Fourrages
Sur le camp militaire de Sissonne, des éleveurs à la manœuvre pour récolter du foin
À l’initiative du Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France et de Bio en Hauts-de-France, trois éleveurs bio de l’Aisne se sont regroupés cette année pour récolter du foin dans le camp militaire de Sissonne. D’habitude, terrain d’entraînement de l’Armée de terre, il sert aussi à fournir du fourrage à des éleveurs locaux et leurs animaux.
À l’initiative du Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France et de Bio en Hauts-de-France, trois éleveurs bio de l’Aisne se sont regroupés cette année pour récolter du foin dans le camp militaire de Sissonne. D’habitude, terrain d’entraînement de l’Armée de terre, il sert aussi à fournir du fourrage à des éleveurs locaux et leurs animaux.
Des tracteurs et leur matériel de fenaison qui empruntent les mêmes pistes quadrillant le camp militaire que les chars de l’Armée de terre, c’est une image certes surprenante, mais qui s’explique par le fait qu’en plus d’être un centre d’entraînement, le camp de Sissonne sert aussi de zone de production de fourrages pour des éleveurs de la région. Et pas n’importe quel fourrage puisqu’à en croire le Conservatoire des espaces naturels des Hauts-de-France, ce territoire présente un intérêt exceptionnel en matière de biodiversité. On y retrouve ainsi des plantes emblématiques des steppes crayeuses, «tel l’Anémone sauvage, la Limoselle aquatique ou le Sisymbre couché», relève le Conservatoire. Or, comme chacun le sait, le pâturage de certaines prairies permet «de garder des milieux ouverts, améliorer la flore des pelouses et la qualité de la végétation herbacée». C’est la raison pour laquelle il existe des conventions entre le ministère des Armées, le Camp militaire de Sissonne et le Conservatoire des espaces naturels des Hauts-de-France pour permettre l’entretien du site par une activité d’élevage.
Un intérêt déjà reconnu du pâturage
Jusqu’en 2022, si une partie des 6 000 ha étaient donc déjà valorisés par la présence d’animaux (lire ci-contre), une nouvelle expérience a été conduite il y a quelques mois : réaliser une récolte mécanisée d’herbe à destination d’éleveurs bios dans des surfaces vierges. Fin 2021, le Conservatoire et Bio en Hauts-de-France ont en effet proposé à des éleveurs bio la récolte de fourrages sur le camp militaire de Sissonne. Aucun produit phytosanitaire n’étant utilisé sur le camp, y compris dans la partie valorisée par l’élevage conventionnel, les prairies sont compatibles avec la bio «à partir du moment où une dérogation est demandée à un organisme certificateur», assure-t-on chez Bio en Hauts-de-France.
Fauche en juillet
Le camp étant actif et les allers-et-venues strictement contrôlés, la fauche n’a toutefois pas pu être réalisée avant début juillet. «Les éleveurs retenus ont dû montrer patte blanche», expliquait en ce milieu de semaine Lorène Villain, conseillère en polyculture-élevage pour Bio en Hauts-de-France. Au nombre de trois, ils se sont organisés en collectif et ont délégué la fauche à une entreprise de travaux agricoles, avant de réaliser les autres étapes eux-mêmes. Une cinquantaine d’hectares ont ainsi pu être récoltés.
Bien que le rendement ait été faible – «environ une tonne de matière sèche par hectare», note Lorène Villain, l’expérience se révèle «intéressante», et pourrait être renouvelée l’an prochain sur une surface plus importante. «Sur les prairies calcaires de Sissonne, particulièrement séchantes, la sécheresse de cette année s’est traduite par de faibles rendements. Mais ce fourrage supplémentaire est particulièrement bienvenu dans les fermes avec ce contexte de déficit fourrager», assure-t-on chez Bio en Hauts-de-France.