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Une aide pour régénérer les prairies des Hauts-de-France

La Région a voté, le 19 novembre, une aide structurelle à la régénération des prairies, à destination de l’ensemble des éleveurs des Hauts-de-France. Objectif : préserver l’élevage herbager régional.

«Rénover sa prairie, c’est bien, mais pérenniser la rénovation, c’est mieux ! L’herbe se cultive», prévient Claire Leroy, de la CA80.
«Rénover sa prairie, c’est bien, mais pérenniser la rénovation, c’est mieux ! L’herbe se cultive», prévient Claire Leroy, de la CA80.
© Arvalis



2020 n’aura pas été une année propice à l’herbe. «La pousse de l’herbe 2020 a été bien inférieure aux années précédentes, et cela, dès le printemps, analyse Claire Leroy, ingénieure à la Chambre d’agriculture de la Somme. Des épisodes venteux et frais ont sensibilisé la pousse, puis les fortes chaleurs et le manque d’eau ont fait grillé l’herbe cet été et ont pénalisé les repousses d’automne.»
Pour certains éleveurs, les conséquences sont telles qu’il faut envisager une rénovation totale ou un sursemis, «en fonction de l’état du couvert, de la surface d’espace vide et de la part de bonne graminée». Pour cela, la Région Hauts-de-France propose une aide structurelle à la régénération des prairies, à destination de l’ensemble des éleveurs des Hauts-de-France.
«Première mesure du Plan agroécologie régional lancé en octobre dernier, cette aide permet d’accompagner les éleveurs de toute la région en prenant en charge 40 % du coût d’achat des semences destinées à resemer leurs prairies endommagées par la sécheresse», détaille la région. Cette aide pourra aller jusqu’à 50 % pour une exploitation bio ou un jeune agriculteur. Elle est plafonnée à 2 500 € par demandeur et est assortie à une obligation de conseil pour l’éleveur, qui devra attester d’un conseil spécifique à l’opération. Ce dernier sera également majoritairement pris en charge par la Région dans le cadre des conseils financés par le Programme régional pour l’élevage. Le dépôt des dossiers est à faire via la plateforme Galis.

Quelle méthode ?
Concrètement, deux périodes, au printemps ou fin d’été, sont propices au sur-semis. «La fin d’été est à privilégier car la végétation en place pousse moins vite qu’au printemps, et elle est moins concurrentielle pour les jeunes plantules. Le nombre de jours disponibles pour sursemer est également non limitant», précise Claire Leroy. Il doit cependant être réalisé avant fin septembre pour ne pas faire risquer le gel aux plantules de trèfle qui doivent avoir trois feuilles vraies (soit neuf au total).
Concernant la méthode, la végétation doit être rase avec une hauteur inférieure à 5 cm. Envisagez le passage du broyeur ou le pâturage des animaux si ce n’est pas le cas. «Pour un bon sursemis, il faut donc ouvrir le sol avec une herse afin de créer des espaces vides», précise l’experte. Semer dans le premier centimètre du sol. Il est possible d’utiliser un semoir spécifique ou le semoir à céréales en prenant la précaution de relever les socs. Sinon, repousser les descentes afin de réaliser un semis à la volée. La dose de semis en bonnes conditions est de 20 à 25 kg/ha et 25 à 30 kg/ha en sols très humides. Il est impératif d’appuyer le semis avec un rouleau type cultipaker, crosskill ou cambridge pour une bonne efficacité. Enfin, afin de favoriser la nouvelle flore, il est conseillé de ne pas fertiliser l’année du semis (tant que la jeune flore n’est pas visible).
Parmi les facteurs de réussite, notez la chaleur et l’humidité, la pluie qui favorise le contact entre la terre et la graine, l’accès à la lumière pour les premières feuilles, et la maîtrise de la compétition entre les plantules et les espèces déjà présentes. «Le choix des espèces est également gage de réussite.» Préférer les espèces rapides d’installation, comme le ray grass anglais et les trèfles blancs.
Claire Leroy suggère également d’essayer des plantes plus adaptées au manque d’eau. «La chicorée peut faire son entrée sous conditions : que la parcelle ne soit jamais fauchée, qu’elle puisse être pâturée tous les quinze jours, pouvoir surexploiter la chicorée, et semer au maximum 1,5 à 2 kg/ha.» En sursemis d’automne, des espèces plus longues d’implantation de type dactyle ou fétuque peuvent aussi être envisagées, mais toujours en mélange, avec des ray grass et trèfles blancs, par exemple. Pour une rénovation totale, le principe est le même : «détruire le couvert en place avec du labour ou travail superficiel, préparer un bon lit de semence, semer 1 cm, appuyer le sol après le semis.» Quant au coût ? Il peut se situer entre 200 et 250 €/ha (semences, matériel et main-d’œuvre).
Claire Leroy insiste cependant : «rénover sa prairie, c’est bien, mais cela ne s’improvise pas. Les conseillers de la Chambre d’agriculture de la Somme sont là pour vous guider dans le choix de la méthode et des espèces à implanter. De plus, il faut pérenniser la rénovation par une bonne exploitation des prairies (chargement, fumure, entretien) afin d’obtenir une productivité intéressante et maintenir la qualité de la flore. L’herbe, cela se cultive.»


D’autres aides possibles

Pour les investissements en matériels de mécanisation, bâtiment de stockage de fourrage, implantation de haies ou d’infrastructures arborées en lien avec le projet (PCAE, Pass’agri filières, aide à l’agroforesterie...), les éleveurs peuvent également se tourner vers les dispositifs existants et disponibles sur le site https://guide-aides.hautsdefrance.fr

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