

 

Enrobage des semences avec NNI en bonne voie

Pour 2022, l’utilisation de semences traitées aux NNI devrait sans aucun doute être à nouveau autorisée, à en croire le directeur général de l’ITB, Vincent Laudinat ; lequel est revenu sur la demande de dérogation portée par l’institut : «Nous avons obtenu par le législateur la possibilité d’utiliser l’enrobage de semences avec des NNI jusqu’en 2023, mais il faut pour cela faire une demande de dérogation chaque année. Cette demande a été faite le 19 novembre dernier pour les semis 2022 et a reçu un avis favorable du conseil de surveillance le 21 décembre (lire également en page 7). Une consultation publique est en cours. Nous pensons avoir au plus tôt le décret permettant l’utilisation des NNI le 24 janvier et c’est suite à ce décret que les semenciers pourront commencer l’enrobage des semences pour les prochains semis.» 

 

Ne pas semer trop tôt

Toujours en ce qui concerne les prochains semis, l’ITB Somme-Oise déconseille d’intervenir de manière précoce : «Il n’y a pas forcément beaucoup à gagner», constate Yohan Debeauvais. Et ce dernier de souligner même des contraintes supplémentaires : «Semer tôt engendre un risque de montée à graines plus fort et peut nécessiter un désherbage en plus.» Dans l’hypothèse où des ressemis sont nécessaires – la situation s’est présentée en 2021 en raison d’épisodes de gel -, le responsable de l’ITB Somme-Oise rappelle quelques règles : «Si on est en dessous de 40 000 pieds, il y a intérêt à ressemer. Au-dessus, ce n’est pas la peine.» L’évaluation des besoins de ressemis doit, quant à elle, s’effectuer en plusieurs endroits de la parcelle. Si la perte de populations impacte le rendement, la richesse de 2021 a pu être contrariée en certains endroits par la cercosporiose, notamment dans des parcelles arrachées tardivement. 

 

Le bon produit face à la cercosporiose

Pour lutter contre la cercosporiose justement, Gaylord Denizot a livré une série de recommandations : choix variétal, intervenir au bon moment et choix d’une solution fongicide adaptée. «Le choix d’une variété tolérante est capital dans la stratégie de lutte en tenant compte de l’historique de la parcelle comme de la date d’arrachage», explique le technicien. Ainsi, pour des arrachages après le 25 octobre, le choix doit se porter sur des variétés tolérantes. Avant cette date, il est possible d’utiliser des variétés sensibles. Pour intervenir «au bon moment», il insiste ensuite sur la nécessité «d’observer régulièrement les parcelles» et de s’appuyer sur l’OAD «alerte maladie». Enfin, reste le choix de produits adaptés, à commencer par la solution Spyrale (1 l/ha) qui apparaît comme étant la plus efficace, avec Timbal EW (0,8 l/ha) et Passerelle (0,5 l/ha). Sous réserve que la solution soit autorisée par dérogation en 2022, Airone SC (2,7 l/ha) pourra également être employée «en fonction de la pression».

 

Quelle fertilisation azotée en 2022 ?

Face à l’envolée des prix de l’azote et de sa disponibilité, certains agriculteurs pourraient être tentés de réduire la voilure en matière de fertilisation azotée. Bonne ou mauvaise idée en ce qui concerne la betterave ? Selon Paul Tavel, une réduction de l’apport d’azote est possible… sous conditions. Responsable agronomie à l’ITB, il recommande en premier lieu de «réaliser un reliquat à la sortie de l’hiver». Ce reliquat doit être réalisé sur trois horizons (au lieu de deux) afin, dit-il «d’être plus précis». Enfin, Paul Tavel recommande le recours à un outil d’aide à la décision (OAD) comme Azofert : «C’est l’outil que nous considérons comme étant le plus fiable». Analyse de sol et analyse des produits d’amendement organique peuvent aussi être réalisées en complément. «Grâce à cela, on peut économiser de l’azote», constate le responsable agronomie de l’ITB. Mais réduire la dose peut-il avoir des conséquences néfastes ? Selon des essais réalisés par l’ITB, on constate qu’une réduction de 40 unités par rapport à la dose conseillée impacte plus ou moins négativement le rendement :
- 6,57 % quand la dose conseillée est de 40 unités ;
- 4,82 % quand elle est recommandée à 60 unités ou encore - 1,33 % quand elle est supérieure à 100. Moralité : plus la dose d’azote à apporter est faible, plus il est risqué de la diminuer. Lorsqu’on envisage de réduire l’apport, celui-ci doit être idéalement effectué de manière enfouie et localisée, pour éviter la volatilisation. Enfin, s’il est possible de fractionner les apports, le deuxième apport ne doit être réalisé au-delà du stade 4-6 feuilles, et de préférence avant un épisode de pluie.  

 

Lutter efficacement contre les graminées

Quand la chimie a ses limites, il faut savoir associer d’autres méthodes à l’image de la lutte agronomique. En substance, c’est le message délivré par Cédric Royer lors de son exposé sur la lutte contre les graminées, dont le ray-grass. Selon les résultats d’une enquête réalisée par l’ITB, les adventices dominants en parcelles de betteraves dans l’Oise et la Somme sont les chénopodes, les chardons et laiterons, puis les ombellifères. Viennent ensuite les graminées puis les matricaires. Ainsi, relève Cédric Royer, «même si les graminées ne sont pas dominantes, elles posent problème en raison de leur résistance aux moyens chimiques de lutte». Pour atteindre un niveau d’efficacité supérieur, l’expert désherbage de l’ITB recommande donc un recours au levier «agronomique» ; autrement dit, en diminuant le stock semencier dans le sol. Reste enfin la solution du désherbage mécanique : «Cela est utile, mais on ne peut intervenir qu’entre les rangs, ce qui limite l’efficacité», conclut M. Royer.
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