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Surveiller la présence de pucerons pour intervenir en végétation

Différentes espèces de pucerons sont capables de transmettre les virus de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO). Deux solutions pour lutter : les techniques culturales préventives et la lutte insecticide.

Aucune lutte ne peut être engagée contre les virus que transmettent 
les pucerons quand la plante est infectée.
Aucune lutte ne peut être engagée contre les virus que transmettent
les pucerons quand la plante est infectée.
© ARVALIS - Institut du végétal

Les conditions climatiques de ces derniers jours ont favorisé les vols de pucerons et la colonisation des parcelles déjà semées. Leur surveillance est nécessaire pour positionner les interventions en végétation. Cette vigilance est à maintenir tant que les conditions climatiques restent favorables aux pucerons. Pour rappel, l’automne 2015 avait montré que des infestations même tardives pouvaient occasionner des dégâts significatifs.

Réduire le risque de viroses
La lutte préventive s’appuie notamment sur la destruction, avant les semis, des repousses et des graminées sauvages. La présence de ces plantes, réservoirs à virus et hébergeant des pucerons à proximité des futures parcelles de céréales à paille, vient accroitre le risque d’infestation et d’infection virale. Il est conseillé d’éviter un semis précoce : l’exposition au risque de viroses (JNO et pieds chétifs) est plus élevée suite à une concomitance accrue entre la période de forte sensibilité de la céréale et les activités de vol et de colonisation des insectes (pucerons et cicadelles). Mais retarder le semis ne constitue pas toujours une mesure pleinement efficace quand les conditions climatiques de l’automne restent longtemps favorables au développement des insectes sur la parcelle (comme à l’automne 2015).
La lutte génétique reste peu développée, malgré différents travaux conduits depuis de nombreuses années. Très récemment, quelques nouvelles variétés d’orge tolérantes à la JNO ont été inscrites au catalogue. Les résultats des essais d’évaluation par ARVALIS - Institut du végétal témoignent de leur bon comportement mais, face à des infestations soutenues (semis précoces), des pertes de rendement peuvent être observées pour ces variétés non indemnes de virus (de l’ordre de 9 q/ha pour Amistar sur 6 essais de 2013 à 2016).

Protection efficace jusqu’au stade 4-5 feuilles
La protection insecticide des semences à base d’imidaclopride (Gaucho Duo FS, Gaucho 350, Nuprid 600 FS, Matrero) présente une très bonne efficacité vis-à-vis des pucerons et des cicadelles. Ce traitement est notamment justifié sur les semis précoces et sur orge, espèce à forte sensibilité JNO. Lors d’essais soumis à des infestations significatives et prolongées (figure 1), le traitement de semences à base d’imidaclopride a confirmé sa forte efficacité avec un gain de rendement atteignant 53 q/ha en moyenne sur 6 essais (dont 5 sur orge).
Cette protection peut s’étendre jusqu’au stade 4-5 feuilles environ, mais elle n’est pas totale face à des infestations tardives. Sur ces mêmes essais, avec des semis précoces soumis à des infestations prolongées, l’application d’un traitement insecticide relais (Karaté Zéon) au stade début tallage a permis d’accroître le rendement de près de 5 q/ha, avec un gain variable selon les situations. Ces résultats soulignent la nécessité de prolonger la surveillance lors des automnes doux et ensoleillés qui peuvent favoriser une activité relativement tardive des pucerons dans un contexte de croissance rapide des céréales.

Intervenir au bon moment
Les insecticides appliqués en végétation sont essentiellement des pyréthrinoïdes (figure 2). Ils agissent par contact, avec une persistance d’environ quize jours, et ne protègent pas les nouvelles feuilles formées après le traitement. Une application trop précoce est une assurance illusoire, car elle ne permettra pas de lutter efficacement contre les infestations à venir. Il s’agit donc de ne pas traiter par rapport à un stade mais seulement en présence des pucerons.
L’observation des insectes dans la parcelle est essentielle pour déclencher le traitement insecticide. Elle doit se faire minutieusement et par beau temps durant les heures les plus chaudes du début d’après-midi. A ce moment-là, les pucerons sont montés sur les feuilles et plus faciles à observer (contrairement au matin où ils se cachent au pied du feuillage). Il est conseillé d’éviter les jours de pluie. Attention, une observation dans des conditions peu favorables peut conduire à une sous-estimation des infestations.
Les pucerons ne sont pas responsables de dégâts directs, leur nuisibilité varie en fonction de leur pouvoir virulifère, des caractéristiques des virus, et de la sensibilité de la culture (espèce, stade…). Sur la base de suivis d’infestation avant tallage, il est recommandé d’intervenir quand 10 % de plantes portent au moins un puceron. Il est également conseillé de ne pas laisser séjourner les pucerons plus de dix jours sur la parcelle : même peu nombreux - et donc plus difficilement observables, notamment par temps pluvieux -, ils peuvent occasionner de graves dégâts suite à une présence prolongée.
Et au-delà du premier traitement, il est nécessaire de ne pas relâcher la surveillance quand les conditions sont favorables à de nouvelles infestations. Les plantes restent sensibles à l’infection jusqu’au stade fin tallage environ.
Ainsi, sur les essais ARVALIS - Institut du végétal relatés en figure 1, le traitement insecticide Karaté Zéon, appliqué à 10 % de plantes habitées, a permis un gain de 41 q/ha. Mais face aux infestations tardives survenues dans ces essais, seule une lutte renforcée avec une deuxième application (environ quatorze jours après la première) a permis d’atteindre un rendement proche de celui acquis avec la protection insecticide des semences.

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