Transport maritime
Sur le port de Dunkerque, l’agroalimentaire se porte bien
Lors de la présentation des résultats annuels 2023 de Dunkerque-Port, deux entreprises du secteur agroalimentaire ont retenu l’attention pour leurs investissements : Nord Céréales et Clarebout.
Lors de la présentation des résultats annuels 2023 de Dunkerque-Port, deux entreprises du secteur agroalimentaire ont retenu l’attention pour leurs investissements : Nord Céréales et Clarebout.
L’activité globale du port de Dunkerque a beau connaître un recul de 10 % en 2023 pour s’établir à 44 millions de tonnes, cela n’entache pas le moral de ses dirigeants qui présentaient les résultats du Grand Port Maritime de Dunkerque vendredi 19 janvier. Pour Maurice Georges, président du directoire du Grand Port Maritime de Dunkerque et Daniel Deschodt, directeur commercial du port, il ne s’agit ni plus ni moins que de «l’illustration de la transformation profonde et structurelle du modèle économique de Dunkerque-Port». Et plutôt que de s’attarder sur les chiffres – toujours attendus quoi qu’on en dise –, les deux hommes sont revenus sur les projets de développement de la zone, la mise en place de futures liaisons maritimes et les implantations d’entreprises réalisées ou prévues. «Dans leur globalité, les ports européens sont en retrait», a fait valoir Daniel Deschodt. Quant à Maurice Georges, il rassure en expliquant que «si le tonnage global est un indicateur, il ne faut pas regarder que cela et s’intéresser au changement de modèle d’attractivité du port».
Des dynamiques contrastées
Dans le détail, on constate que les vracs liquides sont en retrait de 16 % à 11,7 MT. Ils représentent désormais un peu plus d’un quart de l’activité globale du port en 2023. Les trafics d’hydrocarbures sont en baisse de 21 % à 2,7 MT tandis que l’activité GNL reste très soutenue à 8,3 MT.
En 2023, le terminal méthanier de Dunkerque a connu une activité très soutenue avec 126 escales. Les vracs solides sont, quant à eux, en baisse de 12 % à 14,3 MT. Ils représentent un tiers de l’activité du port. Les volumes de minerais, comme ceux de céréales, reculent respectivement de 25 % à 6,4 MT, et de 23 %. On notera que les autres vracs solides marquent néanmoins une hausse sensible de 34 % à 3,4 MT. Les marchandises diverses – elles ont représenté plus de 40 % de l’activité en 2023 –, sont en baisse de 5 % à 18 MT. «Dans un contexte peu favorable» selon les dirigeants de Dunkerque-Port, le trafic roulier fret Transmanche & Irlande affiche une légère baisse de 4 % avec 450 000 unités de fret transportées. Le trafic de véhicules de tourisme augmente sensiblement de 13 % à 350 000 unités, mais sans encore retrouver les niveaux d’avant Covid. Enfin, après dix ans de croissance ininterrompue, l’activité conteneurs du port marque une pause à 670 000 EVP (- 10 %). Néanmoins, Dunkerque continue à gagner des parts de marché sur cette filière.
Une activité agroalimentaire relais de croissance
Pour l’équipe de direction du port de Dunkerque, «l’activité reste très positive sur les relais de croissance du port». Et l’agroalimentaire, comme de nouvelles activités en font partie. «Pour être durable, il faut une diversification de nos activités, a défendu Emmanuelle Verger, présidente du conseil de surveillance du Grand port maritime de Dunkerque. On ne peut pas dépendre d’un seul type d’activités.» Et de citer parmi les faits marquants de 2023 des projets autour des énergies vertes ou la mise en route d’une usine de fabrication de frites surgelées par l’industriel belge Clarebout sur la zone ZGI «depuis la fin de l’année».
Présenté par Dunkerque-Port comme «l’un des leaders mondiaux de transformation de la pomme de terre», Clarebout n’en a visiblement pas fini d’investir dans le nord de la France puisque l’industriel devrait investir un nouvel entrepôt froid négatif de type transstockeur. Entièrement automatisé, il sera doté d’une capacité de stockage de 88 000 palettes. Installé au port ouest, il pourrait être mis en service au deuxième semestre 2024 et permettre à Clarebout «d’optimiser ses flux logistiques à l’exportation». La mise en place de nouvelles liaisons maritimes ?
Une opportunité, sans aucun doute, pour des acteurs historiques ou plus récents. L’arrivée de l’armateur MSC à Dunkerque avec un service conteneurisé hebdomadaire avec la côte occidentale d’Afrique et les Îles Canaries pourrait profiter au commerce de bananes et de mangues. Depuis 2023 (juin), la mise en place d’une liaison entre Dunkerque et l’Inde, le Pakistan et le golfe arabique par la compagnie CMA-CGM pourrait, quant à elle, bientôt profiter à… Clarebout.
Côté céréales, une autre entreprise bien connue du monde agricole semble elle aussi montrer qu’elle se sent comme un poisson dans l’eau à Dunkerque. Fin 2024, Nord Céréales devrait en effet mettre en service de nouveaux silos de stockage d’une capacité de 30 000 tonnes, ce qui portera ainsi sa capacité totale à 330 000 tonnes. Et bien que l’activité céréalière du port pâtisse «d’un mauvais début de campagne céréalière 2023-2024 (1,7 million de tonnes, - 23 %), marqué par une forte concurrence des blés russes, tant en quantité qu’en prix», Dunkerque Port veut croire «en de belles perspectives pour 2024» qui lui profiteront.
Le port de Dunkerque et le foncier
Pour accueillir de nouvelles entreprises et élargir le panel des activités que l’on peut trouver sur la zone portuaire de Dunkerque, Dunkerque-Port vante depuis plusieurs années la disponibilité foncière. Présidente du conseil de surveillance du Grand port maritime de Dunkerque, Emmanuelle Verger l’a souligné lors de la présentation des résultats du port, vendredi dernier, en évoquant les atouts de la zone : «Pourquoi les entreprises viennent à Dunkerque ? Parce que tous les acteurs du territoire travaillent dans le même sens. Nous avons du foncier disponible. Nous sommes le premier hub énergétique européen avec la production d’électricité décarbonée. Nous sommes à proximité immédiate de la mer et d’un réseau routier de qualité et nous avons la capacité de proposer des zones économiques clés en main.» Si l’ambition du port de Dunkerque est d’accueillir encore de nouvelles industries, cela ne sera pas au détriment de l’environnement, comme l’a souligné Maurice Georges, rappelant que «chaque développement s’accompagne d’une démarche environnementale ambitieuse». À titre d’exemple, il cite les «1 000 hectares réservés pour la préservation des zones humides et de la biodiversité dans les limites foncières du port», ou la requalification progressive de la friche industrielle SRD (raffinerie). Pour les responsables du port de Dunkerque, le concept de zones économiques «clés en main» participe aussi à un effort de sobriété foncière : «Le développement se fait sur de nouvelles zones, mais aussi en réutilisant des zones déjà aménagées», a dit M. Georges. Quant au foncier agricole environnant la zone portuaire, le président du directoire du Grand Port Maritime de Dunkerque se veut également rassurant : «Dans les deux, trois à cinq ans à venir, il nous reste plusieurs centaines d’hectares disponibles pour accueillir des activités. Nous nous devons d’avoir une démarche concertée pour préserver l’activité agricole. Il n’est pas question pour nous de la remettre en cause par notre développement.» Et de rappeler que la stratégie de développement du port de Dunkerque dépasse son seul périmètre pour s’impliquer dans celle plus large du territoire de la Communauté urbaine de Dunkerque.