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Un contrat tripartite pour une meilleure valorisation des viandes

L’enseigne Lidl France, les éleveurs de charolaises représentés par Elvea Hauts-de-France, Oise, la coopérative Cobevial et le transformateur Bigard reconduisent pour la troisième année leur engagement à garantir aux éleveurs partenaires une rémunération plus juste.

Installé à Ebblinghem, dans le Nord, Emmanuel Deboudt est un éleveur de bovins allaitants heureux, «plus heureux que lorsque je faisais du lait», expliquait-il la semaine dernière au moment d’accueillir sur sa ferme la signature du renouvellement d’une convention entre l’enseigne Lidl France, Elvea Hauts-de-France et Oise, la coopérative Cobevial et l’abatteur Bigard. Emmanuel Deboudt est en effet l’un des
trois cents éleveurs de la région Hauts-de-France auxquels profitent la démarche «Ch’ti bœuf» qui garantit un prix de 4,30 €/kg départ élevage pour des animaux de race charolaise.

Un cahier des charges précis
Pour Lidl, au travers de ce contrat tripartie, l’ambition est «d’enrichir l’offre de boucherie avec une viande 100 % origine France, en race charolaise», a détaillé l’enseigne. Pour être estampillée «Ch’ti bœuf» et intégrer la démarche, la viande doit être maturée quatorze jours. Faisant l’objet d’une sélection préalable par l’acheteur, l’animal doit être conformée R et de race pure charolaise. Le poids des carcasses doit quant à lui être compris entre 340 et 420 kg. Léger ?
Certes, mais c’est la condition pour permettre à Lidl de vendre des barquettes dont le prix reste accessible. Dans les rayons des 150 supermarchés du nord de la France où la gamme Ch’ti bœuf est déployée, elle est présente via sept produits : 4 références piécées (entrecôte, faux-filet, steak et tournedos) et 3 références «hachées» (vrac, steak et burger). Sur l’emballage, véritable porte-drapeau de la démarche, un portrait d’éleveur et la mention d’une plus juste rémunération. Pour Michel Biero, directeur exécutif achats et marketing Lidl France, «mettre le portrait d’un éleveur sur le packaging est un vrai plus, mais pour nous, cela a un sens. On veut montrer qu’il s’agit d’une démarche locale et qu’elle est équitable. Personne n’accepterait d’être en photo sur le produit si ce n’était pas le cas».

Une démarche copiée sur le Ch’ti porc
Outre les éleveurs, du côté des autres acteurs de cette filière locale et équitable, les avis sont unanimes. Tous acquiescent et ont le sourire au moment d’apposer leur signature sur le document qui renouvelle le contrat Ch’ti bœuf pour la troisième année consécutive. La première signature de ce contrat avait en effet eu lieu en 2019, lors du Salon international de l’agriculture. Pour Hervé Drouvin, président de la coopérative Cobevial, «ce type de contrats existe peu, même si on en parle beaucoup». Et de souligner que «l’accord avec Lidl pour revaloriser le tarif a été rapide.» Directeur d’Elvea Oise, Christophe De Bruyne confirme : «L’enseigne Lidl a été réactive et à l’écoute de la demande de nos éleveurs sur une revalorisation du prix pour suivre la hausse des matières premières». Entre l’an dernier et cette année, cette revalorisation affiche un montant de 0,25 €/kg.
L’enseigne Lidl et Bigard sont quant à eux engagés sur un volume de valorisation d’un peu moins de cinquante animaux par semaine, dont l’approvisionnement est assuré pour moitié par Cobevial, et pour l’autre, par les associations d’éleveurs Elvea Hauts-de-France et Elvea Oise. «C’est vraiment un beau projet», s’enthousiasme encore Hervé Drouvin qui rappelle que la démarche ne concernait «qu’une dizaine d’animaux à ses débuts». Michel Biero, quant à lui, l’assure : «C’est quelque chose que nous avons prévu de développer encore à l’avenir» ; et pas seulement en viande bovine. La preuve ? Le matin même, Lidl renouvelait un contrat similaire en porcs autour de la marque Ch’ti Porc des Flandres. Pour la sixième année consécutive, cette initiative associe une centaine d’éleveurs du groupement des producteurs de porcs des Monts de Flandre, l’abattoir-découpeur belge Westvlees et les industriels salaisonniers Tradelio et De Keyser.

Michel Biero, Lidl France : «Le contrat tripartite est le seul qui tienne la route»

Dans chacune des exploitations agricoles des Hauts-de-France qu’il a pu visiter, comme avec les responsables des filières qu’il a pu rencontrer à la même occasion, Michel Biero montrait la même serenité. Le modèle de contrat pluriannel qu’il a renouvelé avec plusieurs filières régionales – Ch’ti porc, Ch’ti bœuf – le montre : «C’est quelque chose qui marche», expliquait en fin de semaine dernière le directeur exécutif achats et marketing Lidl France. Les dernières négociations commer-ciales qui ont conduit les agriculteurs à descendre dans les rues en début d’année se sont «superbement bien passées» pour Lidl. Pourquoi ? «Parce que les marques nationales, qui sont concernées par les négociations commerciales annuelles ne représentent que 10 % du business de Lidl. Chez nous, 80 % des produits alimentaires que nous vendons sous marque de distributeur (MDD)», explique Michel Biero.
S’il se montre ensuite aussi prolixe sur le déroulement des négociations commerciales, les méca-nismes utilisés, la lois LME puis l’échec de la loi Egalim, c’est parce que Michel Biero est convaincu d’avoir entre les mains un outil qui lui permet de se placer au-dessus de la mêlée : le contrat tri-partite. «Il y a deux ans, j’avais dit que la Loi Egalim était une coquille vide… et cela s’est confirmé». Après l’annonce d’un projet de loi destiné à la «corriger» (lire en page 14), Michel Biero se satisfait que ce texte porté par le député Grégory Besson-Moreau s’appuie sur le rapport Papin : «Il faut mettre en place un principe simple, souligne le responsable de Lidl France. C’est la non-négociabilité des coûts de production comme le dit le rapport de Serge Papin». Néanmoins, il s’interroge : «Est-ce que cela sera suffisant ? Si la nouvelle loi intègre ce principe, ce sera bien. On aura fait un grand pas». Quant à la pluriannualité des contrats, «c’est quelque chose qui existe déjà dans nos contrats tripartites». Avec Serge Papin, l’ancien patron de Système U, il estime «être sur la même longueur d’onde», en ce qui concerne ses propositions. Michel Biero aurait-il ainsi pu être l’auteur d’un rapport identique ? L’intéressé sourit : «C’est à lui que le gouvernement a demandé… parce qu’il était disponible ! (Rires) Moi, je suis bien chez Lidl et j’ai encore des choses à y faire».

 

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