Agriculture bio
Un plan bio régional pour doubler les surfaces d'ici 2027
Le conseil régional des Hauts-de-France a adopté un nouveau plan bio pour les cinq ans à venir. «Une ambition renouvelée pour la bio» des Hauts-de-France dans un contexte incertain pour la filière.
Le conseil régional des Hauts-de-France a adopté un nouveau plan bio pour les cinq ans à venir. «Une ambition renouvelée pour la bio» des Hauts-de-France dans un contexte incertain pour la filière.
En séance plénière le 26 janvier, les conseillers régionaux ont adopté un nouveau plan bio 2023-2027. Un plan «pragmatique et réaliste» souligne Marie-Sophie Lesne, vice-présidente en charge de l'agriculture, qui manque d'ambitions pour les écologistes. Décryptage.
Constat
En 2017, la Région adoptait son premier plan bio quinquennal. Elle est alors la dernière région de France en bio avec seulement 32 000 hectares, soit 1,5 % de sa superficie agricole utilisée (SAU). L'objectif est de multiplier et accompagner les conversions. Objectif atteint pour la majorité régionale cinq ans plus tard : «Les Hauts-de-France rattrapent leur retard en matière de développement de l'agriculture biologique (AB) avec une dynamique de conversion à deux chiffres, supérieure à la moyenne nationale.»
Le nombre d'exploitations certifiées bio et la superficie ont quasiment doublé avec près de 60 000 hectares, fin 2021, soit «plus de 18 %» de surfaces supplémentaires converties en moyenne par an. Du progrès, mais les marges de progression sont bien réelles : «Malgré cette dynamique, les Hauts-de-France occupent encore le bas du tableau en termes de surface bio» : 2,8 % contre 10,3 % au niveau national. La région est toujours à la traîne aussi au niveau de la consommation en bio, près de deux fois inférieure à la moyenne française, et encore la dernière de France. Même si le contexte actuel n'est pas favorable à la bio, «pour autant, la bio est compétitive et les marges de progrès au niveau de la consommation restent encore importantes en région», affirme Marie-Sophie Lesne.
Acte II du plan bio
D'où l'intérêt de prolonger le soutien à la filière, estime la Région. «Ce nouveau plan bio, on y travaille depuis un peu plus d'un an avec tous les acteurs de la filière dans un contexte qui s'est retourné pour les produits bios avec une consommation globale en recul de 7,5 % en volume en 2022 en France et des déconversions qui n'épargnent par les Hauts-de-France», rappelle-t-elle. L'objectif est chiffré : atteindre, en 2027, le doublement des surfaces agricoles bio régionales par rapport à 2021. Pour y arriver, la Région s'engage notamment à «maintenir les montants de subvention annuels accordés à l'ingénierie du plan bio ; maintenir et améliorer les aides dédiées à la bio ; prioriser et majorer de manière significative les autres aides non spécifiques au bio pour les acteurs bio ; mettre en cohérence les objectifs du plan bio avec les politiques publiques de la Région et avec l'objectif d'atteindre 20 % de produits bio dont la moitié d'origine régionale dans la politique de restauration des lycées et lors des commandes publiques émises lors de réceptions, événements ou traiteurs».
«Nous nous battons aussi pour la pérennité des exploitations converties pour ne pas perdre le bénéfice de ce qui a été fait et l'argent investi», insiste la vice-présidente à l'Agriculture.
«En dépit des avancées, nous resterons la dernière région de France. Nous entendons la réalité présentée, mais il faut aussi parler d'une autre réalité, celle de la biodiversité qui s'effondre, de la qualité de l'eau, et du fait que d'ici dix ans, la moitié des exploitations vont changer de main, de génération, interpelle Nicolas Richard, du groupe Pour le climat et pour l'emploi. Or, on ne se convertit pas au bio quand on part en retraite, pas non plus quand on se lance dans un modèle avec vingt ans d'emprunt. Il y a pour les cinq prochaines années, une nécessité à appuyer plus sur la bio pour la biodiversité, pour l'emploi, pour l'agriculture.» Pour mémoire, 9,5 millions d'euros ont été engagés sur le premier plan.
Syndicats, coopératives et chambres travaillent sur un plan de sauvegarde pour le bio
145 €/ha, contre 110 €/ha actuellement. Cette mesure représenterait un coût entre 80 et 100 M€/an, soit la moitié environ du reliquat projeté. Autre demande plus consensuelle : déclencher des aides de crise pour les productions en difficulté. «L’État l’a fait pour le porc (début 2022, ndlr), et peut donc le faire pour la bio», encourage Loïc Guines, élu référent des chambres pour la bio. Le reliquat pourrait aussi, selon lui, financer les campagnes de l'Agence bio, qu'il préside actuellement. Du côté des transformateurs, la directrice générale du Synabio, Claire Dimier-Vallet, alerte sur «des problèmes de trésorerie», qu'elle détaillera prochainement à Bercy.