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Stress thermique : comment appréhender son impact sur les animaux ?

Tel était le thème du troisième webinaire organisé par Réussir lait à destination des éleveurs. Après avoir présenté l’intérêt du monitoring
sur la gestion de la reproduction des vaches laitières et la surveillance de la santé du troupeau, il s’agissait de savoir s’il peut aider à lutter contre le stress thermique.

Car le constat est là : depuis plusieurs années, des températures élevées sont relevées, avec leurs conséquences sur la performance laitière des troupeaux. Quelles sont-elles ? Comment les mesurer ? Quelles solutions mettre en œuvre et en quoi le monitoring peut-il aider ? 

Le témoignage vidéo d’un éleveur laitier d’Indre-et-Loire dont les 200 vaches laitières sont équipées d’un collier connecté est révélateur. Les données montrent que, malgré un bâtiment isolé et ventilé, la production a baissé pendant l’été 2019, marqué par deux périodes de fortes chaleurs fin juin et fin juillet, pour ne revenir à la normale qu’en fin d’année. «C’est simple, nous avons perdu 140 000 litres de lait», constate l’éleveur.

 

Multiples impacts

Alexis Watremez, de Nutriaxe conseil, fait une différence entre des périodes chaudes mais où les nuits restent fraîches et celles où la température ne descend que peu. «On a une accumulation sur une longue période, avec des difficultés à récupérer. Mais pourtant, on sait produire du lait de manière performante dans des pays chauds comme Israël.» Les conséquences du stress thermique sont diverses et difficiles à mesurer, entraînant des coûts directs et indirects : ingestion et rumination moindre, baisse de production, immunité dégradée, boiteries, hyperventilation, métabolisme altéré, avec des conséquences à moyen et long terme sur l’état général des animaux.

Une étude de la Chambre d’agriculture de la Vienne, présentée par Bertrand Fagoo, de l’Institut de l’élevage (Idele), a analysé l’impact de l’été 2019 sur neuf élevages en traite robotisée. Une baisse de la quantité et de la qualité du lait, de la fatigue… le tout estimé à environ 50 E par vache laitière, bien qu’il soit difficile d’évaluer la clé de répartition entre les différentes causes de stress. Colas Sintive, de la société Allflex indique que le monitoring Sense Hub permet au moins de mesurer l’ingestion, la rumination et le stress thermique, caractérisé par le THI, c’est-à-dire un indicateur climatique qui combine les températures et le taux d’humidité.

Ainsi, dès 22°C, selon les conditions d’humidité, le stress thermique peut apparaître et se dégrade en fin de journée du fait de l’accumulation. Mais d’autres facteurs rentrent en ligne de compte, comme la vitesse de l’air et le rayonnement.

 

Signes du stress thermique

Selon Alexis Watremez, les éleveurs de l’Est, où le climat est plus continental, ont plus l’habitude que ceux du Nord ou de la Picardie. Le premier signe est le fait que la vache reste debout car elle a du mal à réguler sa température corporelle. Son rythme respiratoire augmente, elle mange moins, elle peut même entrer en hyperventilation. «Le collier Sense Hub permet de détecter l’hyperventilation et on considère que si 10 % des animaux sont en hyperthermie, l’état de stress thermique du troupeau est important», assure Colas Sintive. L’analyse des données sur 24 ou 48 heures et sur une période plus longue permet de voir quels sont les horaires et les périodes critiques.

Bertrand Fagoo admet que la problématique du stress thermique n’est prise en compte par les éle-veurs que lorsqu’ils sont touchés pour la première fois, surtout dans des zones peu concernées jusque-là. Pour les aider à repérer les périodes critiques, le suivi du THI est possible sur l’application Happy grass, par exemple.

 

Quelles solutions ?

Bertrand Fagoo parle d’une approche globale de la problématique qui implique l’abreuvement, l’alimentation, la conception du bâtiment, la maîtrise du rayonnement et l’installation d’une ventilation mécanique. Alexis Watremez insiste particulièrement sur la quantité et la qualité de l’eau mise à disposition de tous les animaux, veaux et vaches taries comprises. «Il faut compter 10 cm d’abreuvoir par animal, avec une eau propre, renouvelée, avec une bonne qualité sanitaire», précise-t-il. Hydrater la ration peut également être une bonne idée, été comme hiver. Pour cela, un silo ouvert, exposé nord-est, fermenté trois à quatre mois, avec un avancement de 15 à 20 cm par jour est un bon compromis. Les refus devront être retirés tous les jours et une ration fraîche distribuée le soir puisque les vaches mangent plus volontiers la nuit en cas de fortes chaleurs.

«Attention à avoir suffisamment de phosphore, de sel et de magnésium pour garder l’hydratation et à avoir une ration plus riche si les vaches mangent moins», avertit Alexis Watremez.

Bertrand Fagoo met en avant la qualité de couchage proposée aux animaux. «Quand les vaches sont couchées, elles régulent moins leur température. En France, on réfléchit souvent les bâtiments par rapport aux intempéries hivernales mais, comme de plus en plus d’animaux passent aussi l’été dans les bâtiments, un soin doit être apporté pour limiter le rayonnement et favoriser l’aération naturelle», souligne-t-il. Pas de plaques translucides plein sud, des ouvertures que l’on peut fermer avec des volets, des rideaux, une isolation de la toiture si elle est basse (moins de 3 m), du bois plutôt que du béton, des ouvertures basses, à hauteur des animaux.

La ventilation naturelle est essentielle, le ventilateur n’est pas la solution miracle. Il doit avoir un débit minimal de 1 à 3 m/s et permettre une homogénéisation des conditions microclimatiques dans le bâtiment. Enfin, la brumisation ou même une douche peuvent apporter du confort à l’animal.

«Sense Hub peut être une aide à la maîtrise du stress thermique car il permet d’en mesurer les effets sur les animaux», conclut Colas Sintive. En tout cas, tous sont d’accord pour affirmer que les vaches craignent plus la chaleur que le froid.

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