Un nouveau paysage laitier se dessine
A l’aube de la sortie des quotas laitiers, la tendance française est à la concentration dans l’Ouest et le Nord, à des exploitations plus grandes, et à moins d’éleveurs.
La démographie ruminante repart à la hausse en France : au 1er mai 2014, 3,6 millions de vaches laitières peuplaient les champs et les étables françaises, soit 2% de plus qu’en 2013, explique Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, dans une note de conjoncture du 12 novembre. Après plusieurs années de baisse, le cheptel laitier s’était stabilisé en 2013.
Moins de vaches dans le Sud-ouest
Mais ces chiffres nationaux marquent de fortes disparités régionales, qui préfigurent ce que pourrait être le visage de la France laitière de demain. Entre 2008 et 2014, le bassin Grand-ouest est la seule zone dont l'effectif de vaches laitières croît (+ 2 %, soit + 19 000 animaux), alors que le total du cheptel national a reculé de 3,5 %, soit une perte de 133 500 têtes. Sur la même période, le bassin Sud-ouest a perdu 18 % des effectifs, soit 54 000 vaches. Rien que l’année dernière, cette zone en déprise laitière a perdu 3 % de ses effectifs (- 8 000 vaches).
«Cette évolution, variable selon les régions, accentue la concentration géographique de la production laitière française et préfigure la nouvelle carte laitière, après la fin des quotas laitiers en 2015», anticipe Agreste.
Le lait se concentre dans l’ouest et le Nord
La production de lait se déplace donc vers l’ouest et le Nord. Au 31 mars 2014, alors que le quota augmentait pour les quatre principaux bassins laitiers et le bassin sud-est, il baissait pour les bassins sud-ouest et Charentes-Poitou (respectivement - 5 % et - 1 %). Les bassins Grand-ouest, Normandie, Grand-est et Nord-Picardie représentent aujourd’hui 73 % des quotas de livraisons.
Le nombre de producteurs poursuit sa chute. La France a perdu 24 000 exploitations entre les campagnes 2007-2008 et 2013-2014. Au 31 mars 2014, il reste 69 000 détenteurs de quotas. Là encore, la baisse n’est pas la même partout. Les quatre principaux bassins ont perdu 24% des producteurs, contre 36 % dans le sud-ouest et 34 % en Charentes-Poitou. Dans ces conditions, alors qu’entre 2008 et 2014 le quota moyen par exploitation a progressé au niveau national de 113 000 litres, la hausse du quota moyen est la plus importante en Charentes-Poitou et atteint près de 187 000 litres.
Les types de structures évoluent aussi, les exploitations individuelles reculant au profit des formes sociétaires. En 2008, 50% des exploitations étaient sous forme sociétaire, contre 37% en 2014. Le nombre d’Earl progresse de 22% à 30%.
Le quota toujours pas réalisé
Malgré la hausse des effectifs, la collecte de lait 2013-2014, reste en dessous du quota national. Elle reste dynamique sur les six premiers mois de la campagne 2014-2015 (+ 7%), avec des conditions de productions favorables. «Néanmoins, ces conditions pourraient être perturbées par les conséquences de l’embargo russe sur le marché laitier mondial», prévient Agreste. L’embargo survient dans un contexte de hausse de la collecte européenne : sur les sept premiers mois de 2014, la collecte européenne a augmenté de 5,4 % par rapport à la même période de 2013, et les fabrications de poudre de lait écrémée de sont supérieures de 53% par rapport au premier semestre 2013.