Chambre d’agriculture
Un bilan et des réalisations qui donnent envie de continuer
Lors de la session de la Chambre départementale d’agriculture du 19 mars dernier, ses élus ont eu droit à une présentation sous forme de pré-bilan de la mise en place du projet d’entreprise «Osons».
Lors de la session de la Chambre départementale d’agriculture du 19 mars dernier, ses élus ont eu droit à une présentation sous forme de pré-bilan de la mise en place du projet d’entreprise «Osons».
Après presque cinq années de mandature, quel est le chemin parcouru ? Quelles ont été les politiques mises en place et leurs résultats ? Les objectifs annoncés en matière d’accompagnement de l’agriculture dans ses transitions, de création de valeur dans les territoires et de création d’interactions de liens entre agriculture et société ont-ils été atteints ? Sur la base d’un autodiagnostic, c’est à ces questions que la direction de la Chambre départementale de la Somme a répondu le 19 mars dernier. 38 actions ont ainsi été identifiées et évaluées, donnant lieu à un classement avec des indicateurs.
«Communiquer sur ce que l’on fait»
Comment ne pas évoquer dans l’axe 1 «Accompagner l’agriculture dans ses transitions» sans aborder d’abord le renouvellement des générations ? Pour la présidente de la Chambre d’agriculture de la Somme, Françoise Crété, l’accompagnement des jeunes et l’installation font partie des «belles réussites». Au cours de la mandature, avec pas moins de 400 jeunes accompagnés dans un projet d’installation, le directeur adjoint de la Chambre, Olivier Morel, considère que l’objectif est «atteint». «Même si ce nombre n’est pas suffisant pour compenser les cessations d’activité, l’accompagnement de qualité réalisé permet une installation viable et durable», a défendu Mme Crété.
Idem en ce qui concerne le nombre de collectifs d’agriculteurs créées : 8 GIEE et 2 groupes Dephy. En matière de recherche et développement, l’objectif est atteint avec une participation de la Chambre d’agriculture à
dix appels à projets européens ou nationaux. Les choses se corsent néanmoins en ce qui concerne l’activité de conseil. Qu’il s’agisse de conseil pour l’optimisation technique et d’accompagnement des groupes, de développement du numérique ou de conseil en élevage, les objectifs ne sont que «partiellement atteints». L’explication, c’est Françoise Crété qui la livre : «Le conseil de la Chambre d’agriculture est neutre et basé sur des retours d’expérience. Il est dommage que nous n’ayons pas plus d’agriculteurs attentifs à ce que l’on propose…» D’autant que la concurrence en la matière est rude. Pour Christophe Buisset, «on ne communique peut-être pas assez sur ce que l’on fait…» Et de citer l’exemple du développement du numérique dans les exploitations «qui permet quand même de faire de sacrées économies aux agriculteurs». En matière de formation des actifs agricoles, les objectifs sont toutefois atteints – 40 % des parts de marché de la formation continue –, de même qu’en matière d’information et de conseil réglementaire avec notamment le développement d’un service d’aide à la saisie et de préparation aux contrôles.
Création de valeur dans les territoires
Sur le volet «création de valeur dans les territoires», «les objectifs ont été largement atteints», s’est réjoui Alain Waymel ; notamment portés par les circuits courts et la vente directe, mais aussi grâce à un partenariat efficace avec le Conseil départemental. La plateforme Approlocal, dont l’objectif était de réaliser 1 million de chiffre d’affaires par an, a par exemple permis de réaliser 2,1 millions de CA au 31 décembre 2023. Chaque communauté de communes compte aussi un élu référent de la Chambre pour accompagner des projets de développement. Le département de la Somme est riche de 32 distributeurs automatiques – l’objectif était d’en installer 30 – , de 5 PAT, ou encore 6 nouvelles filières. Dans un contexte plus aussi porteur qu’il ne l’a été, l’agriculture bio et son développement sont à la peine : seules 17 exploitations ont en effet engagé une étude de conversion et seulement 50 % des exploitations converties à l’AB dans le département font l’objet d’un plan d’accompagnement de la performance.
Les manifestations de l’hiver pouvaient-elles être évitées ?
Pour la présidente de la Chambre d’agriculture de la Somme, Françoise Crété, il ne fait aucun doute que les manifestations auxquelles ont pris part les agriculteurs en fin d’année 2023 et début de l’année 2024 ont eu un caractère «inédit». Ce mouvement, a-t-elle déclaré, «personne ne l’a vu arriver». «Il est parti d’une base exaspérée par une complexité administrative de plus en plus prégnante, des réglementations qui se superposent, des contrôles et des sanctions parfois humiliants et toujours stressants quand les erreurs ne sont pas intentionnelles.» Profitant de la tribune de la Chambre d’agriculture et de la présence de plusieurs personnalités – dont Emmanuel Noiret pour Conseil départemental et des représentants des administrations – Françoise Crété a tenu à «saluer l’action de nombreux agriculteurs qui se sont mobilisés et féliciter les différents syndicats pour la bonne gestion des manifestations». Des manifestations qui ont d’ailleurs bénéficié d’un large soutien de la population. «Je salue également la réactivité des pouvoirs publics à tous les niveaux», a encore dit Mme Crété, regrettant quand même «des réponses concrètes qui tardent à venir.»
En ce qui concerne les semaines de mobilisation, le président de la FDSEA de la Somme, Denis Bully, a de son côté assuré que les manifestations des derniers mois étaient «prévisibles» : «le feu couvait depuis un petit moment. Pas mal de clignotants étaient déjà activés en 2023». Et l’agriculteur de détailler les conséquences de l’inflation, les difficultés à recruter de la main-d’œuvre, le PAR 7 sur les nitrates, l’hésitation des jeunes à s’engager et à s’installer, l’obligation de mise en jachère des terres finalement abandonnée, les paiements verts incomplets, «l’excès de zèle de certains contrôleurs», ou encore «la difficulté à accéder au financement public pour certains investissements»… En dernier lieu, il cite «un automne qui a été compliqué avec les inondations». Pour toutes ces raisons, il n’en fallait pas plus pour que l’eau déborde de la rivière.
«Fiers du travail accompli»
Le troisième et dernier axe, «faire dialoguer agriculture et territoire» est sans conteste celui où le nombre d’objectifs atteints est le plus élevé : élaboration d’une charte de bon voisinage, d’une charte de circulation des engins agricoles, aménagement de bassins versants, participation à l’élaboration de plans d’actions au sein des bassins d’alimentation de captage, suivi des bilans annuels d’épandage urbains et industriels, valorisation du recyclage, participation à plusieurs événements agricoles (Plaine en Fête, Foires d’Abbeville et de Montdidier…)
À l’issue de la présentation, Françoise Crété s’est dit «fière du travail accompli par les élus et les équipes techniques ces dernières années.» «Ensemble, a-t-elle ajouté, nous avons jeté les bases d’un avenir plus fort et plus prospère pour les entreprises agricoles de la Somme et ceux qui la font vivre au quotidien.» Bien que satisfaite, la présidente a toutefois appelé chacun à ne pas se reposer sur ses lauriers : «Je compte bien évidemment sur vous pour les dix derniers mois de la mandature actuelle.» Les yeux rivés déjà sur les élections qui se tiendront en janvier 2025.