Smart Jack veille sur votre cheval 24 heures sur 24
Laure Goubet a créé une application qui permet d’assurer
un suivi quotidien
de ses chevaux.
Comment diable une directrice marketing œuvrant dans la peinture industrielle peut-elle se retrouver à créer une application pour la filière équine ? C’est du côté de la passion qu’il faut chercher, celle que Laure Goubet partage avec Christophe, son compagnon, pour les chevaux. Propriétaires d’un élevage de chevaux de sport, à Bussy-les-Daours, et adeptes des compétitions au niveau amateur, Laure et Christophe sont souvent confrontés à des questionnements autour du suivi de la santé des chevaux. Un oubli d’une vaccination peut, par exemple, très vite engendrer une éviction d’un concours. Sans compter le nombre de professionnels de santé des animaux qui interviennent sur l’exploitation, et qu’ils ne croisent pas en raison de leurs activités professionnelles respectives pour faire le point avec eux.
«Face à ces problématiques, nous nous sommes demandés de quoi nous aurions vraiment besoin pour éviter les tracas et améliorer le cheptel de l’écurie», raconte Laure Goubet. Avant de foncer tête baissée, ils font le tour des professionnels de santé des animaux pour échanger sur le sujet. Une idée fait son chemin : l’outil informatique, mais pas encore la création d’une application. C’est la rencontre d’Iteracode - une start-up amiénoise - en avril 2016, spécialisée dans le développement applicatif, que le choix d’une application s’impose. Reste à définir le choix de la technologie. Très vite, Laure Goubet s’oriente vers une application consultable à la fois sur un smartphone, une tablette et un ordinateur grâce à une plate-forme web. Celle qui cherchait depuis la fin de ses études, à l’Ecole supérieure de commerce d’Amiens, l’idée qui lui permettrait de monter son entreprise vient enfin de la trouver. Aussi, en août 2016, elle cesse son activité salariée pour se consacrer désormais exclusivement à son projet.
Si d’autres applications existent sur le marché, aucune ne met l’accent sur le suivi sanitaire des chevaux. Ce sera donc la colonne vertébrale de l’application. Et, pour finir de se différencier définitivement, Laure Goubet nomme son application «Smart Jack», en référence au Jack Russel, figure emblématique des centres équestres et que l’on retrouve fréquemment aux côtés des cavaliers et des chevaux. Autre clin d’œil à cette race de chien : son côté alerte telle une application en constante vigilance sur le suivi de la santé et de l’activité de vos chevaux. La formule de l’application s’impose d’elle-même : «Smart Jack garde un œil sur votre cheval».
La suite ? Mi-décembre 2016, Laure Goubet donne son feu vert à la validation de l’application. Des premiers tests sont effectués en mars 2017, et l’application mise en service deux mois plus tard, soit en mai. Ses cibles ? Les propriétaires de chevaux, de sport comme de loisirs, et les personnels de santé qui interviennent dans les élevages ou chez des particuliers.
Une appli pour se simplifier la vie
L’application s’articule autour de trois axes. Le premier porte sur le suivi de l’activité quotidienne du cheval. De quoi permettre d’analyser son comportement et ses résultats sur le long terme afin de le garder au top de sa forme. Le second axe concerne, lui, la gestion des soins. Au menu : les petits bobos, les rappels des vaccins et des rendez-vous avec les professionnels de santé des animaux, la sauvegarde des données médicales des chevaux. Enfin, le troisième axe est un annuaire de contacts permettant de partager les données stockées, d’échanger avec les partenaires de santé, comme d’analyser et de valider avec eux la marche à suivre pour optimiser le bien-être de son cheval et le garder en forme.
Facile d’utilisation, sécurisée et accessible à tout moment, l’application a été labellisée par le pôle de compétitivité Hippolia, acteur de l’innovation dans le monde du cheval. Elle a également décroché la Bourse French Tech décernée par Bpifrance (soit 30 000 Ä). Pour l’utilisateur de l’application, le coût varie, lui, en fonction du nombre de chevaux suivis. Pour un cheval, l’abonnement est de 9,99 Ä, pour trois, il passe à 12,99 Ä, pour cinq à 14,99 Ä, pour dix à 19,99 Ä, pour vingt à 24,99 Ä, pour trente à 29,99 Ä. L’application est gratuite les deux premiers mois et, dans le cas d’un abonnement annuel, une réduction de 20 % est accordée sur le montant total.
Aujourd’hui, «Smart Jack» est utilisée par une centaine de propriétaires de chevaux dans toute la France, dont la région lyonnaise, l’Ile-de-France, la Somme, la Marne et la Bretagne. Dépasser les frontières, Laure Goubet y songe, mais chaque chose en son temps. Pour l’heure, elle fait le tour des écuries pour faire connaître son application. L’étape suivante pourrait être la vente des chevaux car, avec l’application, il sera désormais possible pour l’acheteur d’avoir la traçabilité de la santé du cheval.
En attendant de suivre ce chemin, dès septembre, l’application proposera à ses utilisateurs la gestion de leurs droits. Autrement dit, tout propriétaire pourra choisir les données qu’il souhaite partager avec les professionnels de santé. Un autre module, qui existe déjà aujourd’hui, autour des soins apportés aux chevaux, intégrera les rations alimentaires, et «peut-être des graphiques d’analyses, parce que ce qui compte le plus dans une application, c’est l’analyse des données. Si ce n’est pas en sep--tembre, ce sera en novembre. Nous y travaillons», précise Laure Goubet.
Premières analyses
Les premières analyses de l’utilisation de l’application par les propriétaires montrent que 20 % d’entre eux se connectent au quotidien pour suivre l’activité de leurs chevaux et sont très demandeurs de nouveaux modules. Quant aux 80 % restants, ce sont surtout les données sur la santé des chevaux qui retiennent leur attention. Laure Goubet utilise, bien sûr, son application.
«Ce qui manque, aujourd’hui, c’est que le calendrier de l’application marche avec celui du smartphone. On peut encore gagner du temps, mais ce n’est pas la valeur ajoutée du produit. «Smart Jack» est beaucoup plus qu’une application. C’est un outil de gestion et de mise en relation au service des propriétaires et des professionnels de santé. Autrement dit, c’est une plate-forme collaborative, et qui redonne les clés aux propriétaires dans la gestion de leurs chevaux», explique Laure Goubet.