Sitpa : des prix pas assez attractifs pour les producteurs
Les volumes contractualisés par la Sitpa en forte chute cette année.
Une baisse d’environ 25% des tonnages contractualisés, la production de Bintje réduite de moitié, celle de Fontane et d'Astérix de 20%. Quant au mix variétal, 2013 s’inscrit dans la tendance de 2012. Sur cinq campagnes, les proportions entre la variété Bintje et la variété Astérix ont quasi été inversées au profit de cette dernière. Tels sont les éléments marquants du rapport d'activité présenté à l’assemblée générale du syndicat des producteurs de la Sitpa, le 11 juin dernier à Rosières-en-Santerre.
Pour cette année, plus de 20 000 tonnes de pommes de terre ont été contractualisées en moins, alors que la production de l’usine reste identique à 120 000 tonnes. Les prix inchangés pour l’automne 2013 expliquent certainement cette chute des volumes contractualisés.
«L’usine vise toujours un objectif de saturation à 30 000 tonnes de matière sèche. Cette année, non seulement cet objectif n'a pas été atteint puisque 26 000 tonnes étaient prévues, mais encore il n'a été produit que 17 000 tonnes», a précisé Vincent Gauteron, directeur de l’établissement Sitpa. La fin de la campagne est fixée le 5 juillet. L’industriel est très inquiet sur le solde des contrats. «Il y a un déficit entre 1000 et 1500 tonnes de pommes de terre. La Sitpa doit se couvrir en achetant des pommes de terre ailleurs».
Mise en garde
Hervé Delpierre, directeur des sites de Nestlé, est venu discuter avec les agriculteurs. Ces derniers ont manifesté leurs inquiétudes pour l’avenir. Ils ont mis en garde les représentants de l’entreprise. Les charges de production de pommes de terre ne cessent d’augmenter et les prix n’ont pas beaucoup bougé. La sanction cette année, c'est la perte de cinquante producteurs et d'environ 25% des volumes. «Et encore, c'est un cadeau des producteurs de n'en avoir perdu que 25%. Si vous ne vous remettez pas dans le marché, vous allez en perdre beaucoup plus», a renchéri l'un des participants à l'assemblée.
Les représentants de l'entreprise se sont voulus rassurants, manifestant leur volonté de continuer à travailler avec les agriculteurs locaux, avec des solutions convenables pour tout le monde. «Les producteurs sont malheureusement les victimes de la guerre que se livrent les distributeurs. Les industriels ne peuvent répercuter la hausse des prix des matières premières. Cela fait 40 ans que nous sommes implantés dans la région. En 40 ans, il y a eu beaucoup de hauts, maintenant il y a des bas, mais il ne faut pas abandonner», a plaidé Hervé Delpierre.
Produits innovants
La production de flocons se maintient malgré tout. «Heureusement, la marque «Mousline» continue de séduire les consommateurs. On ne peut que se féliciter de la longévité du produit qui fête par ailleurs ses 50 ans cette année», précise Hervé Delpierre. Mais face à la guerre des prix que se livrent les distributeurs sur des produits d’appel comme la «Mousline», le groupe doit se lancer sur le terrain de l’innovation. C’est chose faite avec la nouvelle gamme de produit qui a été lancée : les préparations pour galettes.
Côté approvisionnement, «en 2014, nous serons en mesure de proposer un panel de pommes de terre plus intéressant pour la Sitpa», a indiqué Hervé Delpierre.
Le groupe Nestlé veut se positionner davantage dans une logique de développement durable et ancrer encore plus l’activité de l’usine dans son environnement. Preuve en est l’installation d’une chaudière biomasse d’un coût de plus de 10 millions d’euros. Le but étant d’économiser de l’énergie, d’améliorer le taux de rejet de CO2 et de garantir un approvisionnement renouvelable local, l’approvisionnement en plaquette forestière se faisant dans un rayon de 100 kilomètres.
Les producteurs se sont constitués en association
La forme syndicale n’étant pas des plus adaptée à certaines exigences du droit de la concurrence, les livreurs à la Sitpa se sont constitués en association. Dénommée «groupement des producteurs de la Sitpa», celle-ci a vu le jour le 7 juin dernier. Vincent Boisseau en a été élu président. L'association a pour objet de regrouper, organiser et fédérer les producteurs de pommes de terre livrant à l’usine de Rosières-en-Santerre, et défendre et représenter leurs intérêts. Cette structure souple et simple qu’est l’association dite loi 1901 laisse la possibilité de s'adapter en fonction d’éventuelles évolutions législatives.