Son et lumière : le Souffle de la terre à Ailly-sur-Noye
Ils sont 850 bénévoles à participer chaque année au spectacle du «Souffle de la terre», à Ailly-sur-Noye.
Parmi eux, une poignée d’agriculteurs.
«Dès que la traite se termine, vers 20h, je n’ai qu’une hâte : enlever ma tenue de travail, me laver et enfiler mon costume d’acteur !» Romain Van Goethem, éleveur laitier à Jumel, fait partie des 850 bénévoles du «Souffle de la terre». Chaque vendredi et samedi, à 21h30, jusqu’au 22 septembre, tous troquent leur vie quotidienne pour redonner vie à une fresque historique : un hymne à la Picardie et à ses habitants. Rendez-vous est donné au plan d’eau d’Ailly-sur-Noye.
Le spectacle est en fait né en 1986, de l’imagination de Dominique Martens, auteur et metteur en scène. De l’ère glaciaire à l’époque contemporaine, 20 000 ans d’histoire sont racontés. «Le “Souffle de la terre“ parle du destin d’un peuple régulièrement envahi, oppressé, meurtri, mais qui a su inlassablement résister, reconstruire, moissonner et dresser plus haut les flèches de ses cathédrales», expliquent les organisateurs.
Mais plus qu’un spectacle, il s’agit d’une véritable aventure humaine. Romain, tantôt paysan, tantôt poilu ou meunier, peut en témoigner. «C’est une vraie bouffée d’oxygène. Même si c’est épuisant, et qu’il est parfois dur de se lever pour la traite du lendemain matin, c’est un moyen de quitter le travail et de faire de belles rencontres.» Le jeune agriculteur y a d’ailleurs rencontré des amis, et surtout sa compagne, avec qui il partage désormais sa vie.
Il faut dire que l’ambiance festive règne chaque soir de représentation. Le visiteur - il y en a eu 700 000 en trente ans - est accueilli à partir de 19h et peu profiter d’animations d’avant-spectacle, partager un repas convivial grâce à la restauration proposée sur place. Après le spectacle, la soirée se poursuit entre bénévoles. Le public est souvent le bienvenu.
Pour l’ambiance festive
C’est d’ailleurs cette ambiance qui a incité Olivier Prevost, agriculteur à la retraite de Grivesnes, à participer au «Souffle de la terre» avec son cheval de trait chaque année. Pour cette édition, sa Trait bretonne nommée Riquita tire une énorme charrette de paille avec Darius, Trait du Nord, propriété d’Yves-Robert Leconte, lui aussi agriculteur à Fouencamps. Une sacrée organisation, lorsqu’il faut transporter le cheval et son matériel, le préparer, puis s’en occuper en fin de soirée… «Concilier la vie à la ferme avec le spectacle n’est pas évident. Mais il faut savoir prendre le temps de faire des choses pour soi», confient-ils. Et de chambrer : «Dans le spectacle, il y a trente cavalières, bien jolies et douées à cheval. Rien que pour ça, ça vaut le coup !»
Les années passent, mais les amis ne sont toujours pas au point sur la mise en scène chronométrée. «Heureusement, les chevaux connaissent la musique. Ce sont eux qui nous disent quand c’est notre tour.» Gare cependant aux nouveautés. Car à chaque édition, le «Souffle de la terre» s’enrichit. En 2018, année de commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, le spectacle s’est étoffé de nouveaux tableaux évoquant le conflit et la période de reconstruction, puis d’euphorie des années 1920.
Sûr que ces agriculteurs, comme tous les autres bénévoles, garderont encore une fois un souvenir mémorable de leur participation. «La première représentation est toujours excitante et hasardeuse, et la dernière est nostalgique. Le dernier feu d’artifice est un instant émouvant !», confie Romain Van Goethem. Profitez-en, il reste encore quelques représentations !
Infos pratiques
- Lieu : plan d’eau d’Ailly-sur-Noye
- Ouverture du site à partir de 19h
- Spectacle à 21h30
- Chaque vendredi et samedi, jusqu’au 22 septembre
- Parkings bus et véhicules gratuits
Tarifs
- carré or : 27 € ou 46 € avec repas
- adultes : 20 € ou 39 € avec repas
- enfants : 10 € ou 20 € avec repas