Santé animale
Un troupeau les pieds en éventail
La mauvaise santé des aplombs et les boiteries figurent toujours en bonne place dans les causes de réforme des vaches laitières. Bien souvent, une boiterie a déjà engendré des pertes économiques importantes avant même d’entraîner la réforme de l’animal. Ainsi, mieux vaut connaitre et appliquer les moyens de prévention et, lorsqu’il le faut, agir vite et bien pour réduire les conséquences des lésions des pattes.
La mauvaise santé des aplombs et les boiteries figurent toujours en bonne place dans les causes de réforme des vaches laitières. Bien souvent, une boiterie a déjà engendré des pertes économiques importantes avant même d’entraîner la réforme de l’animal. Ainsi, mieux vaut connaitre et appliquer les moyens de prévention et, lorsqu’il le faut, agir vite et bien pour réduire les conséquences des lésions des pattes.
Il n’est pas simple d’estimer précisément les pertes économiques occasionnées par une boiterie. La facture totale dépend en effet de la gravité ; une vache incapable de se lever et de se nourrir va forcément être davantage pénalisée qu’une vache avec une simple gêne. Plusieurs études mentionnent un coût allant de 150 à 265 € par boiterie. Mais, dans le cas d’une lésion avérée, la prise en compte de la quantité de lait non produite, des soins mis en œuvre et de la réduction de la longévité se solde par une note comprise entre 400 à 600 € par boiterie !
Un bref rappel physiologique s’impose pour bien appréhender la problématique. Le pododerme est situé sous la corne dure, il est à l’origine de la corne. Comme les ongles chez l’homme, la corne des onglons des vaches pousse de manière continue d’environ 5 mm par mois dans de bonnes conditions. La nouvelle corne descend pendant que l’ancienne s’use naturellement. Il faut distinguer deux types de corne. Celle de la muraille, plus dure, est située autour de l’onglon. Celle du talon est plus tendre, plus souple et par conséquent plus sensible à l’abrasion sur sols durs (sur le béton par exemple). Cette propriété physique de la corne du talon peut expliquer le développement de certaines pathologies, comme l’érosion de talon, les bleimes ou encore les abcès de la sole.
Il est toujours délicat d’être formel sur l’origine des boiteries d’un troupeau, tellement les facteurs de risques sont multiples. L’humidité, la glissance, la qualité des chemins d’accès peuvent jouer un rôle dans l’apparition de maladies d’origine sanitaire (mortellaro, fourchet) mais aussi des lésions de la ligne blanche. L’alimentation peut également être à l’origine de lésions podales. Le diagnostic est d’autant plus complexe qu’un type de lésion peut résulter d’une combinaison mixte (alimentation et sanitaire par exemple). À ces origines bien connues, il faut en ajouter une moins évidente : le stress.
Stress et boiteries
Tout ce qui modifie la routine de la vache peut entraîner un stress plus ou moins important : un changement de ration brutal, la première traite ou bien encore le déplacement d’un lot à un autre... Un stress alimentaire, lié à une concurrence à l’auge par exemple, peut entraîner un déficit énergétique et des carences. Or, pour produire une corne de qualité, l’animal doit avoir à sa disposition l’ensemble des nutriments, en quantités suffisantes, nécessaires à sa fabrication. Si le déficit se prolonge, l’animal puise dans ses réserves et s’amaigrit. Une des conséquences peut être une diminution du coussinet plantaire et de son effet «amortisseur».
De même, l’accès à l’eau peut aussi être un facteur de stress. Un manque de place à l’abreuvoir va nuire immédiatement à la production laitière, mais aura également un impact sur les membres en réduisant le temps de repos des pattes.
Une vache devrait être couchée pendant dix à quatorze heures par jour. Des logettes inadaptées ou mal réglées n’incitent pas au repos des pattes. Dans certaines étables, l’effectif a évolué sans que la salle de traite ne change, entraînant une augmentation du temps d’attente à la traite. Dans ces conditions, le risque de boiteries augmente fortement.
Attention aux génisses
Les primipares doivent faire l’objet d’une attention particulière. Du jour au lendemain, elles intègrent un troupeau de vaches plus âgées avec une hiérarchie déjà établie. Couplées à un manque de place à l’auge, ces prédispositions favorisent l’apparition de troubles alimentaires. Par exemple, elles peuvent être amenées à «se gaver» pour réduire le nombre de repas par jour. Ce comportement augmente le risque d’acidose et, par conséquent, celui de fourbure.
Gérer le risque
En plus de limiter le stress des animaux, il est nécessaire de procéder à un parage régulier afin de maintenir de bons aplombs. Même si ces entretiens n’enlèvent qu’une petite quantité de corne, ils stimulent la production de nouvelle corne saine.
L’intervention préventive sur les aplombs réduit énormément le risque de boiterie de la vache laitière pendant sa période de lactation. Un parage fonctionnel correct des aplombs restaure ou entretient la stabilité des pattes et permet à la vache de distribuer son poids de façon équitable entre les onglons.
Compte-tenu de ces éléments et notamment celui du coût des boiteries, la mise en place de mesures préventives est une nécessité. Le parage régulier des vaches avant le tarissement et environ deux mois après le vêlage constitue certainement la mesure la plus rapidement efficace. Néanmoins, si le troupeau connaît une flambée de boiteries ou qu’un type de lésion est présent de manière récurrente, il faut investiguer afin de déterminer les origines probables, sans omettre le stress.