Transition écologique ou "50 nuances de vert"
Le thème de la transition écologique de l’agriculture dessine, au travers des programmes, «50 nuances de vert». Le vert clair se situe clairement à droite.
L’expression de Christiane Lambert est la bonne, employée au sortir du Grand oral agricole qu’organisait son syndicat avec les JA, le 14 mai. «50 nuances de vert», en référence au roman best-seller de la Britannique E.L James. Le moins vert se situe clairement à droite de l’échiquier politique.
«Imposer de nouvelles contraintes alors que nos agriculteurs gagnent déjà peu d’argent n’est pas une bonne idée», indique Hervé Juvin, en cinquième place sur la liste du Rassemblement national. Pour assurer la transition écologique, le parti propose de redistribuer la taxe carbone imposée aux industriels, à destination des agriculteurs qui stockent du CO2 sur leurs terres, et notamment ceux qui exercent un élevage herbager. La thématique n’est pas non plus mise en avant par Debout la France.
Pour les autres, on peut reprendre la formule «50 nuances de vert», utilisée par la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, pour qualifier les prestations des candidats lors du Grand oral agricole, qu’elle organisait avec les JA, le 14 mai. En vert clair, les LR se positionnent en faveur de «l’incitation» plutôt que des sanctions. Anne Sander estime que le parti a donné des gages budgétaires dans la proposition du Parlement, avec un minimum de 20 % du premier pilier alloué aux nouveaux éco-programmes.
Plus ou moins de conditionnalité
La liste Renaissance se revendique plus verte, notamment au travers des objectifs suivants : «augmentation massive du verdissement», «doublement des surfaces en bio»... Mais dans l’esprit, Pascal Canfin, deuxième sur la liste Renaissance, avait précisé, le 16 avril dernier, lors d’un débat organisé par le Réseau action climat, que son objectif n’était «pas de verdir plus que ça la position de la France, déjà la plus verte d’Europe. Le chemin culturel a été fait chez nous, grâce aux ONG et aux syndicats agricoles qui ont pris conscience de ces problématiques».
A gauche de LREM, le PS veut «une aide directe qui soit davantage conditionnée aux enjeux écologiques : SIE (surfaces d’intérêt écologique), rotation, prairie naturelle...» Des éco-programmes qui ont comme «priorité, les enjeux de changement de modèle», avec des financements pour accompagner cette évolution. Les Insoumis, avec pour modèle une agriculture biologique basée sur un modèle de polyculture élevage, veulent «un transfert massif des subventions de la Pac vers les petites exploitations et l’agriculture bio», indique leur programme. Pour accompagner les changements de pratiques, les Insoumis veulent redéployer les budgets vers une rémunération de services environnementaux et de contrats avec des objectifs de transition.
Enfin, EELV veut renforcer la conditionnalité des aides selon cinq exigences sanitaires et environnementales : «équilibres territoriaux», «ressources en eau», «biodiversité», «climat et santé». L’objectif est, à terme, de faire disparaître la dichotomie entre premier et second pilier. «Il faut arrêter d’encourager un système qui répare, grâce au second pilier, les erreurs faites à cause du premier pilier», indique Benoît Biteau, paysan bio, référent agricole sur la liste du parti.