Syndicalisme
Simon Ammeux, président de la FRSEA : «freiner l’érosion à tous les niveaux»
À 39 ans, Simon Ammeux a été élu président de la FRSEA des Hauts-de-France. Rencontre avec un agriculteur engagé dans la défense de son métier. Simon Ammeux n’est pas inconnu des agriculteurs de la région puisque, à 39 ans, il a déjà pris plusieurs responsabilités au sein d’organisations syndicales. Et depuis le 23 mars dernier, il ajoute une nouvelle ligne à son CV : il est dorénavant le président de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA). Il succède à Laurent Degenne.
À 39 ans, Simon Ammeux a été élu président de la FRSEA des Hauts-de-France. Rencontre avec un agriculteur engagé dans la défense de son métier. Simon Ammeux n’est pas inconnu des agriculteurs de la région puisque, à 39 ans, il a déjà pris plusieurs responsabilités au sein d’organisations syndicales. Et depuis le 23 mars dernier, il ajoute une nouvelle ligne à son CV : il est dorénavant le président de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA). Il succède à Laurent Degenne.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis agriculteur à Sainte-Marie-Cappel (59). Je me suis installé en 2006 en reprenant une exploitation de 40 hectares et en m’associant avec mes parents qui possédaient 35 hectares. Depuis, ils ont pris leur retraite mais continuent de me donner un coup de main. Je suis principalement tourné vers l’élevage avec 110 vaches laitières et 35 mères allaitantes de race blanc bleu et blonde d’Aquitaine, ainsi qu’un atelier d’engraissement de taurillons. Un salarié travaille également avec moi.
Vous avez déjà occupé différents postes au sein des organisations syndicales ?
Chez les Jeunes agriculteurs, j’ai gravi les échelons. En 2012, j’ai pris la présidence du canton des Flandres car je souhaitais organiser la finale régionale de labour. Ensuite, j’ai été président départemental de 2016 à 2020. Puis différents responsables m’ont proposé de m’investir à des échelons supérieurs. J’ai alors occupé le poste de secrétaire général de la FDSEA du Nord. Je suis également vice-président du groupement des producteurs de lait de Danone Bailleul. Et depuis quelques jours me voici président de la FRSEA. Je n’étais pas forcément candidat au départ, mais on m’a demandé si ce poste m’intéressait, j’ai accepté à la seule condition que ma candidature fasse l’unanimité auprès des cinq départements. Et c’était le cas.
Pourquoi vous investir dans ces organisations ?
Ce que j’aime dans ces différentes fonctions, c’est de défendre mon métier. J’aimerais arriver à remettre du pragmatisme dans les décisions publiques. J’ai l’impression que ceux qui prennent ces décisions n’ont plus aucune attache avec le monde agricole, ils sont en totale déconnexion avec le terrain. Elles sont prises de manière dogmatique et s’entrechoquent avec ce que les agriculteurs vivent au quotidien. Le métier doit évoluer, et non changer comme certains le prétendent, mais la profession a toujours été en constante évolution. Oui, nous devons nous adapter au changement climatique, cependant, il faut nous laisser le temps. L’agriculture, c’est le temps long. Nous travaillons avec du vivant. Il y a un investissement personnel très conséquent de la part de chaque agriculteur, notamment en termes de temps de travail, nous sommes loin des 35 heures derrière un bureau.
Quelles missions allez-vous vous donner en tant que président de la FRSEA ?
Je vais travailler avec l’ensemble des départements pour que la région pèse sur le plan national, qu’elle garde son aura et qu’elle le développe. Il faut également que l’on garde notre niveau de productivité. Le terme décroissance est à la mode, mais on devrait plutôt s’attacher à l’optimisation, à produire le plus possible en ayant le moins d’impacts. Il faut mettre en avant notre rôle nourricier et ne pas nous voir seulement sous le prisme de l’occupation des sols comme certains le font. C’est cela qui va me guider.
Comment cela va-t-il se faire concrètement ?
Je vais prochainement prendre part aux discussions sur le programme régional sur les nitrates. L’eau va également être un sujet important. Une réelle politique d’incitation au stockage d’eau doit être mise en place. On pourrait la prélever dans les cours d’eau dont le niveau est excessif. C’est ce qu’on appelle les "eaux sans usage". Ces dernières arrivent dans les fossés et partent à la mer alors qu’on en aurait besoin. Ce stockage hivernal de réserve nous permettrait d’arroser nos cultures, et une partie s’infiltrerait également. La situation de l’élevage dans les Hauts-de-France est aussi un sujet qui me tient particulièrement à cœur. La rigidité réglementaire et la rémunération moyenne font que nous avons perdu beaucoup d’éleveurs ces dernières années. Pourtant, ce secteur est une force économique et industrielle, il est porteur de nombreux emplois. Il permet aussi d’apporter de la matière organique, ce qui contribue à la richesse de nos sols. J’ai également la volonté que l’on reste nombreux, il faut maintenir le nombre d’installations d’agriculteurs. Le développement de l’agriculture doit se faire par la valeur et non par la surface. Je ne suis pas favorable à l’agrandissement des exploitations de manière inconsidérée. Pour toutes ces raisons, il est important de freiner l’érosion, de manière générale.
FRSEA Hauts-de-France : la composition du bureau
Régis Desrumaux (60), Lucie Delbarre (62) et Denis Bully (80). La samarienne Marie-Françoise Lepers a été élue secrétaire générale et sera assistée de Pierre Hannebique (62) en qualité de secrétaire adjoint. Le trésorier est l’axonais Thomas Papon. Sont également membres Jean-Yves Bricout (02), Jean-Christophe Rufin, (59), Pascal Foucault (60), Luc Smessaert (60), Francine Théret (62) et Raphael Catteau (80). Président des JA Hauts-de-France, Benoit Vaillant est membre de droit.