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Nos meilleures solutions de biocontrôle sur blé

La Chambre d’agriculture de la Somme expérimente les solutions de biocontrôle depuis plusieurs années afin de déterminer des alternatives efficaces aux produits phytosanitaires. Le point sur les résultats.

Un essai blé implanté à Querrieu afin de tester les préparations naturelles  et produits de biocontrôles.
Un essai blé implanté à Querrieu afin de tester les préparations naturelles et produits de biocontrôles.
© D. R.

’objectif des essais est d’étudier l’intérêt technico-économique des différents produits de biocontrôle mis sur le marché et d’obtenir des références sur la réduction des intrants avec l’utilisation de ces produits «alternatifs». 

L’utilisation des solutions de biocontrôles doit être complémentaire aux leviers agronomiques afin de diminuer la pression des bio-agresseurs : le choix de la variété (tolérance aux maladies et aux ravageurs), la date de semis, la densité de semis, l’allongement de la rotation (rupture parasitaire)... 

L’agriculture de conservation est une re-conception du système avec, comme objectif, l’amélioration et la préservation de la fertilité de nos sols en diminuant le travail du sol, en intégrant des couverts et des produits organiques. Le but est d’obtenir un «sol sain» pour des «plantes saines» et donc d’éviter le phénomène de trophobiose qui correspond à l’attirance des bio-agresseurs par les plantes malades ou chétives.

Une large gamme de solutions de biocontrôle a été testée sur blé par la chambre d’agriculture. Des expérimentations ont été mises pour étudier l’intérêt du soufre, de l’huile de thym, du fructose, du Polyversum (Pythium oligandrum), du Vacciplant (Laminarine), de l’Échiquier (Bicarbonate de potassium), du DSPF 016 (en attente d’homologation), du Rhapsody (Bacillus subtilis) et des préparations naturelles (extraits fermentés d’ortie, de consoude, décoction de prêle…).

 

Retour sur les essais de 2018 – 2019 et 2020

En 2018, sur un essai avec la variété Fructidor implanté le 25 octobre, la modalité en cinq passages avec alternance de produits de contact et de soufre jusque dernière feuille étalée montre un intérêt possible à l’utilisation de biocontrôle en substitution aux fongicides. Néanmoins, les solutions de biocontrôles sont coûteuses, ce qui entraîne des rendements nets inférieurs aux rendements avec des produits phytosanitaires.

En 2019, sur un essai implanté avec la variété KWS Extase, trois modalités avec des solutions de biocontrôle sont testées en comparaison à un programme fongicide «doses préconisées par la chambre d’agriculture» et à un programme «demi-doses». 

Les trois modalités testées sont :

- le DSPF 016 (avec une homologation prévue pour le printemps 2022) associé au soufre en deux passages suivi d’un fongicide de biocontrôle contre la fusariose  (Polyversum), 

- trois passages de décoction de prêle en préventif,

- une modalité avec apports d’oligo-éléments suite aux résultats d’analyses foliaires réalisées de la reprise de végétation jusqu’à l’épiaison.

La modalité «trois passages de produits de biocontrôle avec le DSPF016 associé au soufre» obtient un rendement équivalent à la modalité «deux passages fongicides à ½ doses» et statistiquement différent du témoin (absence de traitement fongicide).

En 2020, au sein du Comité technique céréales à paille de la Somme, le DSPF016 associé au soufre a aussi été testé en substitution du T1 dans un programme à trois passages et des résultats prometteurs ont été constatés. 

Sur les campagnes 2020 et 2021, la chambre d’agriculture a mis en place trois essais sur l’intérêt des biocontrôles sur blé en comparaison avec les programmes de référence. 

Un essai a été réalisé au sein du Comité technique céréales à paille, implanté à Villers Bocage avec la variété Chevignon semée au 27 octobre précédent pomme de terre. La nuisibilité maladies de l’essai est de 16 qx/ha et l’essai est précis statistiquement. 

En tendance, le meilleur rendement est obtenu avec la modalité «produits de biocontrôle» au T1 dans un programme à
trois passages avec le DSPF016 associé au soufre. Statistiquement, elle est équivalente aux modalités «trois traitements fongicides», «T1 : demi-dose de fongicide + DSPF016» et significativement différente du «témoin» sans traitement fongicide. 

 

Tests des préparations naturelles

Deux essais ont été réalisés chez des agriculteurs appartenant au GIEE «sols vivants Plateau Picard» afin de tester les préparations naturelles (décoction de prêle, extraits fermentés d’orties) et le DSPF016 (homologation prévue au printemps 2022).

Ces essais ont démarré dès le semis avec l’extrait fermenté au semis suivi d’un passage d’extrait fermenté d’ortie en végétation à l’automne puis de deux passages de décoction de prêle en sortie d’hiver. Trois passages à base d’extraits fermentés d’orties ont été réalisés sur le printemps. Une modalité «tout biocontrôle» a également été testée : DSPF016 + soufre en deux passages à «épi 1 cm» et à dernière feuille étalée puis un passage d’Échiquier à la floraison.

