Tereos diversifie son portefeuille de produits alimentaires
L'entreprise poursuit sa diversification dans des marchés à valeur ajoutée, et parfois aussi à gros volumes.
À un moment où la R&D de Tereos entre dans sa phase de croisière, le groupe coopératif a voulu, lors d'une journée destinée à la presse le 21 mai sur son site de recherche-développement de Marckolsheim, près de Strasbourg, mettre en évidence la segmentation des marchés alimentaires dans des domaines de plus en plus spécifiques et technologiques : trouver le sirop de glucose qui permet à une boule de glace de rester moelleuse, diminuer la charge calorique d'une barre céréalière, et surtout mettre au point la protéine de blé qui remplace la viande dans un plat tout en ayant du goût et de la texture.
Tereos s'intéresse à l'éthanol, mais aussi aux pneus fabriqués à partir de ressource renouvelable (alcool), à travers une collaboration avec le groupe Michelin. Les débouchés que vise Tereos sont nombreux et à forte valeur ajoutée, car ils portent un contenu élevé de technologie.
La bétaïne issue des résidus de sucres non extractibles...
Le groupe, cinquième sucrier et troisième amidonnier à l'échelon mondial, s'oriente ainsi vers des secteurs tels que la pharmacie, la nutrition humaine fonctionnelle, la nutrition animale spécifique.
Son activité pharmaceutique découle de son expertise dans les propriétés des produits à se maintenir ou au contraire à se déliter dans un milieu liquide, a exposé Anne Wagner, directrice de la R&D chez Tereos.
Cette activité s’attache aussi à trouver une utilisation à tout produit, même s'il est temporairement un résidus. Anne Wagner a cité le cas de la bétaïne, molécule issue des moûts de fermentation des sucres résiduaires dans les sucreries, ces sucres non extractibles.
Des aliments sur mesure
L'activité de nutrition chez Tereos est très variée. Les segments de marché vont de l'alimentation pour les très jeunes enfants (de 0 à 2 ans) qui ont des besoins nutritionnels importants, à l'alimentation pour les personnes âgées qui nécessite des apports de protéines conséquents pour éviter la fonte musculaire, et des arômes et textures d'aliments appétents.
Le centre de R&D de Marckolsheim travaille sur la texture des confiseries et des pâtisseries. «Les bonbons ne pourraient exister sous leurs formes courantes sans les sirops de glucose», indique une affiche pédagogique dans un laboratoire. Un laboratoire voisin met au point des cakes où la matière grasse est remplacée par un type de fibre issu de la transformation de l'amidon.
Tous ces marchés sont des niches, avec peu de volumes et beaucoup de valeur ajoutée.
Mais à côté, se profile un marché prometteur, tant en termes de tonnages que de prix : celui des protéines pures, issues du végétal et notamment du blé. Le choix du blé s'explique par l'objectif de valoriser les cultures locales mais aussi parce que la protéine du blé est plus pure que celle du soja.
Un substitut de viande en protéine de blé
«Nous avons créé un substitut de viande. Nous voulons qu'il ait du goût et de la texture, sinon la consommation ne démarrera pas. C'est pourquoi nous travaillons aussi avec des cuisiniers», a expliqué Michel Flambeau, directeur des applications.
Cette innovation technologique a été récompensée par le prix de l'ambition «protéines végétales» que le président de la République a remis le 28 avril dernier à Anne Wagner dans le cadre du concours mondial de l'innovation.
Tereos compte maintenant passer au pilote de production et projette la fabrication de hamburgers, saucisses et filets de viande.
Autre marché à volumes qui se profile, les aliments pour poissons contenant deux fois plus de protéines que jusqu'ici. Tereos travaille avec des fabricants d'aliments pour le développer.