Une agricultrice des Hauts-de-France face au Premier ministre
Charlotte Vassant, agricultrice dans l’Aisne et élue syndicale,
a rencontré le Premier ministre, Jean Castex, le 14 juillet à Paris.
Une rencontre qui a permis d’aborder deux thèmes : la souveraineté alimentaire et le glyphosate. Charlotte Vassant, secrétaire générale de l’Union des syndicats agricoles de l’Aisne (USAA), administratrice de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) et de la FRSEA Hauts-de-France, a rencontré le Premier ministre, Jean Castex, le 14 juillet à Paris. Elle a en effet été retenue par le quotidien Le Parisien pour faire partie d’un panel chargé de poser des questions au chef du gouvernement. Les autres participants étaient une infirmière, un chef d’entreprise, un professeur des écoles, un futur retraité (au 1er août) et un salarié d’Alstom. L’entretien a eu lieu à l’Hôtel de Matignon. «C’est la première fois que j’y allais. C’est toujours impressionnant, mais j’étais là pour avoir un débat franc sur l’agriculture. Je suis arrivée avec six-sept questions. Trois ont été retenues. Mais compte tenu du temps qui nous était imparti, je n’ai pu en poser que deux», a-t-elle confié.
Compétitivité des exploitations
Sa première question a porté sur la souveraineté alimentaire. Elle a rappelé que les agriculteurs ont redoublé d’activité pendant la période de confinement : ils ont produit de la farine «à 200 %», ils ont «développé les circuits-courts à 300 %», ils ont pu, avec l’aide du secteur agroalimentaire, fournir du gel hydroalcoolique. «Mais ce temps semble terminé. Nous importons maintenant de la farine d’Allemagne, les grandes enseignes qui nous ont soutenus, semblent avoir repris leurs anciennes habitudes», a-t-elle insisté auprès du Premier ministre. Elle lui a demandé comment il comptait améliorer la compétitivité des exploitations françaises avec un coup de la main-d’œuvre le plus cher d’Europe et comment il allait faire respecter l’article 44 de la loi Egalim avec l’importation de produits qui ne respectent pas les mêmes normes qu’en Europe et qu’en France.
Valeur économique
«Le plan de relance tient compte de l’agriculture et de l’agroalimentaire qui en sont des composantes à part entière» a, en substance, répondu le Premier ministre à Charlotte Vassant. Il envisage de supprimer une grande partie des impôts à la production pour permettre au secteur agricole et agroalimentaire de «regagner en compétitivité».
Financer les «projets porteurs de croissance»
Interrogé à ce sujet par la secrétaire générale sur les biocarburants, il lui a répondu qu’il aborderait le sujet lors de sa Déclaration de politique générale (lire encadré ci-dessous). Selon Charlotte Vassant, le Premier ministre souhaite axer sa politique de reconquête de l’économie et des territoires à travers notamment, les énergies renouvelables, le «manger local», les circuits courts, la protection de l’environnement et la revitalisation des centres-villes. «Je souhaite que l’agriculture retrouve sa vraie valeur économique», a-t-il affirmé aux membres du panel. Des mesures concrètes pourraient prochainement voir le jour, comme l’abaissement des charges pour premier emploi dont le salaire serait inférieur à 1,6 Smic, ou comme l’incitation à la formation par l’apprentissage.
Retour à la charrue ?
La deuxième question de Charlotte Vassant a porté sur le glyphosate dont l’interdiction pose aujourd’hui de nombreux problèmes sur le rendement des cultures et, par conséquent, sur le revenu des agriculteurs. Selon elle, le Premier ministre s’inscrirait plutôt dans une optique de retour à la charrue préconisée par l’Inrae car les agriculteurs utilisant le labour systématiquement seraient les plus à même de se passer de glyphosate à moindre frais, avec un surcoût de 1 €/ha. Mais Jean Castex a quelque peu éludé la question et Charlotte Vassant a avoué être restée sur sa faim. L’agricultrice aurait bien aimé poursuivre cet entretien, notamment en posant sa dernière question sur l’agribashing. Malheureusement, le temps imparti pour le panel était écoulé et le Premier ministre, appelé pour d’autres obligations, a dû mettre fin à l’entretien. «Cette rencontre reste toutefois un moment privilégié. Ce n’est pas tous les jours que nous discutons avec le Premier ministre et que nous pouvons dire notre façon de penser», a conclu Charlotte Vassant.
Jean Castex veut accélérer l’investissement agricole
«Tous les investissements dans les filières agricoles seront accélérés, afin de développer une alimentation de qualité, locale, accessible dans toutes les villes et villages de France. Pour lutter contre l’artificialisation des sols, promouvoir les circuits courts et les petits commerces, nous mettrons en place un moratoire pour l’installation de nouveaux projets de centres commerciaux dans les zones périurbaines», a déclaré le Premier ministre, Jean Castex, le 15 juillet, à l’Assemblée nationale, lors de sa déclaration de politique générale. Souhaitant faire de l’économie française «la plus décarbonée d’Europe», il considère que «l’écologie, c’est notre affaire à tous. Elle doit être créatrice de richesses : je crois en la croissance écologique, pas à la décroissance verte», a-t-il martelé. Sur les 100 milliards d’euros du plan de relance, 20 milliards d’euros devraient être affectés «à produire une alimentation plus locale et durable» et à «soutenir les technologies vertes de demain comme les batteries, pour mieux recycler et moins gaspiller», a-t-il dit.
Gouvernement : qui sont les nouveaux secrétaires d’Etat à la biodiversité et à la ruralité ?
Pas moins de onze secrétaires d’État ont été nommés dimanche 26 juillet par le gouvernement Castex. Parmi eux, Bérangère Abba, 43 ans, qui s’occupera auprès de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, du dossier de la biodiversité. Députée de la Haute-Marne, Bérangère Abba a commencé sa carrière politique comme conseillère municipale à Chaumont en 2014, sur la liste divers droite de Cyril de Rouvre. En février 2019, elle a été nommée déléguée nationale de LREM à la Transition écologique. Adhérente de la Coordination nationale des collectifs contre l’enfouissement des déchets radioactifs (CEDRA), une association antinucléaire, elle a été désignée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) comme représentante du Parlement au conseil d’administration de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
Joël Giraud, 60 ans, a été nommé secrétaire d’État en charge de la Ruralité dans le gouvernement de Jean Castex. Il épaulera sa ministre de tutelle, Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Joël Giraud, 60 ans, est né à Gap (Hautes-Alpes). Membre du parti radical de gauche, il était, depuis 2002, député de la 2e circonscription des Hautes-Alpes. Il avait été réélu en 2017 avec la double investiture de la République en Marche et du Parti radical. Joël Giraud, qui a été maire de l’Argentière-la Bessée (2 300 habitants), commune située dans le Parc des Ecrins, a été conseiller régional de mars 2004 à mars 2014, et vice-président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’Association des maires ruraux de France (AMRF) s’est félicitée de cette nomination.