Les résultats de l’essai implanté à Querrieu avec la variété Campesino sont non significatifs avec une nuisibilité de 5.8 qx/ha. 

Pour l’essai réalisé à Candas sur la variété Chevignon semée le 10 octobre précédent maïs, la nuisibilité maladies est de
6,5 qx/ha et les modalités sont statistiquement différentes. 

La modalité deux traitements «Librax 0.6 puis Prosaro 0,5 l/ha» obtient le meilleur rendement et statistiquement différent du «témoin» sans traitement fongicide. Statistiquement, les modalités «tout biocontrôle», avec DSPF016 + soufre en deux passages aux stades épi 1 cm et dernière feuille étalée suivi d’Échiquier à floraison et «thé de compost», obtiennent un rendement brut équivalent à la référence «deux traitements». Néanmoins, les solutions de biocontrôles sont coûteuses, ce qui entraîne des rendements nets inférieurs aux rendements avec des produits phytosanitaires.

En revanche, dans cet essai, le rendement obtenu par la modalité «extrait fermenté» ne ressort pas. 

 

Nos préconisations

Les solutions de biocontrôles actuellement disponibles sur le marché et intéressantes sur le point technico-économiques préconisées par les ingénieurs de la Chambre d’agriculture de la Somme : 

- Le soufre pour la lutte contre l’oïdium en préventif sur céréales et sur lin textile. Des essais Arvalis, Institut du végétal, montrent également de bonnes efficacités sur lin textile en préventif avec un apport de soufre au stade 30 cm. Au-delà, sur son efficacité vérifiée, le soufre n’a pas d’effet dépressif sur la croissance du lin textile. Aucune homologation actuellement, mais une dérogation a été mise en place sur les deux derniers printemps.

- Le cuivre pour la lutte préventive contre la cercosporiose en betterave – pas d’homologation à ce jour, mais des dérogations depuis trois ans. 

- L’acide pélargonique en défanant pomme de terre à utiliser en pack et à coupler avec un broyage.

- Le phosphate ferrique pour la lutte contre les limaces.

- L’utilisation de trichogrammes au plus près de la période de pontes des pyrales sur maïs. La protection est assurée pour trois à quatre semaines. Les applications se réalisent soit avec des diffuseurs de façon manuelle, soit par capsules avec un épandeur ou un drone.

- L’utilisation du spinosad pour la lutte contre les taupins en traitement de sol en pomme de terre et maïs reste possible (efficacité moyenne à équivalente aux solutions chimiques). Une autre solution en maïs : association d’avoine ou d’orge au semis de maïs qui font office d’appâts pour ce ravageur souterrain. 

Sur doryphore en pomme de terre, le spinosad montre des efficacités équivalentes aux solutions chimiques. 

 

Les actions des extraits fermentés

Nos expérimentations actuelles sont réalisées sur les préparations naturelles en solutions alternatives aux solutions chimiques. Les extraits fermentés ont une action préventive.
- Les extraits fermentés d’orties préviennent de nombreuses maladies et attaques d’insectes. Ce sont d’excellents phytostimulants. Ils améliorent la fonction chlorophyllienne, dynamisent efficacement les échanges sol/plante en favorisant la croissance foliaire et racinaire. Ils stimulent également la flore microbienne et augmentent l’énergie de germination (possible en enrobage de graine ou dans la ligne de semis)
- La décoction de prêle à une action préventive et curative. Elle est riche en silice, minéraux et oligoéléments. C’est un puissant anti-fongique. Elle renforce les parois cellulaires des plantes qui auront une meilleure tonicité et résistance (action préventive). Son action curative est réalisée par un assèchement des maladies dites «humides» telles que le mildiou et l’anthracnose.

Source : «Les Alternatives biologiques aux pesticides – Éric Petiot et Patrick Goater»

 

Intérêts des solutions de biocontrôles aujourd’hui dans notre système cultural Somme

- Une réponse à la substitution afin de préserver l’environnement et la santé en restant autant efficace que les solutions de synthèse. Les biocontrôles respectent les processus de régulation naturels et réduisent les risques de persistances et de pollution dans le milieu cultivé. Toutefois, bien qu’ils soient d’origine naturelle, ils nécessitent également des évaluations et des précautions.
- Une réponse face aux impasses techniques lors de présence de résistances, phénomènes grandissant, et face aux retraits des homologations. Les solutions de biocontrôles actuelles n’apportent généralement pas les niveaux d’efficacité procurés par les produits phytosanitaires et nécessitent souvent des re-conceptions de systèmes, mais elles peuvent devenir une solution incontournable en situations de résistances. 
- Une réponse à la réduction des IFT dans les certifications HVE et dans les engagements des contrats MAE (Mesures agri environnementales).  Les produits de biocontrôle sont comptabilisés «à part dans les IFT» ce qui est une source de motivation afin de les intégrer dans les systèmes de cultures. Ils sont également exemptés des distances de sécurité riverains.
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